La guerre commerciale a commencé: Trump "pas pressé" de parler avec Xi

Le président américain Donald Trump a affirmé mardi "ne pas être pressé" de s'entretenir avec son homologue chinois Xi Jinping, au premier jour de la guerre des droits de douane entre les...

 © Daphné LEMELIN
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Le président américain Donald Trump a affirmé mardi "ne pas être pressé" de s'entretenir avec son homologue chinois Xi Jinping, au premier jour de la guerre des droits de douane entre les deux poids lourds de l'économie mondiale. 

"Je lui parlerai le moment venu. Je ne suis pas pressé", a déclaré Donald Trump à des journalistes depuis la Maison Blanche.

"Nous nous en sortirons très bien face à la Chine comme face à tous les autres pays", a-t-il assuré, ajoutant que les Etats-Unis "étaient à nouveau respectés".

Visé à partir de minuit par 10% de droits de douane additionnels sur toutes ses exportations vers les Etats-Unis, Pékin a immédiatement répliqué mardi en promettant de relever les barrières douanières sur une série de produits américains.

La Chine prévoit d'imposer à partir du 10 février des droits de douane de 15% sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié (GNL) américains.

Des taxes douanières de 10% seront par ailleurs appliquées aux importations de pétrole et à d'autres catégories de biens venant des Etats-Unis: machines agricoles, véhicules de sport de grosse cylindrée et camionnettes.

Dans ce contexte, les services postaux américains (USPS) ont annoncé dans un communiqué mardi qu'ils n'accepteraient plus "temporairement" et "jusqu'à nouvel ordre" les colis en provenance de Chine et de Hong Kong, sans donner de raison, les simples lettres n'étant toutefois "pas affectées".

Les actions d'entreprises chinoises de e-commerce ont immédiatement trébuché à la Bourse de Hong Kong. La décision de l'USPS pourrait bloquer les livraisons d'applications ultra populaires comme Shein et Temu. Les articles de petite valeur étaient jusqu'à présent épargnés par les droits de douane.

Faites confiance à Trump

Les exportations du Mexique et du Canada vers les Etats-Unis devaient aussi initialement se voir infliger des droits de douane (de 25%) à compter de mardi. Mais Donald Trump leur a accordé lundi un délai de grâce d'un mois après avoir reçu des engagements sur le renforcement de la sécurité aux frontières.

Donald Trump présente ces droits de douane comme une réponse à l'afflux de clandestins et de drogues aux Etats-Unis. Il dénonce le manque de contrôle aux frontières, accuse la Chine de passivité face à la production sur son sol de précurseurs chimiques du fentanyl, un opioïde de synthèse meurtrier qui fait des ravages aux Etats-Unis.

Ces taxes promulguées par Donald Trump "ne font rien pour résoudre les problèmes propres (aux Etats-Unis) et perturbent la coopération économique et commerciale" entre les deux pays, a affirmé le ministère chinois des Finances.

La Chine a également ouvert une enquête antimonopole contre le géant technologique américain Google et annoncé avoir placé plusieurs sociétés américaines sur sa liste d'"entités peu fiables".

De nombreux experts estiment que le relèvement des droits de douane, s'il perdure, se traduira par des hausses de prix pour les Américains, alors que la reconquête du pouvoir d'achat était au coeur de la campagne de Donald Trump.

Interrogé sur les répercussions pour les ménages et les entreprises, le conseiller au commerce et à l'industrie du président, Peter Navarro, a répondu "faites confiance à Donald Trump", lors d'un événement organisé mardi par le média Politico.

Quatre ans d'incertitude

Le président américain, qui a déclaré à de nombreuses reprises que "tariff" (droit de douane) était l'un des plus beaux mots du dictionnaire, reconnaît volontiers les utiliser comme levier pour obtenir des "deals" avec les pays visés.

Le Mexique s'est engagé à envoyer 10.000 soldats supplémentaires à la frontière avec les Etats-Unis afin de lutter contre l'immigration illégale. Leur déploiement a débuté mardi, selon la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.

Le Canada a, lui, promis de nommer un responsable entièrement dédié à la lutte contre le trafic de fentanyl, de lancer une force d'intervention conjointe avec les Etats-Unis contre le crime organisé et d'inscrire les cartels mexicains sur sa liste des organisations terroristes.

Du côté canadien de la frontière, le délai d'un mois a été accueilli comme un répit bienvenu, mais très fragile.

"Je ne pense pas qu'on pourra se sentir tranquilles pendant un moment, on va rester quatre ans dans l'incertitude", jusqu'à la fin du mandat de Donald Trump, a dit à l'AFP Krysten Lawton, salariée d'une usine du constructeur automobile Ford.

Le Mexique, le Canada et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.

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