La création d’entreprises artisanales prend un nouveau tournant

Dans leur baromètre sur la création et transmission d’entreprises, parue fin juillet, l’Institut supérieur des métiers (ISM) et la Maaf (groupe Covéa) mettent en avant une nouvelle carte de la création d’entreprises artisanales dans la région. La dynamique entrepreneuriale apparaît notamment bien présente dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV).

© Bpifrance. Des dispositifs à l’image des bus de l’entrepreneuriat lancés par Bpifrance dans les Quartiers prioritaires de la ville apparaissent avoir joué dans le poids aujourd’hui des QPV dans la création d’entreprises artisanales étudiée dans le dernier baromètre de l’ISM-Maaf.
© Bpifrance. Des dispositifs à l’image des bus de l’entrepreneuriat lancés par Bpifrance dans les Quartiers prioritaires de la ville apparaissent avoir joué dans le poids aujourd’hui des QPV dans la création d’entreprises artisanales étudiée dans le dernier baromètre de l’ISM-Maaf.

Création à la baisse en milieu rural et urbain sauf dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV) ! C’est l’un des constats établis dans la dernière livraison du baromètre de l’Institut supérieur des métiers (ISM) et la Maaf (groupe Covéa) sur le bilan 2023 de la création et la transmission d’entreprises en artisanat, paru le 25 juillet. En 2023, pour la deuxième année consécutive, plus de 250 000 nouvelles entreprises artisanales ont vu le jour dans le secteur de l’artisanat. 24 % des créateurs d’entreprise ont fait le choix d’une activité artisanale. 

Cette dynamique est bien présente dans le Nord-Est. Le Grand Est affiche une hausse de + 2 % avec 17 260 entreprises artisanales créées l’an passé et les créations effectuées au sein du périmètre géographique des QPV semblent y être pour beaucoup. 

«Il existe une bonne dynamique entrepreneuriale dans les communes où une partie importante de la population résidente en QPV. Dans ces territoires, la création d’entreprise est tirée par les installations de taxis ou de VTC et également de nettoyage de bâtiment. Dans ces communes où plus de 50 % de la population réside en QPV, 30 % des créations d’entreprises artisanales se font ainsi dans l’une ou l’autre de ces activités», assure Catherine Elie, directrice des études de l’Institut supérieur des métiers. 

Les différentes politiques et dispositifs mis en œuvre pour booster l’entrepreneuriat dans ces quartiers commenceraient-ils à porter leurs fruits ? L’affirmer serait un raccourci un peu rapide mais il n’en demeure pas moins que cette dynamique apparaît bien présente.


Les QPV, nouveaux territoires de l’entrepreneuriat ?

La région est concernée par ce phénomène et les choses devraient, en toute logique, continuer à s’accélérer. Depuis la fin juin, un bus de l’entrepreneuriat, piloté par le réseau d’accompagnement BGE Alsace-Lorraine et Bpifrance dans le cadre du programme Entrepreneuriat Quartier 2030, sillonne la Lorraine Nord et gagnera progressivement, jusqu’en 2026, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et la Meuse. 

Une vingtaine de QPV de la région seront concernés par ce dispositif. Le programme Entrepreneuriat Quartier 2030, lancé par la banque publique d’investissement affiche les quelque 450 M€. Il a succédé au programme Entrepreneuriat pour tous, mis en place entre 2019 et 2023. Doté d’une enveloppe de 135 M€, il avait permis de soutenir la création de plus de 32 000 entreprises dans ces quartiers. 

Ces créations ont été, dans une grande majorité, créées sous la forme juridique de micro-entreprises comme le confirme les chiffres présents dans le baromètre ISM-Maaf. Cet état de fait entraîne également certaines interrogations sur la réelle dynamique de l’entrepreneuriat et surtout sa capacité à créer des emplois pérennes. 

Il n’en demeure pas moins que le poids de la création d’entreprises artisanales en provenance des QPV apparaît bien réel. Le nettoyage de bâtiment et les taxis et VTC sont les deux premiers secteurs boosters de la création d’entreprises artisanales d’une façon générale. Ils sont également les deux secteurs qui arrivent en tête dans les QPV. Un nouveau paysage de l’entrepreneuriat artisanal semble se dessiner.


Hausse des micro, baisse des sociétés

Plus des trois quarts des entreprises artisanales créées l’an passé l’ont été sous forme individuelle (77,5 % au lieu de 74 % en 2022), une nouvelle augmentation de 4 %. «Il s’agit pour l’essentiel de micro-entreprises», précisent les acteurs du baromètre ISM-Maaf. À l’inverse, les formes sociétaires sont, pour la première fois en baisse, (- 14 %) depuis la crise sanitaire.