La cathédrale de Dax ou la coûteuse rénovation du patrimoine religieux
Une facture à 24 millions d'euros: le coût de la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Dax, bien trop lourd pour cette commune de 22.000 habitants, illustre l'ampleur du...
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Une facture à 24 millions d'euros: le coût de la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Dax, bien trop lourd pour cette commune de 22.000 habitants, illustre l'ampleur du chantier de restauration du patrimoine religieux.
La ministre de la Culture Rachida Dati a relancé le débat en octobre en suggérant de faire payer 5 euros par visiteur de Notre-Dame-de-Paris pour récolter 75 millions d'euros afin de sauver "toutes les églises de Paris et de France", alors que 3.000 d'entre elles sont "en souffrance" selon l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR).
Le diocèse de Paris a défendu le principe de "gratuité du droit d'entrée dans les églises et les cathédrales", mais la ministre a dit le mois dernier toujours espérer "le convaincre" lors d'un déplacement consacré à l'annonce du financement "intégral" par l’État des 22 millions d'euros nécessaires à la restauration de la flèche de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon.
Cette dernière a la chance d'être l'une des 87 en France appartenant à l'Etat, contrairement à celle de Dax, aussi appelée Sainte-Marie.
Dans les Landes, c'est la cathédrale d'Aire-sur-l'Adour, siège historique de l'évêché, qui a ce statut.
Petites arbres sur la façade
La charge de l'entretien de Notre-Dame de Dax revient donc à la commune propriétaire, comme pour une soixantaine d'autres cathédrales françaises construites avant 1905 et la loi de séparation de l’Église et de l'Etat.
"Il faut prendre le taureau par les cornes" après des décennies de problèmes d'étanchéité et de défaut d'hygiène sanitaire qui ont "impacté des voûtes et retables de grande valeur parfois à grandes eaux", estime Richard Duplat, architecte du patrimoine qui a fait le diagnostic de cette "cathédrale classique, très bien réglée et maîtrisée à l'intérieur".
Son agence spécialisée dans le patrimoine ancien a chiffré la rénovation globale à 23,9 millions d'euros, pour redonner l'éclat à l'édifice dont certains vitraux sont restés blancs depuis le XIXe siècle, déjà "par manque d'argent".
Un montant similaire au budget de la future salle de spectacles de l'agglomération dacquoise.
Premier objectif: renforcer l'ouvrage, qui n'est toutefois pas en péril, avec dès cette année des travaux d'urgence sur la protection anti-incendie (porte coupe-feu et système de sécurité), ainsi que sur la toiture pour parer aux plus grosses infiltrations alors que des petits arbres poussaient sur la façade il y a peu.
"L'enveloppe totale est énorme à l'échelle de la commune dont le budget annuel d'investissement est d'entre 7 et 9 millions d'euros. Il faudra étaler ça sur plusieurs années selon le degré d'urgence et en fonction de l'accompagnement obtenu auprès de cofinanceurs. Le fait que l'église soit classée nous facilite le dialogue avec l'Etat via la Drac (Direction régionale des affaires culturelles)", assure le maire Julien Dubois à l'AFP.
Réglementer les diagnostics
La cathédrale, construite entre le XVIIe et le XIXe siècle, est en effet classée, depuis 1946, aux Monuments historiques, tout comme son Portail des apôtres, dernier vestige de l'église gothique du XIIIe siècle, classé, lui, depuis 1884.
La Ville espère donc obtenir un financement de l'Etat à 50 %, tout en faisant appel à d'autres collectivités et institutions et à du mécénat comme ce fut le cas (quelques dizaines de milliers d'euros) pour la rénovation de la basilique antique de cette cité gallo-romaine qui a rouvert en fin d'été.
S'il estime que la commune doit bien "contribuer pour ce monument emblématique qui suscite énormément de visites", notamment des curistes de cette ville thermale, Julien Dubois voit aussi "d'un bon œil" l'idée avancée par Rachida Dati de faire payer les touristes de Notre-Dame de Paris.
"On pourrait accompagner beaucoup de cathédrales comme la nôtre. Sinon le financement est très, très compliqué à boucler", explique le maire.
Édouard de Lamaze, président de l'Observatoire du patrimoine religieux, défend aussi cette option, en ciblant ces fonds potentiels vers les cathédrales communales.
Mais il juge aussi nécessaire de "mettre de la réglementation sur ces diagnostics qui deviennent démentiels". "Les travaux qu'on impose aux maires, parfois inutiles, sont beaucoup trop élevés et faits à la louche par ceux qui vont ensuite les réaliser ! Il faut revenir sur terre", dit-il.
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