L’économie de la fonctionnalitéen chantier au CJD

Modèle économique centré non plus sur la production et la vente de biens mais sur leur usage et le développement de services connexes, l’économie de la fonctionnalité est un des champs que le Centre des Jeunes Dirigeants explore pour réinventer l’avenir de l’entreprise.

Christian du Tertre, directeur d’Atemis, club de l’économie de la fonctionnalité et du développement durable, et Michel Meunier (2e à droite), président national du CJD.
Christian du Tertre, directeur d’Atemis, club de l’économie de la fonctionnalité et du développement durable, et Michel Meunier (2e à droite), président national du CJD.

 

Christian du Tertre, directeur d’Atemis, club de l’économie de la fonctionnalité et du développement durable, et Michel Meunier (2e à droite), président national du CJD.

Christian du Tertre, directeur d’Atemis, club de l’économie de la fonctionnalité et du développement durable, et Michel Meunier (2e à droite), président national du CJD.

Proposer des solutions d’usage plutôt que du matériel… Une alternative à l’actuel modèle de l’économie industrielle “à bout de souffle”. Le mot est de Christian Le Gall du Tertre, professeur en sciences économiques et sociales à l’université Paris 7 Denis-Diderot. “Prélever des ressources, les transformer et les déverser sur le marché, c’est un modèle qui ne prend pas en compte tous les enjeux écologiques et sociaux, explique-t-il. L’économie de la fonctionnalité consiste à développer et proposer des usages autour du matériel plutôt que de vendre du matériel. C’est un modèle qui mérite d’être discuté.” Et de discussion sur ce modèle d’économie de la fonctionnalité, il y en a eu à la journée rencontre du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) qui a réuni plus de 200 chefs d’entreprise le 22 mars dernier à la Plaine Images à Tourcoing.
Vendre de l’immatériel plutôt que le matériel… Une perspective complètement nouvelle visant à pallier les limites du modèle industriel. Les acteurs de l’économie sont-ils prêts à s’engager dans un tel changement ? Peut-être pour préparer les esprits à cette évolution dans les mentalités, la journée rencontre du 22 mars a été introduite par une éclectique conférence sur les grands changements de paradigmes dans la compréhension de l’univers et de ses origines. Une thématique développée par Jean-Pierre Luminet, directeur de recherche au CNRS, sommité française en astrophysique. Du géocentrisme aristotélicien aux dernières théories sur l’univers en passant par l’héliocentrisme copernicien et galiléen, la mécanique newtonienne et la relativité d’Einstein, les changements de paradigmes fondamentaux ayant eu le plus d’impact sur la vie des hommes n’ont pas toujours été bien accueillis tout de suite. “La représentation du cosmos n’a rien à voir avec l’entreprise”, a souligné Jean-Pierre Luminet. Le lien était quand même fait. La preuve, le terme le plus prononcé le 22 mars à la Plaine Images c’était “changement de paradigme”.

Vendre et acheter une fonctionnalité. L’économie de la fonctionnalité est sérieusement envisagée par le CJD comme solution pour réinventer l’avenir de l’entreprise. Le 18 avril dernier a marqué un tournant dans cette volonté de changer de modèle. Ce jour, les membres du CJD se sont retrouvés à nouveau pour créer une commission régionale chargée d’expérimenter le modèle de l’économie de la fonctionnalité. Ce modèle nouveau connaît déjà des applications connues. Parmi les exemples les plus souvent évoqués en région, V’Lille (le système de vélo en libre-service), Lilas auto-partage (location de voitures partagées à Lille)… Mais aussi Lokéo, PME à Lesquin qui développe la location d’électroménager et de multimédia. Car l’économie de la fonctionnalité repose non plus tant sur la possession des choses mais sur leur usage via, notamment, la location. “Evolution de l’achat d’un matériel vers l’achat d’une fonctionnalité”, explique Christian du Tertre également directeur d’Atemis, club de l’économie de la fonctionnalité et du développement durable. L’entreprise ne vendrait plus le produit mais des fonctionnalités liées au produit. La production, le marketing, la rentabilité, seraient ainsi à repenser pour intégrer la compréhension des usages du client. Pour le directeur d’Atemis, il n’y a pas de doute que la vente de fonctionnalité génèrera de nouvelles formes de services. “Il y a un élargissement du périmètre de l’activité. Les entreprises vont s’assurer une rentabilité non plus liée à la vente de plus en plus importante de volumes de produits mais la vente de solutions qui apportent des réponses aux clients. Des réponses qui vont diminuer la quantité de matière utilisée dans les solutions proposées.” Relativement à cette réduction de la matière dans les solutions, le CJD veut déjà passer à l’action. Les Jeunes Dirigeants proposent aux candidats à la présidentielle un durcissement de la fiscalité sur la ressource naturelle utilisée dans le produit. “Le but c’est d’inciter les entreprises et les consommateurs à consommer moins de ressources dans un monde fini”, indique Michel Meunier, président national du CJD. L’économie de fonctionnalité constituera-t-elle un grand changement de paradigme ?