La crise et la pluie plombent l’été
Les professionnels du tourisme sont unanimes : l’été 2012 est un mauvais cru, en particulier sur la côte picarde. La crise et la météo seraient responsables. Même si l’arrièresaison s’avérait excellente, elle ne permettrait pas de rattraper les pertes enregistrées.
L’été 2012 restera sans nul doute gravé dans les mémoires des professionnels du tourisme comme étant une des saisons les plus médiocres. « Ce n’est pas bon, commente sans détour François Bergez, directeur du Comité départemental du tourisme de la Somme. Tous les secteurs du département sont touchés, en particulier la côte picarde. La fréquentation aurait chuté de 15 à 20 %, au vu de 2011. Nous espérions beaucoup du mois d’août, mais cela ne décolle pas. »
Courts séjours
Si les gîtes ruraux semblent tirer leur épingle du jeu, il n’en serait pas de même pour les campings : les emplacements de passage seraient peu recherchés, ce qui est logique. Laurent Pruvot est le président de la Fédération régionale de l’hôtellerie de plein air. Il confirme le bilan : « Nous souffrons beaucoup depuis juin à cause de la météo. Il y a beaucoup de vent. Quasiment tous les campings sont en baisse sur la clientèle de passage. Cela peut aller jusqu’à 20 % de baisse, ça dépend des équipements et de la commercialisation engagée. Il y aura aussi des chutes dans le locatif. Pour août, on devrait être sur un mois classique. Le phénomène crise s’est encore accéléré cette année. Les gens restent moins longtemps et réclament des prix. »
« Ce qui est perdu est perdu, ajoute François Bergez. Nous sommes une destination de courts séjours, il faut espérer que l’arrière-saison soit bonne. Nous allons bénéficier des retombées que les autres destinations n’auront pas. Les gens morcellent leurs congés. C’est une réalité. Nous avons tout à gagner de l’allongement des vacances de la Toussaint. »
Et pour août ?
« Le mois de juillet a été difficile car beaucoup de gens réservent à la dernière minute, confirme Aurélie Delhaye, directrice de l’office de tourisme de l’Abbevillois. Le secteur des hébergements souffre mais c’est normal car 2011 a été une très bonne année. On sent une reprise pour août. Nous avons lancé des opérations « avantages dernière minute » avec nos hébergeurs. Il y a des retours directs. Nous avons mis en place des courts séjours avec des idées sympas comme des nuitées en roulotte. Au niveau des campings, certains travaillent bien, d’autres moins. Les gens cherchent à dépenser moins. Les comportements sont différents. Il faudra s’y habituer. Les monuments comme Saint-Sépulcre et Saint-Vulfran sont toujours aussi fréquentés. Nous proposons des visites guidées gratuites de dernière minute qui marchent très bien. » Les lieux de visite couverts n’auraient pourtant pas bénéficié à plein de la météo maussade. « Le musée Picarvie de Saint- Valéry se maintient mais les chiffres de la Maison de l’oiseau à Lanchères sont en deçà. Nous estimons la baisse à 20 %. Il y a moins de touristes sur le trait de côte. Pour le moment, août reste correct », ajoute à son tour Yvan Jacquemin, adjoint à la direction de Picarvie et à la Maison de l’oiseau.
« C’est triste, confie Thierry Dupré, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Somme et cogérant du Relais Guillaume à Saint- Valéry-sur-Somme. Il y a des clients, et la consommation ne suit pas. La fréquentation de l’hôtel ça va mais pas celle du restaurant. Les gens font attention à leur portemonnaie. Ils sont pessimistes. La crise, on est en plein dedans. Nous sommes tous au même niveau. L’arrière-saison ne rattrapera pas ce qui est perdu. » 2012 restera donc une année pas comme les autres.