Première des six visites décennales

La centrale nucléaire de Gravelines veut allonger la durée d’exploitation à 50 ans

Malgré la crise sanitaire, la centrale nucléaire de Gravelines a continué de fournir 10% de l’électricité totale du pays en 2020. Elle entame, en 2021, la première de ses visites décennales qui doivent valider, sous couvert de l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la prolongation d’exploiter au-delà de 40 ans.

Emmanuel Villard, directeur de la centrale nucléaire de Gravelines, a dressé le bilan de 2020 et les perspectives pour 2021 lors d'une conférence de presse.
Emmanuel Villard, directeur de la centrale nucléaire de Gravelines, a dressé le bilan de 2020 et les perspectives pour 2021 lors d'une conférence de presse.

Si la crise sanitaire a forcément impacté la centrale nucléaire de Gravelines (20% de l’effectif en télétravail, allongement de la durée des arrêts des unités de production pour maintenance…), elle n’a pas eu d’effet notable sur la production d’électricité qui, avec 32,6 TWh en 2020, représente toujours 10% de la production totale d’électricité en France, un chiffre égal aux années précédentes. 

Par ailleurs, elle a tenu les délais pour les chantiers de sûreté en cours, réalisés dans le cadre du retour d’expérience post-Fukushima. Ainsi, l’implantation des six diesels d’ultime secours (DUS), dont la construction a commencé en 2015, s’est achevée comme prévu en 2020. 

Destinés à prendre le relais d’une alimentation électrique défaillante, ceux-ci doivent permettre à chacune des unités de production de résister aux situations les plus extrêmes, comme un séisme ou une inondation. Par ailleurs, la construction d’un mur de protection périphérique anti-inondation (3 km de long, 4 à 4,5 mètres de hauteur, 20 mètres de large sur les parties remblai) a elle aussi démarré selon le calendrier établi.

Moment décisif

En 2021, trois arrêts d’unités de production pour visites partielles (rechargement de combustible et travaux de maintenance pour remplacer à titre préventif certains gros composants) et un arrêt pour simple rechargement de combustible sont au programme.0

A cela s’ajoute ce qui apparaît comme le moment crucial de l’année : la première des six visites décennales (sur l’unité de production n°1), qui doit permettre, à terme, à la centrale nucléaire de voir sa durée de vie prolongée jusqu’à 50 ans, sous couvert, évidemment, de l’autorisation de l’ASN*. 

Cette visite décennale s’apparente à un check-up complet de l’unité de production concernée avec l’intervention d’un millier de personnes pendant la phase d’arrêt de production, sachant que 70% du programme de travaux aura été réalisé en amont. Il s’agit essentiellement de modifications qui doivent garantir une sûreté des installations encore accrue. 

«Nous avons prévu la construction d’un dispositif de secours ultime actionnable depuis la salle de commandes, ou encore la mise en place de nouveaux circuits de refroidissement de la piscine d’entreposage du combustible semi-mobile qui seront capables, en cas d’accident extrême, de prendre le relais des circuits de refroidissement déjà existants. Nous procéderons aussi à la réalisation d’un test d’étanchéité de l’enceinte béton du bâtiment réacteur et du circuit primaire (en contact avec la radioactivité) de l’installation. Enfin, pour la première fois depuis la construction du site, nous allons également procéder au remplacement d’un tambour filtrant l’eau de mer de 60 tonnes», a détaillé Emmanuel Villard, directeur du site, lors de la conférence de presse.



En chiffres 

Avec six unités de production de 900 MW chacune (soit 5 400 MW au total), la centrale nucléaire de Gravelines est la plus puissante d’Europe de l’Ouest. En 2020, elle a produit 32,6 TWh, ce qui représente 10% de l’électricité produite en France. 

Y travaillent 2 000 salariés, auxquels s’ajoutent 1 100 prestataires extérieurs permanents. EDF estime également à 8 300 le nombre d’emplois induits. 

Entre 2014 et 2028, 4 milliards d’euros seront investis sur le site par EDF dans le cadre de son grand carénage (énorme programme de travaux qui doit permettre au site de recevoir l’autorisation d’exploiter de l’ASN au-delà de 40 ans).

En 2020, la centrale a reversé 114,3 millions de taxes au territoire ; 100 millions d’euros ont également été dépensés dans des entreprises des Hauts-de-France.