L'impasse politique perdure à mi-trêve, Macron prépare l'après-JO

A mi-chemin de la "trêve", l'impasse politique perdure. Faute d'avancée des tractations en coulisses, Emmanuel Macron pourrait reprendre l'initiative à l'issue des Jeux olympiques, en nommant un Premier ministre qui exhalerait une "odeur de...

Emmanuel Macron et le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin avec les policiers et gendarmes chargés d'assurer la sécurité des JO, à Paris le 27 juillet 2024 © Yves Herman
Emmanuel Macron et le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin avec les policiers et gendarmes chargés d'assurer la sécurité des JO, à Paris le 27 juillet 2024 © Yves Herman

A mi-chemin de la "trêve", l'impasse politique perdure. Faute d'avancée des tractations en coulisses, Emmanuel Macron pourrait reprendre l'initiative à l'issue des Jeux olympiques, en nommant un Premier ministre qui exhalerait une "odeur de cohabitation" pour tenter de bâtir une coalition.

Le président avait décrété le 22 juillet une "trêve olympique et politique": aucune nomination pendant les Jeux de Paris, rendez-vous donc "mi-août". Parallèlement, il avait appelé les forces politiques "républicaines" à profiter de cette pause pour faire des "compromis".

Parti le 28 juillet pour la résidence présidentielle du fort de Brégançon, il est revenu à Paris vendredi pour soutenir les athlètes "qui font vibrer et rayonner la France", à commencer par les cavaliers "dans le cadre unique des jardins de Versailles", selon l'Elysée.

Sur le plan politique, "il laisse la situation se décanter", dit l'un de ses interlocuteurs.

Sans grand résultat, jusqu'ici.

Le Premier ministre Gabriel Attal, démissionnaire, est à la manoeuvre mais pour l'instant, le PS et La Droite républicaine de Laurent Wauquiez n'entendent pas négocier une quelconque coalition.

A gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête des législatives mais loin de la majorité absolue, continue de faire bloc et réclame de gouverner. 

A droite, des signes d'ouverture ont été émis, avec le "pacte législatif" de Laurent Wauquiez, qui exclut toutefois de participer à un gouvernement et même à une coalition.

Insuffisant pour garantir une majorité stable dans une Assemblée nationale éclatée en trois blocs, tranchent des ténors macronistes.

Un nom vers le 20 août?

"Arithmétiquement, une coalition de gens raisonnables de la droite aux communistes, en évitant La France insoumise et le Rassemblement national, c'est la seule possible", résume le ministre démissionnaire Roland Lescure.

Face au blocage, que va faire Emmanuel Macron?

Le scénario qui émerge, c'est qu'il reprenne la main en nommant un Premier ministre après les JO, peut-être autour du 20 août.

Il ne s'agirait pas de Lucie Castets, la candidate du NFP qui continue de mettre en scène sa préparation, avec un nouvel échange vendredi avec les chefs des quatre partis de l'alliance de gauche. Le chef de l'Etat a déjà balayé son nom. Ni d'un membre de son propre camp, dont il a reconnu la défaite.

Pour les stratèges élyséens, l'impétrant doit exhaler "une odeur de cohabitation" pour avoir une chance de réussir, selon la formule d'un proche du président.

Ce Premier ministre s'installerait à Matignon pour recevoir les chefs des partis, s'enquérir de leurs lignes rouges et tenter de dégager des convergences. Ce que le président n'a pas fait lui-même depuis les législatives.

La piste Tubiana

"Il faut scénariser, que les Français voient la fabrique d'une coalition", plaide un ministre démissionnaire.

Cela peut prendre du temps, et les membres du gouvernement resteraient chargés des affaires courantes, à l'exception d'un Gabriel Attal libéré de ses fonctions.

Dès lors, la machine à faire circuler des noms s'est remise en route, certains étant persuadés qu'Emmanuel Macron a déjà son candidat en tête.

Le nom du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand circule, d'abord car il multiplierait les appels du pied en coulisses, ensuite car des ministres démissionnaires en ont tressé les louanges publiquement, à l'instar de Gérald Darmanin ou de Sabrina Agresti-Roubache. Avec l'aval de l'Elysée, dit-on de source macroniste.

Mais cette figure de la droite est considérée comme un rival par Laurent Wauquiez, dont les troupes pourraient ne pas suivre. Son nom risquerait en outre de braquer le centre-gauche.

Certains imaginent le chef de l'Etat regarder du côté de l'ex-président de la région Grand Est Jean Rottner, issu des Républicains.

D'autres le voient miser sur une figure de gauche, ou susceptible de plaire aux socialistes voire aux écologistes, pour les pousser à se séparer des Insoumis.

Et pourquoi pas l'économiste Laurence Tubiana, diplomate du climat, dont le nom avait été proposé au sein du NFP par le PS et qui s'était dite disponible, avant de buter sur le refus de LFI? Dans la Macronie certains y voient un moyen d'ouvrir une brèche dans l'alliance de gauche.

Mais un ministre met en garde: "il y a un risque que tout nom qui serait proposé par Macron soit rejeté".

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