Santé et bien-être au travail

L’entreprise au cœur d’un phénomène sociétal...

La santé mentale a été décrétée par l’État comme Grande cause nationale 2025. Sa dégradation dans notre société est une urgence. Du chemin reste à faire pour mieux faire connaître les facteurs de risque et les bonnes pratiques pour en prendre soin. Cela passe par l’entreprise au sein de laquelle s’opère une progressive prise de conscience.


2,5 millions de travailleurs français seraient en situation de burn-out. © D.R.
2,5 millions de travailleurs français seraient en situation de burn-out. © D.R.

La santé mentale a été déclarée Grande cause nationale 2025. Les crises récentes - sanitaire, économique, géopolitique, environnementale - ont imposé le sujet comme un enjeu sociétal majeur. Avec l’explosion des gestes suicidaires, des troubles dépressifs et anxieux, la détresse s’observe dans toutes les sphères d’une société fracturée, à l’école, au travail, dans la vie sociale et familiale. Notre santé mentale peut se dégrader ou s’améliorer, temporairement ou durablement. Plus d’un tiers d’entre nous sera touché par une maladie psychiatrique au cours de sa vie. Tous les ans, 13 millions de personnes en France, soit 1 personne sur 5, développent un trouble psychique, de la dépression à des troubles alimentaires en passant par la bipolarité et la schizophrénie. Une prise de conscience s’est opérée depuis la crise sanitaire. Mais la santé mentale reste méconnue et souvent stigmatisée. Quelques chiffres : 35 % des Français se disent gênés de travailler avec une personne concernée par des troubles psychiques, 50 % disent craindre des conséquences négatives sur leur carrière si elles divulguent un problème de santé mentale. 75 % des troubles psychiques se déclenchent avant l’âge de 24 ans. Les mêmes troubles psychiques représentent un coût global pour notre société de 163 Mds€ annuel et constituent le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie (25 Mds€). Le milieu professionnel n’est bien sûr pas épargné. Une bonne santé mentale se mesure par la capacité à gérer un stress normal, à collaborer avec les autres de manières productives et à être efficace dans ses tâches. Un environnement de travail insatisfaisant est un terreau fertile pour le mal-être psychologique des collaborateurs. De l’intensification du stress à l’augmentation des arrêts maladie pour des raisons psychologiques, les statistiques relevées depuis ces dernières années montrent un tableau préoccupant, mais révèlent également les défis à relever.

Le management positif 

L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) notait «qu’en France, près d’un salarié sur deux se sent soumis à une forte pression en termes de délais ou de surcharge de travail.» Les troubles de santé mentale, incluant le syndrome dépressif et les troubles anxieux, représentent 18 % des arrêts de travail. Ceux d’une durée longue ont d’ailleurs pour cause principale les troubles psychologiques et le burn-out. Les personnes les plus exposées : celles élevant seules leurs enfants, les femmes, les managers et cadres, les jeunes. Au-delà des situations familiales, intensité et temps de travail, conflits internes, manque d’autonomie, situation de sous-effectif, démotivation, incertitudes contractuelles et salariales, sont des facteurs déclenchant. Pour une entreprise, une santé mentale déficiente chez un salarié, c’est moins de productivité, de l’absentéisme, un climat de travail dégradé. Par le Code du travail, l’employeur est tenu à assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses travailleurs, à éviter les risques psychosociaux en se basant sur les principes généraux de prévention. Si le travail a des effets bénéfiques sur notre santé mentale, renforçant notre sentiment d’avoir notre place dans la société, nous donnant une identité à travers notre profession, participant à l’estime de soi, il peut donc être source de problèmes de santé mentale. L’an passé, les entreprises ont investi davantage dans les programmes de soutien en matière de santé au travail, faisant appel à des services de conseil et d’apprentissage à gérer le stress. La clé pour un dirigeant s’appelle le management positif. Car la façon dont on dirige une équipe a un impact direct sur la santé mentale. Les enjeux sont primordiaux : la productivité et la fidélisation des employés. Quand nous sommes épuisés, nous nous racontons souvent des histoires dans l’idée de tenir : «Ce n’est pas grave», «ça va passer». Un déni ou une fuite en avant. Pas une solution. Quant à leurs difficultés psychologiques rencontrées au travail, seulement 7 % des salariés osent en parler ouvertement. Pourtant des personnes ressources existent à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise : collègue de confiance, médecin du travail ou traitant, thérapeute spécialisé, association d’aide aux victimes… Informer, prévenir, déstigmatiser : ce sont les trois piliers du programme d’action de la Grande cause nationale sur la santé mentale. Laquelle est une question de santé publique qui concerne chaque citoyen, chaque chef et collaborateur d’entreprise.




Santé mentale : la Grande Cause nationale en 2025

Déclinée en douze thématiques mensuelles, la Grande cause nationale 2025 met en ce mois de mars l’accent sur la santé mentale en milieu professionnel. Une consultation menée auprès de citoyens et d’entreprises permettra de dresser un état des lieux des attentes et des besoins en matière de santé mentale dans la sphère travail. Sera aussi lancée la charte «Entreprises et santé mentale», soutenue par un collectif d’entreprises. Elle visera à fixer des engagements concrets en faveur de la santé mentale des salariés, via des actions de prévention, de formation, de sensibilisation. Enfin, un plan d’action «santé mentale au travail» sera déployé.