La centrale nucléaire de Gravelines continue d’investir massivement pour sa sûreté
Avec 32,71 TWh produits en 2024, la centrale a augmenté sa production d’électricité de 13,5%. Elle reste un acteur économique majeur du territoire avec 103 millions d’euros de taxes et redevances versées et 116 millions d’euros d’achats à des entreprises implantées en Hauts-de-France.
Emmanuel Villard, directeur de la centrale nucléaire de Gravelines, s’est montré très satisfait lors de la tenue du bilan annuel le 24 janvier dernier. Malgré un programme industriel chargé (cinq arrêts de réacteurs en 2024 pour rechargement de combustible ou pour visite partielle de maintenance préventive mais aussi pour la visite décennale du réacteur numéro quatre), la production a augmenté de plus de 13%, pour s’établir à 32,71 TWH, ce qui correspond à près de 70% de la consommation annuelle des Hauts-de-France. En 2025, le programme est encore plus chargé avec six arrêts au programme, le premier dès le 1er février.
Ce bilan a également confirmé combien la centrale reste un poumon économique pour le territoire : 1 931 salariés EDF, auxquels s’ajoutent 1 800 collaborateurs d’entreprises prestataires, soit une moyenne d’emplois directs, indirects et induits estimée à 14 500. Gravelines, ce sont aussi aussi 103 millions d’euros de taxes et redevances versées au territoire et 116 millions d’euros d’achats effectués dans des entreprises de la région.
En 2024, la centrale nucléaire a embauché 87 personnes, en grande majorité par le biais de l’apprentissage, qui reste la voix royale pour intégrer le site. Au contraire d’autres secteurs industriels, elle continue d’ailleurs d’exercer un fort pouvoir d’attractivité auprès des jeunes. Ainsi, lors du job-dating dédié à l’alternance organisé à Dunkerque en 2024, elle a reçu 1 300 candidatures pour… 98 offres. Les postes ont été pourvus à 100%.
Plus de 15 millions d'euros pour un nouveau centre de crise
Emmanuel Villard a également rappelé que quatre des six tranches (réacteurs) de la centrale nucléaire avait passé avec succès leur quatrième visite décennale et qu’elle était désormais en attente de la décision de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), seul organisme à pouvoir accepter (ou non) l’allongement de la durée d’exploitation à 50 ans, après tenue d’une enquête publique, comme le veut la procédure. Les réacteurs numéros cinq et six ne sont pas concernés pour le moment. Leur mise en service étant intervenue plus tardivement (1985), ils n’ont pas encore réalisé leur quatrième visite décennale.
Le directeur de la centrale n’a pas caché que les ambitions d’EDF étaient désormais de porter la durée de vie de ses centrales nucléaire à 60 ans, voire plus. Aux États-Unis, des centrales nucléaires de même conception que celle de Gravelines ont même déjà reçu l’autorisation de fonctionner jusqu’à 80 ans. Cette ambition apparaît d’autant plus cohérente que «la centrale nucléaire n’a jamais été aussi sûre, plus sûre en tous cas qu’au moment de sa mise en production en 1980», assure Emmanuel Villard qui rappelle les quatre milliards d’euros d’investissements consentis par EDF depuis 2014 et qui courent jusqu’en 2028 pour réaliser d’énormes travaux de maintenance (connus sous le nom générique de «grand carénage») pour améliorer toujours plus la sûreté nucléaire, en s’appuyant notamment sur le retour d’expérience de l’accident nucléaire majeur survenu à Fukushima au Japon en 2011.
Celui-ci a, par exemple, intégré l’installation de six Diesel Ultime Secours, d’un mur de protection périphérique contre les inondations ou encore d’un point d’eau ultime (en cours de réalisation), trois nouveaux dispositifs qui entreraient en service en cas d’accident nucléaire majeur dû, par exemple, à un tremblement de terre, à un tsunami ou à une tornade. Dans la même perspective, EDF consacre actuellement plus de 15 millions d’euros à la construction d’un centre de crise locale au sein même de la centrale nucléaire. Ce bâtiment bunker de 1 000 m2 pouvant accueillir jusqu’à 69 personnes en autonomie complète pendant 36 heures doit permettre de piloter et de gérer une crise majeure, en complémentarité avec les équipes présentes en salle de contrôle. Il sera terminé en 2026.