Centrale nucléaire de Gravelines

La construction des deux EPR va mobiliser plus de 3 000 personnes pendant 7 ans

Au-delà des visites décennales en cours en vue d’augmenter la durée de vie de ses six réacteurs, la centrale nucléaire de Gravelines a déjà les yeux tournés vers les deux EPR qui doivent y être construits. En jeu, la montée en compétences de ses entreprises partenaires et des jeunes du territoire afin qu’ils puissent se positionner sur un chantier qui va faire travailler jusqu’à 7 500 personnes au plus fort de l’activité.

Depuis 2014, la centrale nucléaire de Gravelines a entamé un "grand carénage" sur l'ensemble de ses installations pour produire de l'électricité bas carbone avec toujours plus de sûreté.
Depuis 2014, la centrale nucléaire de Gravelines a entamé un "grand carénage" sur l'ensemble de ses installations pour produire de l'électricité bas carbone avec toujours plus de sûreté.

Depuis 2014, la centrale nucléaire est entrée dans une phase de programme industriel inédite depuis sa construction appelé «Grand carénage». Avec un budget de 4 milliards d’euros, celui-ci doit se poursuivre encore jusqu’en 2028 et répond à plusieurs objectifs : «Produire de l’électricité bas carbone toujours plus sûre en se rapprochant du niveau de sûreté des réacteurs nouvelle génération, prolonger la durée de vie des réacteurs de dix années supplémentaires et tenir compte du retour d’expérience de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon qui a connu un accident majeur en 2011», a rappelé Emmanuel Villard, directeur du site de Gravelines lors de la conférence de rentrée, le 27 janvier dernier.

Ce programme comprend, notamment, les 4ème visites décennales des six réacteurs. Pour chacune d’entre elles, cela signifie l’intervention d’un millier de personnes pendant la phase d’arrêt de production et 25 000 activités de maintenance par réacteur, soit 5 fois plus que pour une troisième visite décennale. «Les visites décennales des réacteurs 1 et 3 sont achevées. En 2023, nous allons entamer celle du réacteur 2. Elles occasionnent une forte montée en charge de travail : 7,6 millions d’heures en 2022, ce qui représente 300 000 heures de plus qu’en 2021 qui avait déjà été une année record», constate Emmanuel Villard. 

Le programme intègre aussi, comme mentionné plus haut, des aménagements post Fukushima. Ainsi, en 2023, seront installés des «Appoints d’eau ultime», comprenant un réservoir d’eau de 5 000 m3 et 4 puits de 20 mètres de profondeur afin que la centrale nucléaire puisse toujours être approvisionnée en eau, même en cas d’accident majeur ou de conditions climatiques extrêmes. Par ailleurs, les travaux de construction du nouveau centre de crise local de 1 000 m² vont commencer. Il pourra accueillir 70 équipiers mobilisés en cas de crise pendant 72h en autonomie complète.

Un enjeu majeur : L'emploi et la formation

En ce début 2023, la centrale nucléaire a déjà le regard tourné vers la future construction de deux réacteurs EPR sur son site. Sous condition de futures décisions gouvernementales et de l’issue du débat public national en cours, le permis de construire devrait être délivré en 2026, les travaux de terrassement commencer en 2028 pour une mise en production dix années plus tard, soit 2038. «C’est un gigantesque chantier qui se prépare puisqu’il va occuper environ 3 000 personnes à temps plein pendant 7 ans avec un pic à 7 500 personnes au plus fort de l’activité», a rappelé Emmanuel Villard. «Pour y faire face, entre 2022 et 2025, nos entreprises partenaires auront besoin de recruter pas moins de 1 600 salariés, notamment dans les métiers de la logistique, de la tuyauterie et de l’électricité. Elles auront aussi à recruter plus de 185 alternants dans ces mêmes métiers».

Consciente de l’enjeu majeur pour l’emploi local, la centrale nucléaire s’efforce d’accompagner au mieux l’ensemble des entreprises de la filière sur le territoire. Elle a, par exemple, initié des formations dans les métiers de la soudure avec des partenaires locaux de la formation professionnelle et de la réinsertion et propose des bourses d’études pour accompagner les jeunes vers ces métiers. Elle participe également activement aux évènements valorisant les métiers de l’industrie et accueille régulièrement des élèves de collèges et de lycées (plus de 2 000 en 2022) pour leur faire découvrir la filière nucléaire, ses métiers et ses possibilités d’évolution. L’industrie a, déjà aujourd’hui, du mal à recruter, la faute à une image tronquée et à de vieux clichés difficiles à gommer. Y attirer les jeunes actifs de demain est plus qu’une nécessité alors, qu’au-delà du nucléaire, c’est un territoire tout entier qui se réindustrialise.

Chiffres 2022

La centrale nucléaire de Gravelines a produit 28,2 TWh d’électricité, soit 60% de la consommation des Hauts-de-France en 2022. 

Avec ses 6 unités de production de 900 MW chacune, mises en service entre 1980 et 1985, elle est aujourd’hui encore la plus importante, en terme de puissance, d’Europe de l’Ouest. 

En 2022, elle employait 1 849 salariés, auxquels s’ajoutent 1 800 salariés prestataires et a reversé 37,2 millions d’euros d’impôts et taxes au territoire. 

La centrale nucléaire a acheté 112 millions d’euros de produits et services à des entreprises des Hauts-de-France.