Construction-Immobilier
L’immobilier d’entreprise continue sa mue
Dans un climat conjoncturel toujours tendu et aux perspectives incertaines, l’immobilier d’entreprise dans la région confirme son adaptation engagée depuis quelques années histoire de répondre à une demande disparate. Le tout avec les récurrentes interrogations sur l’offre réelle et le redondant manque de foncier.
La construction non résidentielle décroche ! Constat établi par le Conseil économique social environnemental Grand Est (Ceser) dans son dernier tableau de bord sur la conjoncture économique et sociale dans la région Grand Est paru à la fin de l’année dernière. «Les autorisations de construction de locaux ont faibli au deuxième trimestre 2024 encore plus que lors des précédents exercices (- 21 % les quatre derniers trimestres contre - 9 % précédemment), même si elles se situent encore à un niveau plutôt élevé avec 2,9 millions de m² sur un an», note le Ceser.
«Les ouvertures de chantiers de locaux reculent de 5 %, notamment à cause d’un deuxième trimestre 2024 très peu dynamique (380 000 m², plus faible stock depuis 2020).» L’organisme temporise, histoire de ne pas trop noircir le tableau ! «il est à noter qu’avec 2,2 millions de m² de locaux construits sur l’année 2023, le Grand Est enregistrait les surfaces contractuelles les plus élevées depuis près de dix ans.»
D’un point de vue géographique ! «à la faveur de plusieurs implantations, l’Aube affiche presque un doublement des constructions sur un an, alors que la Moselle et la Meuse résistent (respectivement + 16 % et + 5 %), les sept autres départements montrent un repli de la construction, le plus important étant affiché en Haute-Marne (- 56 %), suivi des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle (- 31 %).»
Cette donne générale sur l’état de la pierre entrepreneuriale n’est pas nouvelle mais elle est aujourd’hui scrutée de près par les observateurs car elle s’affiche comme un indicateur à surveiller.
Gisements dormants
«Si les entreprises n’arrivent plus à accéder à des locaux, elles ne pourront tout simplement pas se développer», prévenait lors de la présentation de ce tableau de bord, Marie-Claude Briet-Clémont, présidente du Ceser Grand Est.
La récurrente question de l’offre est de nouveau remise en avant. Le vieil adage, «c’est l’offre qui entraîne la demande» que la quasi-totalité des commercialisateurs de biens entrepreneuriaux ont à la bouche, s’affiche comme une doléance récurrente.
«L’absence, où la quasi absence d’offres neuves et surtout l’absence de foncier sont préjudiciables», assurait un commercialisateur nancéien lors d’une table ronde sur l’immobilier tertiaire dans l’agglomération nancéienne, mi-décembre, à l’occasion des premières Assises de l’Économie et de l’Attractivité de la Métropole du Grand Nancy.
«Toute l’offre neuve sur
l’agglomération nancéienne a été absorbée.» C’est
aujourd’hui sur les périphéries que les champs des possibles
semblent se concentrer.
Une redistribution des cartes territoriales apparaît donc bien présente. «Les métropoles travaillent aujourd’hui en réciprocité avec les autres territoires», assurait un participant aux Assises de l’Économie et de l’Attractivité de la Métropole du Grand Nancy. Face à ce manque, jugé cruel, de foncier, son optimisation est aujourd’hui la voie suivie. «Sur l’agglomération nancéienne, comme ailleurs, il faut optimiser l’utilisation du foncier en lui donnant une nouvelle visibilité. Des gisements dormants existent, comme des réserves foncières d’entreprises et dans la logique de zéro artificialisation des sols, le gros des travaux pourrait se focaliser sur la réhabilitation de l’existant», explique le directeur du pôle Economie d’une agence de développement.
Les opérations de réhabilitation d’immeubles existants ne sont plus actuellement de simples tendances, elles s’affichent comme une réponse à la mutation engagée. Plusieurs foncières et promoteurs en ont fait leur spécialité à l’image du Groupe BMG. Cette foncière, spécialisée dans la réhabilitation de friches et d’immobilier tertiaire, a fait de l’agglomération nancéienne, l’une de ses cibles privilégiées. Elle est déjà présente à Laxou avec son pôle Le Phénix ( 3 500 m²) et la Passerelle (12 000 m²) ou encore dans le quartier des Rives de Meurthe à Nancy avec le Skyline (3 800 m²). Elle est en train de finaliser son projet Pégase (livraison en 2026), un immeuble de bureaux de 4 155 m² sur l’ancienne friche immobilière de Laxou de l’avenue du Rhin et de la rue de la Vologne. Des offres de bureaux mais aussi de locaux d’activités et notamment en entrée de ville. Elle a livré, mi-novembre, onze cellules d’activités sur une ancienne friche de la rue du Mouzon à Laxou.
Le salut de la réhabilitation
Ce type d’opérations tend à se multiplier histoire de pouvoir proposer une offre à une demande qui se veut toujours bien présente. Dans le neuf, les opérations n’apparaissent pas légion mais certaines sortent des cartons.
Dans l’agglomération nancéienne, l’offre neuve s’opère notamment du côté de la zone Brabois-Forestière sur le territoire de la commune de Chavigny en prolongement du technopôle Henri Poincaré sur le plateau de Brabois le long de l’A33 où des programmes neufs se concrétisent. L’aménagement de la deuxième tranche de cette zone est en cours de réalisation (les travaux sont réalisés par la SEBL Grand Est, concessionnaire de la ZAC pour le compte de la Communauté de communes de Moselle et Madon), la livraison est annoncée cet été. Côté prospectives, les futures friches hospitalières au cœur de ville de Nancy liées au vaste chantier du «nouveau» CHRU de Lorraine devraient apporter leur lot d’offres. Une nouvelle bouffée d’oxygène pour le secteur ? L’ensemble des acteurs l’espère...
Observatoire de l’immobilier d’entreprise ! on en reparle
Pour un Observatoire de l’immobilier d’entreprise dans l’agglomération nancéienne ! Le sujet a été remis en avant à l’occasion des premières Assises de l’Économie et de l’Attractivité de la Métropole du Grand Nancy, mi-décembre, lors d’une table ronde sur l’immobilier tertiaire. Cet outil a existé il y a quelques années mais aujourd’hui impossible (ou presque) d’obtenir une mise en commun des chiffres de l’ensemble des professionnels du secteur, certains mettant en avant la confidentialité de certaines opérations.