La Charcuterie des Flandres investit 1,2 million d’euros pour innover
Très connue dans le Dunkerquois depuis sa création en 1981, la Charcuterie des Flandres a connu deux dépôts de bilan en 2005 et 2011. Depuis, elle a diversifié sa gamme et ses clients et a retrouvé des bilans bénéficiaires. Elle vient même d’investir 1,2 million d’euros pour devenir une «industrie du futur».
Située en bordure de l’A25, non loin de l’entrée de Dunkerque, la Charcuterie des Flandres bénéficie d’une grande notoriété sur le territoire. Peu de Dunkerquois se souviennent pourtant que l’histoire de cette PME a commencé en 1981 à Saint-Pol-sur-Mer alors qu’elle n’était qu’une petite charcuterie de quartier tenue par Régis Naye. Au début des années 1990, devant la demande de plus en plus importante des grandes surfaces, la charcuterie s’industrialise dans les locaux de 4 000 m² qu’elle occupe toujours aujourd’hui. Avec une spécialité, la charcuterie «cuite» : chipolatas, merguez, saucisses de Toulouse, crépinettes ou encore hachis de porc.
Tout va bien jusqu’au début des années 2000, mais en 2005, la Charcuterie des Flandres connaît son premier dépôt de bilan. «L’entreprise n’avait pas assez diversifié sa clientèle. Elle dépendait trop de deux ou trois enseignes de la grande distribution. Alors, quand l’une d’entre elles a baissé ses volumes de commandes, elle a fait vaciller l’entreprise», résume François Kazmierczak, responsable systèmes et méthodes de la Charcuterie des Flandres.
Le deuxième rachat était le bon
Rachetée par un groupe belge, l’entreprise passe alors de 80 à 30 salariés, diversifie ses produits et modernise son process de fabrication. Elle oublie toutefois de penser à diversifier sa clientèle et, en 2011, pas de miracle : elle connaît un deuxième dépôt de bilan pour les mêmes raisons que la première fois. La Charcuterie des Flandres, dont personne ne remet en cause la qualité des produits et le savoir-faire du personnel, est alors sauvée une seconde fois par un industriel belge, Philippe Vandamme, déjà propriétaire d’une entreprise de charcuterie «froide» à Verviers, qui cherche à valoriser certaines de ses pièces de porc en charcuterie "cuite». «Le nouveau propriétaire, Philippe Vandamme, a beaucoup investi pour moderniser l’outil de production, améliorer la gestion des flux, des achats et des ventes, créer de nouveaux produits à plus haute valeur ajoutée (dont une gramme dédiée au marché des friteries) et surtout augmenter très largement notre portefeuille d’enseignes clientes», détaille François Kazmierczak.
Stratégie gagnante : en 2017, la Charcuterie des Flandres renoue avec les bilans positifs. Aujourd’hui, l’entreprise emploie 40 salariés et produit entre 20 et 40 tonnes de charcuterie par semaine (en fonction des saisons, avec un pic entre avril et septembre). Les saucisses représentent 60% de ses volumes de production ; les grandes surfaces, 80% de ses clients, très largement situés en Hauts-de-France.
Vers 9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2025
En 2020, tous les voyants sont au vert. La PME décide alors d’investir pour gagner en flexibilité, en capacité de production, en confort de travail pour les salariés et pour pouvoir respecter les nouvelles normes environnementales sur les emballages plastiques. «Nous avons donc répondu à l’appel à projets lancé par l’Etat dans le cadre du plan France relance, dans la catégorie «industrie du futur». Nous avons su en juin 2021 que notre projet était retenu. Sur un investissement de 1,2 million d’euros, nous avons reçu une subvention de 325 000 euros», se satisfait François Kazmierczak. Depuis, une nouvelle emballeuse est déjà venue rejoindre les ateliers pour un gain de production de 30% et la possibilité de se développer sur un nouveau marché (testé actuellement avec un grossiste britannique) : la vente de pièces de découpe de porc. D’ici quelques semaines, ce sont trois machines de pesage et d’étiquetage semi-automatiques qui doivent arriver. Elles permettront de limiter les pertes de matières en garantissant un pesage beaucoup plus précis. Enfin, le nouvel ERP attendu d’ici peu, véritable cerveau de l’entreprise, va tout à la fois faciliter le travail, éviter les erreurs d’acheminement et faire gagner en flexibilité, éléments indispensables pour garder la confiance des clients.
«Cet investissement assoit vraiment l’entreprise dans la durée. Les mauvaises années sont derrière nous, assure François Kazmierczak. Nous développons toujours plus de nouveaux produits : demi-jambon sous-vide pour les grossistes, saucisses barbecue, plateaux de charcuterie pour les planchas ou les fondues, nouveaux produits traiteurs. Mais aussi de nouveaux conditionnements comme la mise sous vide de produits charcutiers pour augmenter leur durée de vie.» Pour accompagner son développement, la Charcuterie des Flandres a embauché quatre personnes en 2021 et deux autres sont prévues en 2022. L’entreprise a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 7,6 millions d’euros. Elle ambitionne de le porter à 9 millions en 2025.