Économie circulaire

L'insecte au cœur d'une filière circulaire chez Innovafeed

Innovafeed est le leader de la production et de la transformation d’insectes en ingrédients de haute qualité. Ce nouvel acteur économique local a une vision globale de l'écosystème. Chez Innovafeed, l’insecte est au cœur d’une nouvelle filière agricole zéro-déchet, circulaire et créatrice d’emplois durables.

Aude Guo, co-fondatrice d'Innovafeed qui développe des procédés innovants d’élevage et de transformation d’insectes à grande échelle.
Aude Guo, co-fondatrice d'Innovafeed qui développe des procédés innovants d’élevage et de transformation d’insectes à grande échelle.

L'entreprise biotechnologique Innovafeed, fondée en 2016, développe des procédés innovants d’élevage et de transformation d’insectes à grande échelle. Elle commercialise des ingrédients dérivés d’insectes à destination de la nutrition animale et en particulier de l’aquaculture : de la farine, de l'huile, ainsi que de l'engrais issues de l'élevage d'insectes. 

Elle dispose de deux usines de production dont une à Nesle dans la Somme. « Nous avons aussi une nouvelle implantation aux États-Unis dont l'inauguration se fera à la fin de l'année. C'est un gros jalon vers 2023, début de la production. Pour le site picard, nous continuons nos opérations, c'est le plus gros site en élevage d'insectes au monde sur un modèle très vertueux », rappelle Anne-Cécile Marie, directrice des Adjacences technologiques chez Innovafeed, où l’insecte est au cœur d’une nouvelle filière agricole zéro-déchet et circulaire. 

Zéro-déchet car l’intégralité de l’insecte est valorisé avec l’huile d’insecte pour l’alimentation des porcs et des volailles, la protéine pour l’alimentation aquacole et le lisier d’insecte comme engrais organique. Circulaire car l’insecte permet de valoriser des co-produits agricoles dont il extrait les nutriments essentiels pour l’alimentation animale et végétale. Elle est aussi créatrice d’emplois, car en quatre ans, Innovafeed c’est plus de 100 emplois directs créés dans ce territoire des Hauts-de-France.

Innovafeed développe des procédés innovants d’élevage et de transformation d’insectes à grande échelle. Elle commercialise des ingrédients dérivés d’insectes à destination de la nutrition animale et notamment de l’aquaculture.

Un défi économique et environnemental

Après un premier site pilote à Gouzeaucourt (Nord), le second, situé à Nesle (Somme), est l'unité de production avec le plus grand élevage au monde sur plus de 20 000 m² adossé à l'amidonnerie du géant agroalimentaire Tereos. 

Sur les 100 000 tonnes de nutriments fabriqués à partir de matière première vivante, que sont des larves de mouches élevées sous atmosphère contrôlée, 15 000 tonnes sont des protéines transformés en granulés pour les truites, crevettes, volailles et depuis peu les porcs. Le reste des produits se décline sous forme d'engrais, de poudre de larves et d’huile riche en acides gras. 

« C'est la concrétisation de six années de travail pour répondre à un enjeu simple et pourtant si compliqué à mettre en œuvre : produire plus pour accompagner l'essor des populations tout en protégeant l'écosystème, la biodiversité et le climat. Rappelons que l’Europe importe 70% de protéine pour nourrir les animaux, la France 50% », souligne Aude Guo, co-fondatrice d'Innovafeed, diplômée de Ponts et Chaussées, passée chez Safran et McKinsey. En 2020, l'entreprise a levé 140 millions d'euros pour déployer son modèle à l'international. Il sera dans l'Illinois aux États-Unis, pour construire une usine en partenariat avec ADM, un géant de l'agro-industrie. Le tout grâce aux protéines Hermetia illucens de la mouche soldat noire.

L’intégralité de l’insecte est valorisé avec l’huile d’insecte pour l’alimentation des porcs et des volailles, la protéine pour l’alimentation aquacole et le lisier d’insecte comme engrais organique.

Une technologie de rupture développée en synergie

L'usine samarienne, nouvelle génération, s’organise quant à elle en symbiose industrielle avec les acteurs locaux déjà existants, comme la centrale de cogénération biomasse opérée par Kogeban. Un partenariat stratégique vertueux permettant à Kogeban d’optimiser son rendement thermodynamique en recyclant une énergie fatale jusqu’alors non valorisée et à InnovaFeed de s’approvisionner durablement en énergie, dont 60% provient de l’énergie fatale recyclée et 40% d’énergie localement issue de biomasse. 

La valorisation locale en boucle courte de ressources et de compétences est le pilier du modèle industriel d’InnovaFeed. « Cela donne à notre projet toute sa dimension humaine et sociétale. Cette filière circulaire et zéro-déchet permet de recycler plus de 300 000 tonnes de coproduits agricoles par an. Chaque année sur notre usine, c’est 57 000 tonnes de CO2 économisées », poursuit Bastien Oggeri, co-fondateur d'Innovafeed, qui se réjouit avec ses équipes de la création de cette filière de protéines à base d’insectes, filière d’avenir pour la sécurité alimentaire mondiale et dans laquelle la France dispose de deux champions industriels en puissance.

Produire des insectes à forte valeur ajoutée

Comment produire plus pour accompagner l'essor des populations tout en protégeant l'écosystème, la biodiversité et le climat ? Tel est le défi que s'est donné Innovafeed. L'alimentation représente 1/ 5 des émissions carbone. 

La production d’insectes s’est progressivement imposée comme un complément au sourcing traditionnel, avec un usage largement développé dans l’alimentation animale, en particulier en Europe depuis l’autorisation de l’utilisation de la protéine en aquaculture donnée par l’Union Européenne le 1er juillet 2017. Le marché de la protéine d’insecte représente un marché considérable estimé à 30 millions de tonnes en 2030 pour lequel l’offre est encore très limitée.