L’horizon des défaillances d’entreprises en Moselle en 2022

Après 18 mois de chute quasi ininterrompue des faillites et de politique du «quoi qu'il en coûte», la tendance va-t-elle s'inverser avec le resserrement des aides sur certains secteurs ? Pour l’heure, les observateurs de la vie économique ne voient pas de tsunami de défaillances d’entreprises dans les mois à venir. L’abandon progressif des dispositifs de soutien - une partie des mesures étant reconduites dans le plan de sortie de crise - ne devrait pas avoir d’effets cataclysmiques.

2022, année de normalisation ?

En Moselle, on a recensé 347 défaillances en 2021, contre 393 en 2020 et 713 en 2019. Ici, comme ailleurs, l’état d’esprit des employeurs, mesuré par le ministère du Travail, n’a pas été altéré dans le contexte de la vague Omicron. En ce début d’année, la grand majorité d’entre eux excluait totalement des licenciements. Les aides ciblées serviront - une nouvelle fois - de parachute. À l’heure actuelle, ce sont davantage les difficultés d’approvisionnement, la pénurie et la hausse des matériaux qui sont au cœur des attentions de Bercy. Si de tempête il ne saurait s’agir, on observe toutefois, quant à la Moselle, quelques signes de retournement de situation laissant à penser qu’un plancher de défaillances a été atteint. Depuis octobre, le nombre en cumul glissant sur douze mois a été sur les quatre derniers mois de 2021 de 342, 345, 346 et 347. À l’été, il atteignait encore de 358 à 376. C’est un effet logique et observé au niveau national. En clair, à plus ou moins court terme, les défaillances vont sans doute repartir à la hausse, avec un retour des procédures collectives. En somme, 2020 et 2021 resteront anormalement basses. On sait pourquoi. En 2022, la croissance demeurera soutenue, l’inflation et les tensions de recrutement seront des facteurs amenant l’économie à se normaliser.

Un effet domino depuis deux ans

En France, le nombre de défaillances l’an passé a été de quelque 27 000. Les prévisions en attendent 40 000 cette année. Elles étaient 31 268 en 2020, 51 059 en 2019, 53 942 en 2018 et 54 470 en 2017. En définitive, plusieurs indicateurs dicteront l’évolution des défaillances d’entreprises dans les mois à venir : la dynamique de la reprise mondiale, le rythme de retrait des mesures publiques de soutien (cet élément est crucial car de nombreuses entreprises demeurent encore actuellement en situation de fragilité, au risque de se retrouver en situation de défaut de paiement. C’est le cas des entreprises déjà souffreteuses avant le début de la crise et soutenues artificiellement par les mesures publiques d’aides, mais aussi des entreprises fragilisées par l’explosion de la dette), la détérioration de la santé financière des entreprises et enfin le boom des créations d’entreprises. Sur ce dernier point, il s’agit d’un effet mathématiques. L’augmentation du nombre d’entreprises accroît celui des entreprises à risque. C’est notamment le cas dans les secteurs où des entreprises ont vu le jour - livraison à domicile -, mais dont la viabilité est incertaine. Cette économie d’opportunité et d’adaptation à une situation de crise aura-t-elle les ressources pour se pérenniser quand «les jours heureux» seront de retour. Paradoxalement, elle pourrait être à son tour impactée. On le voit, la Moselle entrepreneuriale doit compter avec la situation nationale et mondiale. Car, si elles semblent en apparence bien éloignées des contextes asiatiques, américains et consorts, les TPE et PME locales en dépendent cependant, à plus d’un titre.