La CCI interpelle les acteurs économiques pour une nouvelle mobilité

La chambre de commerce et d'industrie Hauts-de-France lance «40 propositions pour une mobilité renouvelée». Ce livre blanc vise à créer un écosystème pour que la circulation des hommes et des marchandises devienne plus fluide et respectueuse de l'environnement.

De gauche à droite : Benoît Breux, Youness Lembaret et Philippe Hourdain.
De gauche à droite : Benoît Breux, Youness Lembaret et Philippe Hourdain.

Après le Medef Lille Métropole (voir édition du 14 février), c’est au tour de la CCI de s’emparer du sujet de la mobilité dans la région. Cette préoccupation n’est cependant pas nouvelle : «Nous avions déjà discuté d’un premier livre blanc en 2015-14», rappelle Philippe Hourdain. «J’ai été pessimiste sur les nouveaux moyens de se déplacer il y a quelques années», concède-t-il. Mais le président de la CCI Hauts-de-France a de nouveau espoir, si bien que la Chambre vient de publier un livret rassemblant «40 actions pour une mobilité renouvelée».

Un format évolutif

Écrit en collaboration avec une vingtaine de partenaires du monde économique (tels que Youness Lemrabet, dirigeant de Everysens, voir encadré), ce livre se veut être une «maquette évolutive». «C’est une base de réflexion qui vise à s’élargir avec le temps», indique Philippe Hourdain. Raison pour laquelle le fascicule n’est actuellement imprimé qu’en 25 exemplaires. «Il est à destination de tous les acteurs qui veulent participer à la démarche. Les institutions n’ont pas le poids unique sur les décisions», insiste-t-il.

La question de la mobilité ne devrait pas uniquement concerner la sphère privée du citoyen. Le livre souligne que les acteurs économiques doivent aussi s’en emparer ; 30% des émissions de CO2 sont dus aux déplacements et, parmi eux, une grande part correspond aux trajets quotidiens travail-domicile. Si Philippe Hourdain montre son engouement face à la croissance du recours au télétravail (la part de salariés y ayant recours dans la région est passée de 25% à 29% en deux ans), la priorité reste d’encourager le recours au covoiturage ou aux transports en commun. Encore faut-il travailler à la fluidité des systèmes déjà en place. «Nous voulons créer un réel écosystème autour de la mobilité. La ville intelligente est un sujet d’actualité sur lequel nous pouvons devenir en pointe. Ce sera d’ailleurs le thème CES à Las Vegas l’année prochaine», un événement sur lequel la Région est systématiquement représentée.

Inspiré de modèles qui ont fait leurs preuves

Le covoiturage ne représente aujourd’hui que 3% des déplacements travail-domicile dans la région.

«Pourquoi ne pas s’inspirer du système de BlaBlaCar et créer une application régionale, proposant du covoiturage de manière instantanée ? Il faudrait également prévoir des parking dédiés en centre-ville et pas seulement en périphérie», propose Benoit Breux, chargé de mission Aménagement Transport à la CCI Hauts-de-France. «Les récents mouvements sociaux, immobilisant notamment les transports en commun, ont créé un déclic chez les individus. Il faut en jouer, réfléchir à de nouvelles fonctionnalités dans les gares et les parkings, pour que le relais se fasse plus facilement et que des lieux de vie se créent autour», continue-t-il. Cette idée lui vient tout droit de l’observation de modèles déjà dressés dans d’autres villes européennes telles que Rotterdam.

Youness Lemrabet, quant à lui, indique payer l’intégralité de l’abonnement aux transports en commun à sa trentaine de salariés, plutôt que les 50% réglementaires. «C’est en étant chacun micro-acteur que les choses bougeront», encourage dans ce sens Philippe Hourdain.

Le livre sera remanié régulièrement.

La proposition de Youness Lemrabet, fondateur et dirigeant de Everysens

Présent à la présentation des 40 propositions pour la mobilité de la CCI Hauts-de-France. Youness Lemrabet a fait part de sa propre expérience sur le sujet. Sa start-up, hébergée à EuraTechnologies, vise à fluidifier les chaînes de transport de marchandises grâce à la gestion data. «La logistique, c’est faire le plus avec le moins. En moyenne, un wagon de marchandises n’est chargé et en marche que pendant 10% de sa durée de vie. Le reste du temps, il dort. Le principe est de mobiliser moins de wagons, mais de les utiliser de manière optimale, en suivant leur parcours et en informant les clients de leur utilisation pour partager les trajets», résume-t-il simplement. La méthode assure plus de rapidité de transport et moins de pollution. Elle pourrait être adoptée en région.