La formation dentelle en route vers le Musée

C'est une activité de formation qui a été confiée à la municipalité de Calais. Le centre de formation aux métiers de la dentelle - l'ex-institut Jacquard - forme toujours des extirpeurs qui extraient le fil des bobines, des wheeleurs qui les remplissent, des presseurs qui s'assurent de l'épaisseur des bobines, des remonteurs qui les rangent dans le métier, des wappeurs qui placent les rouleaux, des raccommodeuses… Toute une série de savoir-faire qui cherchent à perdurer malgré un contexte difficile pour la profession.

« Apprentissage dans l'atelier de l'institut Jacquard à Calais ».
« Apprentissage dans l'atelier de l'institut Jacquard à Calais ».
CAPresse 2016

Visite de Vincent Caron, sous-préfet de Calais, au CFA municipal, section dentelle.

 

A l’Institut Jacquard, dans le vieux bâtiment qu’un abbé, début XXe, avait cédé à la chambre syndicale des fabricants, certains métiers tournent encore… Ils sont huit, dont quelques-uns témoignent de la fermeture de Peters & Perrin ou encore d’Auber dans les années 90. “On a des 9 pts, des 10 pts et des 7 pts”, égrène le professeur. De quoi apprendre à se familiariser avec ces machines de plusieurs tonnes. Pour cette année scolaire, onze élèves sont en première, deux sont actuellement en terminale. Dans les ateliers, le sous-préfet s’informe : “Vous formez des Caudrésiens aussi ?“Non, à Caudry, ils forment en contrat d’apprentissage en interne, répond André Lassale, proviseur du lycée du Détroit dont dépendent les formations de l’Institut Jacquard. Mais on pourrait les accueillir, nous avons des dortoirs.” Il existait en effet un centre de formation à Caudry qui a fini par fermer faute de formations suffisantes pour être lissées sur une année scolaire. Depuis, on forme “confidentiellement” à Caudry et les débauchages restent rares entre les entreprises. A Calais, l’Institut dépendait de la chambre syndicale devenue le Groupe Calais dentelles. Ce dernier a vendu en janvier dernier le bâtiment à la Ville après des années de négociations…

CAPressee 2016

Apprentissage dans l'atelier de l'Institut Jacquard à Calais.

Cinq entreprises dans un mini plan de recrutement… Trop vieux et aujourd’hui mal adapté pour respecter les normes d’un Equipement recevant du public (ERP), le centre de formation est destiné à changer de site. “Il est surdimensionné pour les formations“, explique Patrick Gheerardyn, secrétaire général du Groupe Calais dentelle. Il y a quatre ans, la municipalité a acheté la boutique Noyon qui périclitait. Ce bâtiment, contigu à la Cité internationale de la dentelle et de la mode, sera rénové et accueillera les prochaines promotion. Le Contrat de territoire du Calaisis doit d’ailleurs drainer des subventions sur ce dossier et deux millions d’euros sont destinés à la dentelle. Pour assurer le renouvellement des savoir-faire dans un contexte où la plupart des fabricants perdent de l’argent, l’enjeu est primordial, quoique complexe. “Nous avons des prévisions d’embauche de cinq personnes par an pendant cinq ans“, indique le proviseur. Les dentelliers Storme, Noyon, Riechers et Marescot (Groupe caudrésien Holesco), Codentel (idem) et Desseilles s’étaient engagés dans ce programme, soutenant ainsi la poursuite de l’Institut, alors menacé. Aujourd’hui, celui-ci forme des personnes polyvalentes. L’antique convention collective des métiers de la dentelle qui compartimentait les métiers n’est plus de mise dans les entreprises. Le Chinois Yongsheng, repreneur de Desseilles, a dit qu’il soutiendrait la formation aux métiers. On attend le soutien des Calaisiens et des Caudrésiens…