La France n'acceptera plus de nouveaux "imams détachés" à partir du 1er janvier

C'était l'une des promesses d'Emmanuel Macron pour lutter contre le "séparatisme" lors de son discours des Mureaux (Yvelines): la France n'acceptera plus de nouveaux imams "détachés", c'est-à-dire envoyés par d'autres pays...

Kalilou Sylla (à gauche), l'imam de la Grande Mosquée de Strasbourg, donne un cours visant à former les étudiants à la pratique de l'islam en France, le 11 novembre 2023, à Strasbourg © PATRICK HERTZOG
Kalilou Sylla (à gauche), l'imam de la Grande Mosquée de Strasbourg, donne un cours visant à former les étudiants à la pratique de l'islam en France, le 11 novembre 2023, à Strasbourg © PATRICK HERTZOG

C'était l'une des promesses d'Emmanuel Macron pour lutter contre le "séparatisme" lors de son discours des Mureaux (Yvelines): la France n'acceptera plus de nouveaux imams "détachés", c'est-à-dire envoyés par d'autres pays, à partir du 1er janvier 2024. 

Début 2020, Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de mettre fin à l'accueil des quelque 300 imams envoyés par divers pays (Algérie, Turquie, Maroc...), et d'augmenter en parallèle le nombre d'imams formés en France. "Nous travaillons sur la fin des imams détachés en 2024", avait précisé le ministre de l'Intérieur d'alors, Christophe Castaner.

Rappelant ce "préavis" de trois ans, pour laisser aux mosquées et Etats le temps de s'organiser, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin insiste vendredi sur le calendrier: la décision "s'appliquera effectivement à compter du 1er janvier 2024" dans une lettre aux pays concernés que l'AFP a pu consulter.

Cela signifie concrètement qu'à partir de cette date la France "n'acceptera plus de nouveaux imams détachés".

Après le 1er avril 2024, les imams détachés encore présents sur le territoire ne pourront s'y maintenir "sous ce statut", ajoute le ministre dans ce courrier.

Pour ceux qui sont déjà sur place, il faudra qu'ils changent de statut: à compter du 1er avril, un "cadre spécifique" sera mis en place pour permettre aux associations gestionnaires de lieux de culte de recruter elles-mêmes des imams, qu'elles salarieront directement.

Le but n'est pas d'empêcher des imams étrangers de prêcher en France, mais de s'assurer qu'aucun n'est payé par un Etat étranger dont il serait fonctionnaire ou agent public.

En revanche, la venue d'"imams du ramadan", ces quelque 300 psalmodieurs et récitateurs qui se rendent en France pendant le mois béni pour les musulmans, n'est elle "pas remise en cause", selon cette missive. 

Parallèlement, l'accent est mis sur la nécessité qu'une "part croissante" des imams officiant sur le territoire soient, "au moins partiellement, formés en France".

Cela suppose de développer les formations et l'Etat se veut "attentif" à ce qu'une offre "respectueuse des lois et principes de la République" s'étoffe rapidement.

Une 2e session du Forif programmée

Au-delà des formations culturelles, il s'agit aussi de soutenir l'accès des imams à des formations universitaires, comme celles lancées en 2023 par l'institut français d'islamologie par exemple.

Interrogé par l'AFP, Mohammed Moussaoui, président de l'Union des mosquées de France (UMF) estime, côté marocain, ne plus être concerné depuis 2021 par la mesure annoncé par M. Darmanin. 

Selon lui, les 27 imams marocains détachés ont été embauchés par des associations de l'UMF et ne touchent plus de financements de Rabat. 

Le nombre d'imams détachés algériens est estimé lui à 120. 

Décidé à lutter contre le "séparatisme islamiste", Emmanuel Macron avait annoncé en février 2020 une série de mesures contre les "influences étrangères" sur l'islam en France, allant des imams détachés au financement des mosquées.

Pour mieux organiser le culte musulman, un Forum de l'islam de France (Forif) avait également été lancé en février 2022, avec des acteurs de terrain censés mieux représenter la deuxième religion du pays. Mais cette instance peine à s'imposer dans le paysage fragmenté de l'islam en France.

Une deuxième session annuelle du Forif doit cependant être programmée dans les "prochaines semaines", a-t-on appris auprès du ministère de l'Intérieur.  

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