La CRESS Hauts-de-France fait son Printemps de l’ESS

«Agissons ensemble pour le renouveau de l’ESS». Une thématique ambitieuse pour un Printemps de l’ESS en Hauts-de-France 2021 version dématérialisée. Les acteurs de l’économie sociale et solidaires venus témoigner ce 13 avril de leur expérience ont en tout cas montré la résilience et la capacité d’adaptation d’un secteur qui pèse dans l’économie régionale et que les services de l’État de la région soutiennent.

© Sensvector
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«Nous vivons une période de transition difficile pour beaucoup d’acteurs économiques, dont ceux de l’ESS. L’État continue de soutenir massivement les structures et entreprises, et j’ai envie de croire à la capacité de l’ESS à se saisir pleinement des opportunités qui s’offriront en sortie de crise», a dit, en ouverture de ce Printemps, Laurent Buchaillat, secrétaire général pour les affaires régionales à la préfecture Hauts-de-France

«La crise que nous traversons nécessite de prendre le pouls de la situation régulièrement, pour notamment déterminer si les différentes mesures prises par la Région depuis le début sont adaptées aux besoins des structures», a expliqué de son côté Faustine Maliar, conseillère régionale déléguée à l’économie et à la solidarité, qui a, elle aussi, salué la résilience des entreprises de l’ESS, leur capacité d’adaptation et leur volonté à aller de l’avant.

«Il faut évidemment rester mobilisés, nous sommes encore aujourd’hui en mode guerrier, je crois au bon sens et à la coopération pour aller de l’avant. La période est tellement compliquée et incertaine que nous nous devons de tenir nos engagements. Le mot d’ordre, c’est la coconstruction sur le long terme, autour d’un projet qui fait sens», a ajouté Peggy Robert, présidente de la Chambre régionale de l’ESS (Cress) Hauts-de-France, pour qui l’ESS est au cœur de «ce renouveau possible», avec dans sa manche, pour y parvenir, de nombreux atouts comme sa faculté à aller de l’avant, sa résistance face à l’adversité et ses prises d’initiatives malgré un contexte économique difficile.

Ce Printemps se voulait pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire un nouveau point d’étape, d’un dialogue entamé en novembre dernier avec la conférence régionale de l’ESS en Hauts-de-France qui avait réuni 300 participants.

«L’ESS est un secteur qui nous a tous aidés à vivre les confinements, a noté Laurent Buchaillat. L’économie sociale et solidaire met l’humain et les échanges au cœur de son action. Cette période est évidemment totalement antinomique avec son ADN, mais elle est suffisamment solide pour la traverser et la transformer en expérience utile pour le rebond à venir.» Un secteur essentiel que les pouvoirs publics ont donc activement soutenu durant cette crise sanitaire.

La force de l’ESS : sa capacité d’adaptation

Plusieurs témoins se sont succédés pour témoigner de cette résilience et de cette capacité d’adaptation unanimement saluée par les pouvoirs publics. Parmi eux, Jean Dubois, à la tête de la Scop JDubois horticulteur à Béthune, qui se définit comme artisan du végétal et acteur du local. «Nous transformer en Scop nous a permis de rassembler nos différentes activités – production de fleurs et légumes bio, réalisation de jardins et conseils, accueil pédagogique et point de retrait de produits locaux», explique Jean Dubois, qui a repris l’entreprise familiale créée par son père en 1958, ainsi devenue la première Scop à vocation agricole des Hauts-de-France.

«L’agriculture traditionnelle a besoin d’un nouvel élan et l’ESS peut être une solution pour le lui donner», sourit Jean Dubois, dont l’entreprise labellisée bio est située en plein cœur de Béthune, preuve s’il en est que l’agriculture urbaine est viable.

Si l’accueil des scolaires a été largement ralenti en raison des restrictions sanitaires, l’activité circuits courts a elle pris de l’ampleur, permettant à Jean Dubois de résister face à la crise. «Nous avons vraiment été stupéfait, dans le bon sens, de l’accompagnement et du soutien, qu’il soit moral ou financier, prodigués par les acteurs économiques et politiques. Ça nous a vraiment aidé dans des moments parfois difficiles», reconnaît Jean Dubois.

L’association Les Ateliers de la citoyenneté à Calais emploie une centaine de salariés dont 16 permanents. © Aletheia-MR

La coopération pour revitaliser les territoires

Deuxième témoignage, celui de Xavier Retaux, directeur de l’association Les Ateliers de la citoyenneté à Calais. L’atelier-chantier d’insertion, qui emploie une centaine de salariés – dont 16 permanents –, est spécialisé dans quatre domaines de compétences : gros œuvre et second œuvre du bâtiment (hors électricité et couverture), menuiserie ossature bois, restauration hors foyer et métiers de l’image et de la communication. 

«Nous avons bénéficié d’un accompagnement de la région via le dispositif Acte (Accélérateur de coopération territoriale économique), lorsque nous avons décidé de nous lancer dans une démarche de pôle territorial de coopération économique (PTCE)», a détaillé Xavier Retaux. À l’origine de cette démarche, la création en 2018 d’une ferme urbaine en centre-ville (en partenariat avec la Ville), dont une partie du chantier a été confiée à trois structures d’insertion. Le projet s’est élargi pour mettre sur pied un pôle ESS, avec un fil rouge : dans quelle mesure peut-il participer à la politique locale de revitalisation de son centre-ville. 

Un exemple de coopération réussie entre le secteur privé et l’ESS, qui a perduré via un programme d’actions, dont la plus emblématique est sans doute la marketplace "Mon shopping, c’est Calais" (qui regroupe une centaine de commerçants), reconnue lors du premier confinement comme dispositif d’utilité sociale. «Cette coopération sert toutes les parties prenantes. Pour les acteurs de l’ESS, cela permet notamment d’ouvrir le champ des possibles et de sortir en ce qui ce qui nous concerne du domaine du social. Être plus proche des acteurs privés et publics nous permet de mieux réaliser nos missions d’insertion», a estimé Xavier Retaux.

La marketplace "Mon shopping, c’est Calais", regroupant une centaine de commerçants, a été reconnue comme dispositif d’utilité sociale lors du premier confinement. © Aletheia-MR

L’État et la Région, des soutiens actifs de l’ESS

«La coopération qui s’établit dans le cadre d’un PTCE peut être - on l’a vu avec ces témoignages - plus fructueuse et productive qu’une mise en concurrence entre les structures», a observé Juliette Culot, chargée de projets emploi-formation au sein des services du Sgar Hauts-de-France. En 2013 et 2015, l’État a soutenu, par le biais de deux appels à projets, les PTCE, avec une quarantaine de lauréats, dont trois dans notre région.

La secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’ESS Olivia Grégoire a décidé de relancer la dynamique des PTCE, «qui sont, selon elle, des relais essentiels pour la relance, a indiqué Juliette Culot. Ils constituent un écosystème de partenaires structurés, qui va générer de l’emploi non délocalisable avec une dimension transition écologique». Avant la fin de l’été 2021, l’État va donc publier un appel à manifestation d’intérêt pour soutenir les porteurs de PTCE, associé à des financements dédiés.

Une reprise de la dynamique qui se traduit également au niveau de la région. En s’appuyant sur la Cress et l’expertise de l’Institut Godin, les services de l’État réfléchissent au déploiement d’une offre de services pour accompagner les porteurs de PTCE, pour que les structures de l’ESS répondent elles aussi à ces appels à manifestation d’intérêt. 

Pierre Billoir, responsable de service entrepreneuriat et développement territorial à la Région Hauts-de-France est revenu sur le dispositif Acte [ndlr, le montant de l’aide varie généralement de 15 000 à 60 000 euros], qui s’adresse aux acteurs de l’ESS et aux collectivités, pour les aider à structurer et déployer leurs actions, quel que soit le degré de maturité du projet. «Depuis 2018, 18 projets – dont 13 portés par des structures de l’ESS – se sont inscrits dans cette logique de coopération territoriale, avec comme vocation d’aboutir à des PTCE.» 

Le mot de la fin est revenu à Laurent Buchaillat, admiratif face à la capacité des acteurs de l’ESS à innover, à s’ouvrir à d’autres modèles économiques, à faire preuve d’enthousiasme et d’innovation : «Il faut avoir en tête, avec ces aides du plan de relance, qu’il existe des mesures spécifiques pour l’ESS, qui peut s’inscrire dans de nombreux domaines et thématiques, il ne faut pas passer à côté.»