La dynamique du bio se poursuit dans la crise

Durant la pandémie, les ménages ont accru leur consommation de produits bio à la maison, pour un marché global qui dépasse les 13 milliards d'euros en France, en 2020, d'après l'Agence Bio. Et la production suit, avec l'arrivée de nouveaux agriculteurs.

Au total, en 2020, le marché des produits bio (alimentaire) a cru de 10,4 % pour atteindre 13,2 milliards d'euros, d’après l'Agence Bio, plateforme chargée du développement, de la promotion et de la structuration de l’agriculture biologique française.
Au total, en 2020, le marché des produits bio (alimentaire) a cru de 10,4 % pour atteindre 13,2 milliards d'euros, d’après l'Agence Bio, plateforme chargée du développement, de la promotion et de la structuration de l’agriculture biologique française.

En dépit d'une année compliquée, la croissance ne mollit pas. Le 9 juillet, l'Agence Bio, plateforme chargée du développement, de la promotion et de la structuration de l’agriculture biologique française, a annoncé les résultats de son baromètre 2021 de consommation et perception des produits biologiques en France. Au total, en 2020, le marché des produits bio (alimentaire) a cru de 10,4 % pour atteindre 13,2 milliards d'euros. «Le bio est rentré dans le quotidien des Français», constate Laure Verdeau, directrice de l'Agence Bio. Sur fond d'écroulement généralisé de la restauration collective, la dynamique a été portée par la consommation des ménages. En 2020, le bio a représenté 6,5 % de leurs dépenses alimentaires (188 euros, en moyenne). Les best-sellers demeurent des produits de base, fruits et légumes frais, crèmerie et épicerie. Toutefois, deux catégories encore modestes ont connu des «performances remarquables», pointe Laure Verdeau : en tête, les bières (+ 33 % par rapport à 2019), et les produits surgelés déjà préparés, comme les pizzas ou les glaces (+ 30 %). Autre tendance née de la crise, en matière de distribution, «les cartes ont été un peu rabattues», explique Laure Verdeau. Certes, la grande distribution demeure le premier circuit de distribution du bio, avec 55 % des parts de marché. Toutefois, «on constate un regain d'intérêt pour les circuits courts.» La part de la vente directe est restée stable (11 %) : l'impact négatif des mesures restrictives (sur les marchés, par exemple), a été compensé par la forte croissance de la vente directe chez les fermiers. Mais les revendeurs qui ont le plus bénéficié de la crise sont les distributeurs spécialisés bio, une catégorie où les chaînes gagnent du terrain au détriment des indépendants.


La «frontière» de la restauration commerciale

Fait notable, l'an dernier, le taux d'importation de produits bio est resté stable. Il s'élève à 33,5 % en 2020, contre 33,1 % l'année précédente. «Nous mettons une offre nationale face à la demande. Certaines filières sont à l'équilibre», constate Laure Verdeau. Par exemple, pour les œufs, les produits laitiers, le lait et la viande fraîche, la production hexagonale suffit quasiment à répondre au marché. La production de légumes assure 78 % des besoins, et les fruits, 41%. Autant de chiffres qui illustrent la dynamique d'une filière qui s'étoffe, et parvient à suivre la croissance de la demande. «Les chiffres sont bons», commente Philippe Henry, président de l'Agence Bio. En 2020, la France compte 53 255 fermes bio, soit 13 % de plus que l'an dernier. Cela représente 12 % des exploitations en France, et 18 % de l'emploi agricole. «L'agriculture bio est plus dense en emplois, lesquels sont répartis partout sur le territoire, dans le monde rural essentiellement», souligne Philippe Henry. Au total, la filière réunit 200 000 emplois dans les fermes, mais aussi dans des PME souvent implantées en milieu rural, ainsi que dans la distribution (en milieu urbain). En termes de SAU, Surface agricole utile en bio, les objectifs du programme gouvernemental «Ambition Bio 2022» qui fixait un seuil de 15 % à cette échéance, sont loin d'être atteints. En 2020, le seuil se limite à 9,5 % : le bio recouvre 2,55 millions hectares de SAU, après une croissance de 12 % l'an dernier. «Il y a une très belle progression. Cela représente quasiment un département qui se convertit en bio chaque année», se réjouit Philippe Henry. Les quelque 600 000 hectares actuellement en «conversion» augurent d'une poursuite de la dynamique. Elle devrait être encouragée par la perspective de nouveaux marchés. En 2019, le bio ne représentait que 6 % environ des produits proposés dans les cantines. Or, la loi Egalim fixe un objectif de 20 % en 2022. En outre, explique Laure Verdeau, le secteur se tourne aussi vers une «nouvelle frontière, la restauration commerciale.»

Le marché européen du bio

Avec 13,2 milliards d'euros, en 2020, la France représente le deuxième marché européen du bio, derrière l'Allemagne (14,99 milliards d'euros). En troisième position, loin derrière, l'Italie avec 4,36 milliards d'euros. Les trois connaissent de fortes croissances.