La classe politique divisée sur la reconnaissance de l'Etat palestinien

"Enfin!", "prématuré" : la classe politique française s'est divisée jeudi sur l'annonce par Emmanuel Macron que la France pourrait reconnaître "en juin" un État palestinien dans le cadre "d'une...

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant l'aide humanitaire destinée à Gaza, à l'entrepôt du 
Croissant-Rouge égyptien à Arish, ville du nord-est de l'Égypte, à environ 55 kilomètres à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025 © Ludovic MARIN
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant l'aide humanitaire destinée à Gaza, à l'entrepôt du Croissant-Rouge égyptien à Arish, ville du nord-est de l'Égypte, à environ 55 kilomètres à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025 © Ludovic MARIN

"Enfin!", "prématuré" : la classe politique française s'est divisée jeudi sur l'annonce par Emmanuel Macron que la France pourrait reconnaître "en juin" un État palestinien dans le cadre "d'une dynamique collective" de reconnaissances réciproques. 

Le chef de l'Etat a déclaré mercredi sur France 5 que cette reconnaissance pourrait avoir lieu à l'occasion d'une conférence que la France coprésidera avec l'Arabie saoudite aux Nations-unies à New York.

Cette conférence devrait aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d'Israël par "tous ceux qui défendent la Palestine". L'Arabie saoudite, en particulier, a fait de la création d'un Etat palestinien une condition à une normalisation de ses relations avec Israël.

Si cette reconnaissance "vient dans un cadre qui permet à des pays qui ne reconnaissent pas Israël de le faire et à d'autres pays qui ne reconnaissent pas la Palestine ou l'État palestinien de le faire, c'est un bon processus", a estimé sur RTL l'ancien président socialiste François Hollande. 

Il a néanmoins rappelé que "ce qui compte, c'est bien sûr qu'un jour il puisse y avoir un État palestinien, mais que le Hamas ne soit pas dans cet État palestinien et que Gaza puisse être une zone où les Gazaouis puissent vivre, tout simplement". 

"Macron s'apprête à reconnaître l'Etat de Palestine. Il appelle à la fin du siège de Gaza. Un an et six mois après LFI, ces gens comprennent enfin que la solution politique est la seule possible", a tweeté le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, dont le parti est très mobilisé au côté des Palestiniens.

Pour le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, interrogé sur franceinfo, l'annonce d'Emmanuel Macron représente un moyen de "faire pression" sur "un gouvernement d'extrême droite qui a fait la démonstration depuis de longs mois de son inhumanité et, depuis le 18 mars, qui a rompu cessez-le-feu avec des conséquences dramatiques". 

Conditions pas réunies

Favorable également, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a souhaité sur France Inter "avancer sur cette solution à deux États", mais avec "des garanties de sécurité pour les deux États".

La "clause de réciprocité" prévoit que "les parties se reconnaissent mutuellement: les Palestiniens ont droit à un État, les Israéliens ont droit à un État, les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique", a jugé le président des députés MoDem, Marc Fesneau sur TF1, y voyant une "bonne idée".  

La solution à deux États reste rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais les appels en ce sens se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

En 2020, les accords d'Abraham, pendant le premier mandat de Donald Trump, avaient mené à la reconnaissance d'Israël par les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Pour le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, toute reconnaissance par la France de l'Etat palestinien serait "prématurée". Si le parti d'extrême droite est "favorable à deux États", il juge que l'État palestinien serait aujourd'hui "adossé au Hamas" - une organisation qualifiée de terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël notamment -, a-t-il développé sur LCI. 

Position partagée par le président LR du Sénat Gérard Larcher. "Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza, nous avons toujours des attaques du Hamas, nous avons malheureusement une Autorité palestinienne extrêmement faible", a-t-il argumenté sur Europe1/Cnews. "Est-ce que les conditions sont réunies pour que nous allions plus loin dans la reconnaissance indispensable à terme de la réalité d'un État de Palestine? Non", a-t-il tranché. 

Le plan défendu mercredi par Emmanuel Macron met de facto à l'écart le mouvement islamiste palestinien et prévoit un retour à Gaza de l'Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le Hamas.

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