La cosmétique autrement
C’est tendance : mieux manger, prendre soin de soi avec des produits naturels – voire faits maison –, avoir le temps, tout simplement… Un mode de vie «slow» qui débarque dans l’alimentation, mais aussi en cosmétique, un secteur marchand ultra dépendant des coups marketing et autres retombées publicitaires. Et si nous faisions aussi attention à ce que l’on s’applique sur la peau comme on le fait pour nos assiettes ? Le site www.slow-cosmetique.com, orchestré à Roubaix, est dédié aux produits cosmétiques 100% naturels.
Un déodorant sans alcool ni aluminium, un gel douche dont vous connaissez la composition… Vous en rêvez ? Alors à vos clics ! Julien Kaibeck, aromatologue spécialiste des huiles essentielles et de la cosmétique bio, blogueur reconnu et auteur du livre Adoptez la slow cosmétique (Editions Leduc), est un converti : «J’ai voulu inventer le terme de ‘slow cosmétique’ pour faire écho à la ‘slow food’. Cela symbolisait mon combat : marre du zapping cosmétique. Un produit chasse l’autre, poussant les consommateurs à l’achat. Pourquoi ne pas consommer la beauté plus lentement, en prenant le temps de lire les étiquettes ? Des marques vendent des sérums à 150 €, mais ils contiennent de la silicone et du plastique ! La slow cosmétique montre que l’on peut utiliser une huile vierge bio non polluante pour l’environnement et avec des résultats similaires.» En 2012, il crée l’association Slow Cosmétique qui regroupe bloguers et blogueuses et compte aujourd’hui près de 150 membres. Et imagine la mention «Slow Cosmétique», apposée aujourd’hui à 66 marques qui respectent les principes de la slow cosmétique1. Qu’elles soient méconnues ou plus populaires, ces marques répondent à un cahier des charges très strict, mais ne représentent qu’à peine 10% du marché. Alors, pour leur donner un coup de pouce, il fallait aussi imaginer une marketplace capable de commercialiser leurs produits. «C’est bien beau de prôner ces produits, mais encore fallait-il pouvoir les acheter ! Et certaines boutiques n’ont pas la logistique pour avoir un site internet», explique Julien Kaibeck.
Un site en région avec des artisans du Nord-Pas-de-Calais. C’est là qu’il se rapproche de Frédéric Guffroy, entrepreneur régional et déjà à l’origine de deux sites : 123fleurs.com et origine-solidaire.com. De cette rencontre naît la SARL Slowmoi, en charge de la création du site e-commerce www.slow-cosmetique.com, première marketplace qui réunit les marques lauréates de la mention “Slow Cosmétique”. Et parmi elles, trois régionales : Eugénie Prahy (Beaurainville) propose une gamme de maquillage minéral et vegan ; La Savonnerie du Nouveau Monde (Lys-lez-Lannoy) fabrique des savons à froid surgras et naturels ; et Secret Sacré (Mons-en-Barœul) commercialise une gamme de soins premium à l’huile de nigelle, appréciée notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. «Nous avons déjà une bonne expérience dans les marketplaces. Ensuite, chaque vendeur met en ligne ses produits, il est autonome sur sa boutique», explique Frédéric Guffroy. Le site recense déjà 54 marques, soit près d’un millier de produits. Mais aussi des ingrédients pour fabriquer ses propres crèmes, déodorants ou shampooings. www.slow-cosmetique.com réalise déjà plus de 40 ventes par jour pour environ 2 800 visiteurs quotidiens.
Conseils et humour. Puisque les marques vendues sont peu connues des consommateurs, Julien Kaibeck et Frédéric Guffroy ont misé sur une touche humoristique et une communication travaillée avec chaîne télé, newsletter, recettes, etc. En France, le marché de la cosmétique représente 8,250 milliards d’euros – les Françaises étant les plus grandes consommatrices au monde – et commence à prendre une autre tournure avec une montée en puissance des sites de ventes en ligne : 5,8% des parts de marché en 2013, 6,4% en 2014, 6,9% prévus en 2015 et 7,3% en 2016 (sources et prévisions Xerfi-Precepta). En remettant au goût du jour des petits artisans de la cosmétique, la tendance “slow” est à la fois une façon de mieux consommer mais aussi de prendre soin de soi en valorisant des initiatives locales.
- Ingrédients issus de ressources disponibles, qui ne formulent pas des promesses impossibles, qui ne sont pas issus de la chimie de synthèse, de la pétrochimie ou de l’exploitation animale, etc.