La Chine émue par la disparition de son "vieil ami" Kissinger

"Une perte énorme": la télévision d'Etat et les internautes chinois ont rendu hommage jeudi à l'ex-secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, considéré comme un "vieil ami" pour son rôle...

Henry Kissinger rencontre le président chinois Mao Zedong sous le regard du premier ministre Zhou Enlai, le 17 février 1973 à Pékin © -
Henry Kissinger rencontre le président chinois Mao Zedong sous le regard du premier ministre Zhou Enlai, le 17 février 1973 à Pékin © -

"Une perte énorme": la télévision d'Etat et les internautes chinois ont rendu hommage jeudi à l'ex-secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, considéré comme un "vieil ami" pour son rôle crucial dans l'établissement des liens Pékin-Washington.

Acteur incontournable de la diplomatie mondiale pendant la Guerre froide et secrétaire d'Etat (1973-1977) sous Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger est mort mercredi à l'âge de 100 ans, a annoncé son organisation.

Il avait vu son image ternie par des pages sombres de l'histoire des Etats-Unis, comme le soutien au coup d'Etat de 1973 au Chili ou l'invasion du Timor oriental en 1975 et, bien sûr, la guerre du Vietnam.

Mais en Chine, il est depuis longtemps honoré comme un "vieil ami du peuple chinois" pour avoir été l'un des acteurs majeurs du rapprochement Washington-Pékin dans les années 1970, aidant le pays asiatique à rompre avec son isolement.

Dans un contexte de relations sino-américaines tendues ces dernières années, Henry Kissinger, qui s'est rendu plus de 100 fois en Chine, était perçu comme l'infatigable promoteur de liens apaisés entre les deux puissances mondiales.

"C'est une perte énorme pour nos deux pays et pour le monde", a réagi l'ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Xie Feng, sur le réseau social X, se disant "profondément bouleversé et attristé".

"L'histoire se souviendra de ce que le centenaire a apporté aux relations entre la Chine et les Etats-Unis et il restera toujours vivant dans le coeur du peuple chinois, comme un vieil ami très apprécié", a-t-il ajouté.

A Pékin, le ministère des Affaires étrangères chinois a salué les "contributions historiques" du diplomate aux relations sino-américaines, appelant à "faire avancer" son héritage.

Visite secrète

Par un vent d'hiver glacial dans la capitale chinoise, des habitants ont confié à l'AFP leur tristesse.

"C'était le meilleur (diplomate américain) et le plus vieil ami de la Chine", relève au bord des larmes M. Li, un Pékinois de 67 ans qui n'a pas souhaité donner son nom complet.

Henry Kissinger a été l'artisan d'une "période de lune de miel" entre la Chine et les Etats-Unis, estime pour sa part Dou, une Pékinoise de 35 ans.

"Il a tout donné pour promouvoir les relations" entre les deux pays, abonde Zhang Wende, 67 ans, "très attristé" par la disparition de l'ex-secrétaire d'Etat.

Henry Kissinger s'était rendu en juillet 2023 en Chine, où il s'était notamment entretenu avec le président Xi Jinping.

"Une époque de l'histoire des Etats-Unis se termine", a réagi un utilisateur du réseau social chinois Weibo suite au décès de l'ancien secrétaire d'Etat.

"C'était une figure indispensable et importante des relations sino-américaines", a écrit un autre.

Henry Kissinger s'était rendu secrètement à Pékin en juillet 1971 afin de nouer des liens avec la République populaire de Chine, ouvrant la voie à la visite historique du président Richard Nixon dans la capitale chinoise en 1972.

Sagesse diplomatique

Cette main tendue à la Chine a mis fin à l'isolement du géant asiatique et contribué à la montée en puissance de Pékin, d'abord économique, sur la scène mondiale.

Dans une longue nécrologie publiée jeudi, la télévision d'Etat chinoise CCTV a salué sa "contribution historique à l'ouverture de la porte aux relations sino-américaines".

L'ex-secrétaire d'Etat américain, lauréat du prix Nobel de la paix, a fait fortune en conseillant des entreprises sur la façon d'investir en Chine. Il s'inquiétait régulièrement des tendances de la classe politique américaine à attiser les tensions avec Pékin.

Henry Kissinger était ainsi devenu le symbole en Chine d'une période où les relations sino-américaines étaient plus apaisées.

Durant un entretien avec lui cette année à Pékin, l'actuel ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait déclaré que "la politique américaine à l'égard de la Chine a besoin de sagesse diplomatique à la Kissinger".

"Nous n'oublierons jamais notre vieil ami et votre contribution historique à la promotion du développement des relations sino-américaines et au renforcement de l'amitié entre les peuples chinois et américain", lui avait déclaré le président Xi Jinping.

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