L’immense enjeu de la reprise d’entreprise en Moselle

500 000 à 800 000 entreprises devraient être cédées dans les dix ans à venir en France. Mais le tissu économique est composé à 80 % d’entreprises de moins de deux salariés et certaines sociétés sont non transmissibles quand d’autres sont cédées à la famille du dirigeant ou aux salariés. Conséquence : seules 5 000 à 7 000 transactions annuelles sont enregistrées. Pour une entreprise à céder, cinq repreneurs sont sur les rangs. En Moselle, 30 % des dirigeants mosellans ont 50 ans ou plus. L'industrie est dans le département le secteur le plus concerné par le vieillissement de ces chefs d'entreprise. Dans cette branche, le solide statut juridique de ces entités devrait permettre de poursuivre l'activité. En revanche, l'absence de repreneurs pourrait remettre en cause la pérennité même de nombreuses entreprises. La transmission des commerces est ainsi un enjeu pour le maintien d'activité en zone rurale. Le secteur de la construction est lui porté vers un dynamisme de créations, ce qui devrait à l'avenir pallier son vieillissement. Un moyen d'assurer une transmission d'entreprise est d'en promouvoir la reprise.

Préparer à l'entrepreneuriat en amont

À partir de ce postulat, l’initiative lancée par Alexis Grand Est trouve toute sa pertinence. L’organisme d’accompagnement à la création et reprise d’entreprise a été retenu par le Fonds social européen afin de mener un projet expérimental dénommé «Passeport pour la reprise d’entreprise». L’ambition d’Alexis Grand Est est synthétisée en ces termes : «Face aux nombreux départs en retraite programmés de dirigeants d’entreprise dans les prochaines années, mais aussi compte-tenu du contexte économique et sanitaire qui va certainement générer de nombreuses défaillances, notre programme vise à proposer une alternative aux futures pertes de savoir-faire sur nos territoires et à créer un corps de repreneurs potentiels.» Le projet explicité s’adresse aux demandeurs d’emploi envisageant l’entrepreneuriat comme projet professionnel. «Passeport pour la reprise d’entreprise», intégralement pris en charge pour les participants, est structuré en plusieurs étapes. D’abord, sensibiliser des personnes souhaitant créer une entreprise à envisager la reprise d’entreprise. Les personnes intéressées bénéficieront d’un premier niveau d’information leur précisant le parcours d’un repreneur et les avantages de la reprise d’entreprise. L’objectif est de donner ce premier niveau d’information à 200 personnes.

Maintenir l'outil productif

Second échelon : accompagner 50 candidats repreneurs à la bonne définition de leur projet professionnel, à déterminer les caractéristiques de leur entreprise «idéale», mais également leur permettre de suivre une première série de formations visant à renforcer leurs compétences managériales. Enfin, à l’issue de cette phase, 35 repreneurs seront sélectionnés afin de poursuivre le programme et bénéficieront d’un accompagnement individuel visant à finaliser leur projet. Avec un soutien à identifier avec eux une entreprise cible à reprendre s’ils n’en ont pas encore sélectionné. Des thématiques touchant au marketing/commercial, à la gestion, au juridique seront travaillées. Se traduira ensuite avec le candidat le lien avec le cédant de l’entreprise identifiée dans un rôle de médiation afin que la confiance puisse s’établir entre les parties, ce jusqu’à la finalisation du projet. En parallèle des modules de formation spécifiques à la reprise d’entreprise seront proposés à ces repreneurs potentiels ainsi constituée. La Moselle a dans ce projet toute sa part à prendre. Ces entrepreneurs se situent en majorité dans la tranche d'âge des 40-44 ans. Avec un âge moyen de 46 ans. À partir de 57 ans, le nombre de chefs d'entreprise diminue. Comme les salariés, les dirigeants cessent fréquemment leur activité à partir de 60 ans. Dans le département, moins d'un sur dix a au moins 60 ans. On saisit aisément l'enjeu : la transmission est un défi majeur pour maintenir le tissu productif.