L'ex-ministre Sarah El Haïry prend la tête du Haut commissariat à l'Enfance
L'ancienne ministre chargée de l'Enfance et figure du MoDem Sarah El Haïry a été nommée mercredi Haut commissaire à l'Enfance, une annonce saluée avec prudence par les associations qui disent désormais attendre des "actes" et...

L'ancienne ministre chargée de l'Enfance et figure du MoDem Sarah El Haïry a été nommée mercredi Haut commissaire à l'Enfance, une annonce saluée avec prudence par les associations qui disent désormais attendre des "actes" et des "mesures d'urgence à brève échéance".
Cette nomination, évoquée depuis plus de trois mois, survient en pleine affaire Bétharram et en plein procès du pédocriminel Joël Le Scouarnec. Elle a été confirmée par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas à l'issue du conseil des ministres à l'Elysée.
A 35 ans, Sarah El Haïry renoue avec des sujets dont elle s'était brièvement occupée en tant que ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles, sous le gouvernement Attal, entre février et septembre 2024.
De nombreux dossiers attendent l'ancienne députée de Loire-Atlantique. Interrogée à ce sujet à l'Assemblée nationale en février, sa ministre de tutelle Catherine Vautrin avait notamment évoqué "la politique de prévention des violences faites aux enfants", "la question de l'adoption", la politique "de soutien à la parentalité", la "stratégie d'usage des écrans" ou le service public de la petite enfance.
L'aide sociale à l'enfance (ASE) est quant à elle exsangue, frappée par une manque de professionnels et de moyens, marquée par plusieurs drames humains ces dernières années.
La création du poste de Haut commissaire à l'Enfance avait été promise par Emmanuel Macron en décembre 2024, en réponse aux critiques soulevées par l'absence d'un ministère de plein exercice dédié à cette question dans le gouvernement Bayrou.
Ce nouveau poste n'éteint pas les inquiétudes des associations qui craignent que le cadre retenu par l'exécutif n'apporte pas la même garantie "en matière de prérogatives gouvernementales ou dans les moyens humains et financiers pour mener des politiques ambitieuses".
Or, l’état des lieux "fait froid dans le dos", ont souligné une centaine d'entre elles dans une tribune en février. "Plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, au moins 2.000 d’entre eux vivent à la rue et 40.000 dans des hébergements d’urgence, des milliers d’enfants restent non scolarisés (...) 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrent de troubles psychiques et des milliers de mineurs isolés restent sans protection".
- "Quels moyens?" -
Selon le décret publié au Journal Officiel, le Haut commissaire à l'Enfance participe à "la mise en œuvre et l'évaluation des politiques" sur l'enfance. Il doit par ailleurs notamment organiser "la concertation avec les acteurs du secteur" et "coordonner au niveau interministériel la politique de l'enfance."
Une "approche globale" saluée par Florine Pruchon, responsable du pôle plaidoyer à SOS Villages d’enfants et coordonnatrice du réseau La dynamique pour les droits des enfants.
"On espère vraiment que cela ne va pas être à nouveau une instance pour faire un état des lieux, des rapports", dit-elle à l'AFP. "Il y a plein de rapports, maintenant il faut agir, il faut mettre en place une stratégie nationale globale et cohérente sur l'enfance".
Si la Haut commissaire "n’aura ni les pouvoirs ni l’autorité d’une ministre", Sarah El Haïry "peut contribuer à animer la politique gouvernementale pour l’enfance et conduire à l’adoption de mesures d’urgence à brève échéance", estime la Convention nationale pour la protection de l’enfance (Cnape).
La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) appelle pour sa part Sarah El Haïry à une "coopération" afin que "les enfants soient, enfin, mieux protégés demain."
Pour la députée socialiste et rapporteure d'une commission d'enquête parlementaire sur l'ASE Isabelle Santiago, si la nomination a le mérite de mettre fin à "plusieurs semaines de flottement", de nombreuses questions demeurent.
"Quel budget? Quelle feuille de route? Quels poids politiques", s'inquiète-t-elle dans un communiqué. "L'Etat doit agir au plus vite" et "ne peut pas rester un parent défaillant impunément".
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