La commune reste au centre des débats !
Partout la même gêne : «Que vont valoir les constructions, les projets, les débats et réflexions dans nos EPCI, comment bâtir des budgets, alors que la réforme territoriale prend un virage brutal et inattendu ?»
Les départements vont-ils vraiment disparaître ? Les régions vont-elles vraiment fusionner ? Comment et quand ? Que vont devenir les communes qui composent les EPCI1 ? Qui va faire quoi puisque devrait disparaître la clause de compétence générale ? Faut-il voter aux prochaines cantonales et législatives ?
A Wallers, réélu président de la CAPH, Alain Bocquet a cristallisé ces interrogations et le mécontentement des autres leaders d’intercommunalités renouvelées après les municipales. A Douai, la CAD repart pour six ans avec Christian Poiret, idem à Valenciennes pour Valérie Létard. La nouvelle CC Pévèle-Carembault confirme Jean-Luc Detavernier. A chaque fois le consensus politique a joué. Seul Cœur d’Ostrevent, à Lewarde, troque le sortant Jean-Jacques Candelier (FdG) pour son ex-allié PS Frédéric Delannoy.
Les questions demeurent. Le fonds de commerce des EPCI − les communes − serait sournoisement menacé. La petite phrase d’Emmanuel Valls annonçant une «refonte de la carte communale» met les EPCI sur des charbons ardents. Il est clair que d’autres fusions seront réclamées par l’Etat pour combler le vide entre la commune et des régions surpuissantes car regroupées. Et à la demande du président de la région lorraine, le Premier ministre a répondu fin avril qu’il «peut sans problème accélérer le calendrier des regroupements et suppressions»…
A Wallers. Alain Bocquet organise la résistance et replace en tête de gondole la commune dont dépendent tous les édifices : «Il nous faut veiller à la primauté du fait communal comme à la prunelle de nos yeux. L’avenir de nos communes reste un enjeu et cela signifie que la coopération intercommunale doit se concevoir dans une articulation et un équilibre respectueux de ce principe fondamental (…). La vraie vie des habitants n’est pas sur les sommets mais dans la vallée. Une enquête d’opinion d’après les municipales (le) confirme : 64% estiment que la démocratie (française) fonctionne mal, 69% des sondés veulent donner davantage de pouvoir aux collectivités territoriales (…), 81% préconisent de rendre systématiquement l’évaluation des politiques publiques deux ou trois ans après leur mise en œuvre.»
A ValMétro. Valérie Létard entend renforcer son organisation avec les maires et prône un grand syndicat intercommunal plus à même de faire face aux missions de plus en plus diverses des EPCI. Là est le point sensible : les EPCI s’organisent de mieux en mieux tant qu’elles ont la compétence générale. Encore faudrait-il que de Paris remontent des intentions enfin claires et un calendrier réaliste. C’est le souhait commun de ces EPCI du centre et de l’est du Nord qui, entre la commune et l’étage au-dessus, en ont assez d’être constamment ballottés.
EPCI : établissement public de coopération intercommunale.