La Cour des comptes appelle à mieux "cibler" les politiques pour la jeunesse
Une "multiplication" de dispositifs sans "approche structurée": la Cour des comptes a appelé mercredi dans son rapport annuel à mieux "cibler" et "coordonner" les politiques publiques en faveur des jeunes, regrettant leur "fragmentation"...

Une "multiplication" de dispositifs sans "approche structurée": la Cour des comptes a appelé mercredi dans son rapport annuel à mieux "cibler" et "coordonner" les politiques publiques en faveur des jeunes, regrettant leur "fragmentation" et leur manque d'efficacité face aux inégalités.
Dans ce rapport de plus de 700 pages, la Cour des comptes s'est intéressée à la tranche d'âge des 15-25 ans, pour lesquelles les politiques publiques "représentent un enjeu massif de dépenses", a souligné son premier président, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse.
Les dépenses de l'Etat spécifiquement en faveur de cette tranche d'âge atteignent ainsi 53,4 milliards d'euros, soit 12% du budget de l'Etat et 2% du PIB, selon la Cour des comptes.
"Depuis les années 1980, la jeunesse a été érigée en priorité de politique publique", cela a conduit à "la multiplication des instruments déployés", a poursuivi M. Moscovici. Mais "il manque une approche structurée et coordonnée à cette politique", dont "la gouvernance est fragmentée entre les très nombreux acteurs impliqués".
La Cour des comptes a analysé dans son rapport 16 secteurs dans lesquels se déploient ces politiques, pour tenter d'en tirer des enseignements transversaux.
Elle s'est penchée ainsi tout d'abord sur l'accès à l'éducation, en s'intéressant notamment à l'orientation au collège et au lycée et à la prévention de l'échec en premier cycle universitaire.
Concernant l'orientation, elle "reste très marquée socialement" et souffre du "manque de formation initiale" des professeurs et d'une "absence de moyens fléchés" au collège et au lycée, déplore le rapport.
Quant aux débuts à l'université, ils sont marqués par un taux d'échec très important: seuls 34,3% des étudiants obtenaient leur licence en trois ans en 2019, en-deçà de la moyenne des pays de l'OCDE (39%), constate la Cour des comptes. Elle exhorte à "mieux identifier les causes de l'échec" et "mettre en place un suivi du parcours des étudiants".
outils de suivi
Autre champ étudié: l'aide à l'entrée dans la vie active, à travers l'emploi, l'accès au logement ou les transports collectifs. La Cour des comptes y recommande notamment de "mieux cibler les mesures sur les jeunes les plus éloignés de l'emploi, en particulier pour les aides à l'embauche et à l'apprentissage".
Elle s'intéresse aussi à la prise en charge des jeunes majeurs sortant de l’aide sociale à l'enfance (ASE), qui reste pour elle trop disparate d'un département à l'autre.
La Cour des comptes se penche également sur les politiques de prévention à destination de la jeunesse, dont l'accès des jeunes au sport et les addictions aux drogues illicites et à l'alcool.
Dans ce domaine, elle juge insuffisante et "inadaptée" l'offre d'accompagnement et de soin actuelle, appelant à élaborer une stratégie nationale de lutte efficace visant à protéger les jeunes Français contre les addictions.
Enfin, elle s'intéresse à "l'apprentissage à la citoyenneté et à la vie dans la cité".
Elle a étudié notamment la Journée Défense et citoyenneté (JDC), obligatoire pour les jeunes entre 16 et 18 ans. Mais elle regrette un dispositif "sans cesse ajusté, remanié et refondu, à la recherche d'un positionnement qui n'a jamais été trouvé".
Quant à la politique pénale à destination des jeunes, également scrutée, son efficacité "est limitée, malgré des moyens publics estimés à au moins deux milliards par an", dit-elle.
A l'issue de ses travaux, la Cour des comptes estime "indispensable de renforcer la cohérence et l'efficacité des politiques publiques en faveur de la jeunesse, en particulier en les ciblant mieux", ou encore en améliorant les parcours de formation et en adoptant une nouvelle stratégie de lutte contre les addictions, a résumé Pierre Moscovici.
Pour atteindre ces objectifs, elle juge qu'il faut "renforcer la lisibilité des services publics en faveur des jeunes", "mieux coordonner les actions", "mettre en place des outils de suivi et d'évaluation rigoureux", ou encore "doter la France d'un plan stratégique en faveur des jeunes".
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