Travaux Publics

La FTP Lorraine en assises pour tenter de naviguer à l’aveugle

La Fédération des travaux publics Lorraine vient de tenir ses assises annuelles à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson le 16 juin. La guerre en Ukraine et ses dommages collatéraux étaient au centre des débats. Le secteur peut survivre, reste à savoir comment ?

«Nous sommes aujourd’hui à une croisée des chemins avec un effet double lame que personne n’aurait osé imaginer dans ses pires cauchemars il y a encore six mois», assure Thierry Ledrich, le président de la FTP Lorraine.
«Nous sommes aujourd’hui à une croisée des chemins avec un effet double lame que personne n’aurait osé imaginer dans ses pires cauchemars il y a encore six mois», assure Thierry Ledrich, le président de la FTP Lorraine.

«L’entrepreneur en travaux publics est aujourd’hui totalement perdu !» Dans son discours d’introduction des assises annuelles de sa fédération (le 16 juin dernier à l’Abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson), Thierry Ledrich, le président de la Fédération des travaux publics Lorraine a le mérite d’être clair : le secteur est totalement dans le brouillard (comme bon nombre aujourd’hui). «Faut-il continuer à embaucher et à investir pour l’avenir, pour être prêt pour la transition écologique, comme on ne cesse de nous l’expliquer ou faut-il se préparer à un ralentissement éventuellement accompagné de licenciements et de désinvestissement, car la priorité budgétaire va bientôt changer de camp», s’interroge le président de la FTP Lorraine, en visio (Covid oblige, et oui il est encore là) devant ses troupes aujourd’hui dans l’expectative la plus totale. «De mon expérience, je crois que jamais, le spectre du champ des possibles n’a été aussi large avec des scenarii aussi opposés. Je crois que nous sommes aujourd’hui à une croisée des chemins comme on n’en vit qu’une pendant sa carrière, avec un effet double lame que personne n’aurait osé imaginer dans ses pires cauchemars il y a encore six mois.» Un constat partagé et corroboré à l’occasion de ses assises annuelles par la divulgation d’une enquête de la CERC (Cellule économique régionale de la construction) Grand Est datée du 3 juin.


Dégradation de la trésorerie

«Les entreprises abordent avec prudence et visibilité réduite l’évolution de leur activité à venir. Les inquiétudes quant au deuxième semestre 2022 et le premier semestre 2023 sont grandissantes», peut-on lire dans cette enquête. Dans le secteur spécifique des Travaux Publics, six entreprises sur dix déclarent ressentir un impact fort sur leur activité. «L’approvisionnement difficile de la quasi-totalité des entreprises conduit à des perturbations sur les chantiers pour plus de la moitié des répondants. Les difficultés rencontrées pour réévaluer les prix de leurs contrats en cours sont d’autant plus importantes pour les entreprises de travaux publics», peut-on lire dans cette enquête. Si les niveaux de trésorerie et les carnets de commandes sont jugés, actuellement comme «normaux», la dégradation importante de la trésorerie sur les derniers mois combinée aux faibles perspectives de commandes futures commence fortement à noircir le tableau. Conséquence directe : dans le secteur des travaux publics dans la région, plus de la moitié des entreprises (53 %) jugent l’activité future comme inquiétante et 16 % sont inquiètent pour la pérennité de leur activité. Ambiance ! «La guerre en Ukraine a créé une crise majeure de l’offre où le maître-mot est pénurie : pénurie des matières premières, de l’énergie, de la main-d’œuvre. Mais comme cela ne suffisait pas, il s’avère que notre secteur spécifique des TP souffre en plus d’une crise concomitante de la demande où les donneurs d’ordre hésitent à passer commandes», continue Thierry Ledrich. Une donne qui devrait continuer à s’accentuer à en croire la CERC Grand Est. «Plus de six donneurs d’ordre sur dix déclarent remettre en cause la réalisation de leurs projets futurs, ce qui vient corroborer les inquiétudes des entreprises du secteur quant aux perspectives incertaines de la réalisation de nouveaux marchés. Les derniers indicateurs sur la Commande publique dans la région étaient plutôt positifs, toutefois on peut s’attendre à une dégradation des appels d’offres sur les prochains mois.» Aujourd’hui, 71 % des entreprises TP de la région rencontrent des difficultés pour réviser le prix de leurs contrats dans les marchés publics. À part cela, tout va bien...

De la stratégie militaire...

«La stratégie militaire est et reste un fondamental de la coordination à haut niveau des axes permettant de gérer une crise», assure Thierry Ledrich, le président de la Fédération des travaux publics Lorraine. On comprend mieux l’intervention (en visio) de Pierre Servent, journaliste et expert en stratégie militaire lors des assises de cette fédération le 16 juin et des bons conseils du général Xavier Culot, général adjoint à l’officier général de zone de défense et de sécurité Grand Est, pour comment se préparer à l’avenir ?