La CAD ouvre ses portes à Goodman Group

Par ces temps moroses, la communauté d’agglomération du Douaisis a saisi une belle opportunité en proposant au groupe australien Goodman les 46 hectares restants du parc d’activité de Lauwin-Planque. Le groupe international va construire quatre bâtiments dans un ensemble de plus de 200 000 m2 en location et créer, a minima, 800 emplois. Il veut aller vite pour, d’ici trois ans, poser les bases durables d’un développement à taille européenne dans la région où il estimait devoir faire beaucoup plus.

Assistée par l’étude notariale Allard la CAD a signé six contrats avec Goodman (conseillé par l’étude Le Breton et Associés).
Assistée par l’étude notariale Allard la CAD a signé six contrats avec Goodman (conseillé par l’étude Le Breton et Associés).

 

Sous l’oeil du sous-préfet Hervé Malherbe (à gauche), Christian Poiret et Philippe Arfi signent le premier contrat de vente.

Sous l’oeil du sous-préfet Hervé Malherbe (à gauche), Christian Poiret et Philippe Arfi signent le premier contrat de vente.

La nouvelle est tombée brutalement le 21 juin : la CAD signait avec le groupe Goodman une vente (24 000 m2) et une promesse de vente (21 000 m2) des derniers terrains disponibles sur ce parc d’activité de Lauwin- Planque, désormais plus grand que Delta 3 dont il n’est distant que de six minutes en voiture. Cette proximité avec le bassin d’emploi du Pas-de-Calais et les échanges logistiques entre plates-formes n’est qu’un des éléments qui ont, après une longue étude de foncier et ses possibilités, décidé l’investisseur australien à s’ancrer dans le Douaisis. Pour les politiques, l’intérêt est bien entendu d’accueillir une activité de flux permanents à taille européenne, de valoriser son dynamisme et de favoriser un emploi durement frappé puisque le chômage atteint environ 32 000 personnes dans le Douaisis dont beaucoup de jeunes non formés. Pour l’investisseur, il s’agit de démarrer un nouveau pôle d’activité dans une région de l’Europe septentrionale promise à un grand avenir car dotée de beaucoup d’atouts et pas seulement géographiques.

Une méthode qui fait ses preuves. Goodman Group n’est en effet pas n’importe qui. Peu présent dans notre région où il n’a d’activités que sur des ZA proches de Lomme et Wattrelos, il est cependant très présent chez nos voisins belges et dans dix autres pays d’Europe. Au total, ce sont dix-sept nations mondiales qui accueillent l’enseigne d’origine australienne, qui s’est développée au fil des ans par des rachats constants d’entreprises d’immobilier en logistique et d’aménagement ou de création de PA. Après l’Asie, Goodman est passé à l’Europe, déplorant de ne pas être plus présent dans notre région, véritable hub routier et ferroviaire. Selon le magazine PropertyEU, Goodman est numéro un européen et deux mondial dans l’immobilier logistique et la création de parcs d’activité sur la base des surfaces en mètres carrés développées sur la période 2009-2011. Ses actifs mondiaux sous gestion sont d’ailleurs évalués à 14,8 milliards d’euros et sa capitalisation boursière est de 3,4 milliards d’euros (cf. encadré). Il faut dire que l’Australien s’appuie sur une méthode 100% maison : il fait tout lui-même ! Négociation et financement du foncier, construction et conception des bâtiments ensuite loués, il reste propriétaire et gestionnaire. Le tout à partir d’une plate-forme Europe qui comprend un siège de groupe à Bruxelles et des directions nationales. En France, ses trois pôles sont Paris pour le desk général, Lyon et Marseille pour l’activité. Et maintenant, le Douaisis qui devient une autre base de lancement d’activités.

Une course contre la montre. L’investissement privé est totalement assuré par Goodman, qui possède aussi ses propres fonds via le GELF (Goodman European Logistic Funds) crédité de 300 M€ (après avoir racheté le fonds ING Industrial Funds de 1,1 milliard d’euros). Sur cette opération, 200 000 m2 sont construits, “ce qui est assez rare” commente le directeur du développement Philippe Arfi. L’esprit qui préside à cette installation est très clair, explique encore M. Arfi : “Nous voulons dès que possible être au contact de la clientèle et lui offrir des solutions. Quatre bâtiments allant de 29 000 m2 à 83 000, indépendants à tous points de vue, offrant 38 emplacements et un millier de places de parking, dus à l’architecte Agence Franc, doivent être disponibles le plus tôt possible.” Le calendrier est serré, Goodman se donne trois ans maximum pour démarrer vraiment l’activité : dépôt du permis de construire (un par bâtiment) le 13 juillet 2012, et des demandes d’autorisation d’exploiter ICPE. En janvier 2013, les permis peuvent être accordés ; en avril les arrêtés préfectoraux ICPE CODERST pris, le premier des quatre bâtiments sortirait de terre mi-2013. Goodman ne cache pas qu’il espère aller plus vite encore, ce que le sous-préfet du Douaisis, Hervé Malherbe, prend en considération mais sans aller beaucoup plus loin. Il admet que certaines phases administratives peuvent effectivement être accélérées, d’autres pas. La concurrence est en effet rude entre les territoires – et, pour être plus précis, entre les collectivités territoriales –, pour offrir aux investisseurs des calendriers administratifs compressés. C’est pour l’industriel un aspect très important de son dossier d’implantation.

Assistée par l’étude notariale Allard la CAD a signé six contrats avec Goodman (conseillé par l’étude Le Breton et Associés).

Assistée par l’étude notariale Allard la CAD a signé six contrats avec Goodman (conseillé par l’étude Le Breton et Associés).

Des valeurs ajoutées de part et d’autre. Goodman a aussi une philosophie… “Nous ne nous contentons pas de construire et de louer, dit M. Arfi. Nous accompagnons dans tous les aspects l’installation du client dans ses nouveaux locaux. Une fois les clés remises, nous ne disparaissons pas mais nous restons à l’écoute de ses besoins et nous intervenons sous toutes formes. Cette valeur ajoutée est capitale parce que nous voulons que le client se sente chez lui.” Et d’ajouter que jusquelà, jamais Goodman n’a trouvé une telle écoute auprès des élus territoriaux et qu’il a fallu une longue comparaison des solutions foncières pour finalement choisir le Douaisis et ce parc d’activité, le plus grand des 18 que possède la CAD. Cette dernière a elle aussi travaillé durement à ce dossier, le plus compliqué étant de conserver jusqu’à la signature la confidentialité. Pour Christian Poiret, la réussite est totale : “C’est du travail en équipe dont je suis le plus fier, avec notamment la présence de l’Etat à la table de négociation, indispensable pour rassurer l’investisseur notamment. La CAD engage 7,5 M€, surtout via des VRD à retravailler, créer deux accès à cette partie du parc d’activité et mettre en chantier une desserte routière nouvelle, en particulier pour les salariés. Nous avons voulu avec Goodman, même si cela ne figure pas dans le contrat, que le bassin d’emploi sensibilisé soit le plus proche possible. Grâce à notre partenariat avec Pôle emploi, qui a été un succès quand Kiabi est venu chez nous, nous formons à la logistique des centaines de jeunes demandeurs d’emploi : 800 emplois directs, 300 indirects, dit l’investisseur. Je suis persuadé qu’on ira bien au-delà ! Des possibilités d’extension de ce parc existent et seront étudiées. Nous prouvons que par des temps difficiles, nous sommes encore capables de répondre aux attentes d’un grand industriel.

Une situation stratégique. Le vice-président de la CAD chargé du développement économique, Lionel Courdavault, résume bien cette opération exemplaire dont il faut savoir qu’elle était déjà plus ou moins dans les esprits quand il s’est agi de voter le Plan pluriannuel d’investissement (qui dégageait préventivement 900 000 € pour une amélioration des voiries). Sans oublier les exigences, communes à toutes les ZA de la CAD, à respecter en matière de développement durable et de recyclage des eaux que Goodman a acceptées. Le vice-président estime que la CAD a démontré qu’elle était maintenant capable d’accueillir de tels géants, ce qui donne bien des idées… Quant à Goodman, il table énormément sur la situation géographique de la région et du Douaisis pour rayonner sur l’ensemble d’une zone d’échanges perpétuellement active, allant du Kent aux frontières avec le Benelux et l’Allemagne, et l’ouverture vers le Sud de la France où il est déjà présent.