La digue de Malo-les-Bains attend son «grand projet»

La colère des commerçants de la digue de Malo-les-Bains, à Dunkerque, montait depuis quelques mois. Michel Delebarre a envoyé Danielle Thinon, adjointe chargée du quartier balnéaire dunkerquois, pour les rassurer.

« Les 13 kilomètres de digue vieillissent à Dunkerque ».
« Les 13 kilomètres de digue vieillissent à Dunkerque ».
CAPresse 2013

Les 13 kilomètres de digue vieillissent.

Programmée depuis des semaines, la rencontre avec les commerçants de la plage a duré : trois heures durant, l’adjointe chargée du quartier de Malo-les-Bains et conseillère générale du Nord a bataillé pour maintenir le contact avec des commerçants excédés par les problèmes récurrents qui se posent sur la digue (accès, aménagements, mobilier urbain…). Danielle Thinon a commencé par parler de la signalétique. Après le silence poli de la trentaine de commerçants présents, les langues se sont alors déliées. La Ville s’est d’abord défendue en rappelant qu’elle avait «toujours organisé la concertation avec les commerçants». Attaquée pour cette «réunionite» aiguë «qui nous a épuisés sans donner un résultat» − dixit un commerçant −, Danielle Thinon a avancé le manque de représentativité de l’ancienne association des commerçants. Autour d’elle, les visages se sont étirés et l’émotion a gagné : “Madame Thinon, on est en train de crever ! On en est là !» Un commerçant a rapporté un propos du sénateur-maire de Dunkerque : « Ça fait cinq ans et demi que je me tais. Michel Delebarre m’a dit qu’il y aurait toujours quelqu’un pour reprendre.» Les commerçants exagéraient-ils ? Le problème principal de la plage tient en fait à l’accès et au stationnement, en particulier l’hiver. Voués aux gémonies : les bancs. Accusés de prendre trop de place, ils occupent un espace qui devrait être investi par des clients selon les commerçants. Espace toujours, avec le parking du Kursaal qui reste un objet de convoitise pour les commerçants.

Problèmes d’accès. Pour le problème des barrières qui empêchent la clientèle d’arriver devant les commerces, l’élue a évoqué des problèmes de compétences et d’horaires pour l’équipe chargée d’ouvrir aux voitures. Extrait du dialogue : «Il y a trois personnes chargées d’ouvrir les barrières dans une guérite ; on ne comprends pas comment les gens peuvent être bloqués», protestent les membres de l’association des commerçants de la digue. «Les commerçants ont un badge, a répondu l’édile, mais vous n’avez pas le droit de faire la circulation…» Rire général : «Moi j’ouvre régulièrement quand je vois des clients et je m’en tamponne du reste» (sic). Danielle Thinon a sourit : «On le sait bien et on ne vous a jamais embêtés.»

Désormais, les commerçants ne peuvent plus compter uniquement sur la saison touristique pour équilibrer leur compte. Le reste de l’année, il faut pouvoir tourner. En témoigne la vente des fonds de commerce qui, pour certains, « se sont vendus à 45 000 euros». «Avec nos bilans, on ne peut pas aller voir les banques», s’est plaint un autre. Mais on a aussi entendu des récriminations sur la visibilité : «Vos lampadaires en forme de palmier, ça n’éclaire pas du tout. Côté sécurité, ça n’aide pas !» La technicienne accompagnant Danielle Thinon a reconnu des problèmes techniques sur la lumière.  «Je ferai remonter tout ce que vous m’avez dit», s’est engagé l’élue en récapitulant : les bancs, les places de parking, les barrières…

CAPresse 2013

Réunion animée fin janvier, entre les commerçants et Danielle Thinon, adjointe chargée du quartier balnéaire de Dunkerque.

Un véritable projet balnéaire ? Une voix consulaire s’est alors fait entendre : «Tout cela est très juste mais la digue ne s’en sortira pas sans un grand projet.» Danielle Thinon l’a reconnu volontiers : «On sait bien qu’il nous faudra refaire la digue. Et l’eau monte. Mais je ne suis pas venue avec un projet balnéaire aujourd’hui.» Le dernier projet, qui prend la poussière dans les archives, parle d’un parking souterrain : il faudra cependant plus pour convaincre les commerçants et revivifier la digue en basse saison. Pour l’instant, les professionnels s’accrochent au présent : «Madame Thinon, je peux avoir votre numéro de portable ? a plaisanté un commerçant. Je vous appellerai les week-ends pour vous signaler les problèmes…» Réponse de l’édile : «Notez, Monsieur !» Avant de se séparer, un commerçant a toutefois prévenu : «Enlevez vite ces bancs, sinon on le fera nous-mêmes.»