L’avenir des créateurs sera-t-il partout intercommunal ?

En principe, au 31 août, les intercommunalités devraient prendre la relève du Département. Dans le Hainaut-Cambrésis, tout n’est cependant pas réglé…

L’avenir des créateurs sera-t-il partout intercommunal ?

À Maubeuge, la ruche faisait l’objet, en juillet, de négociations entre le Département et l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre.

À Beauvois-en-Cambrésis, un scénario a été mis en place entre le Département et l’agence Cambrésis développement économique basée à Cambrai, mais rayonnant sur l’ensemble du territoire du Cambrésis.

La Nouvelle Forge, dans le parc des Rives-Créatives-de-l’Escaut dédié au numérique, abrite une ruche relevant de Valenciennes Métropole.

On l’a déjà écrit, sous l’effet de la loi NOTRe (du 7 août 2015) qui redéfinit notamment les compétences des Départements par rapport aux Régions et aux intercommunalités, le Département du Nord doit se séparer de l’une de ses singularités : douze ruches d’entreprises chargées de l’hébergement et de l’accompagnement de créateurs d’entreprise… L’histoire avait commencé en 1988.

Au 31 août, le réseau va officiellement disparaître et la Société publique locale (SPL Ruches d’entreprises), spécialement créée en 2014 pour réorganiser le dispositif, va se saborder. Elle avait été constituée entre le Département et les huit intercommunalités concernées (en principe actionnaires à 49%).

 

La Région avait dit non. La nouvelle Région des Hauts-de-France, bien qu’exerçant la compétence économique (notamment au moyen des aides directes aux entreprises) et d’aménagement du territoire, n’a pas voulu reprendre les ruches. Résultat : les intercommunalités, chargées aussi du développement économique dans leur périmètre territorial et parfois déjà propriétaires des locaux abritant les créateurs d’entreprise, ont été amenées à prendre la relève, avec, a-t-il été dit, une remise sur leur valeur domaniale de 30%.

Voici un point rapide concernant les ruches du Hainaut-Cambrésis. On peut déjà noter que le sort de la ruche de Denain, située sur le territoire de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut, n’était toujours pas réglé début août.

 

Sambre-Avesnois. À Fourmies, dans la zone économique de la Marlière, la ruche est hébergée par la communauté de communes du Sud-Avesnois. Celle-ci est propriétaire de nouveaux locaux connus sous l’appellation de Pôle intercommunal de développement économique (PIDE). À Maubeuge, où les locaux de la ruche appartiennent au Département, des négociations étaient en cours, précisait-on mi-juillet du côté de l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre. Ces négociations portaient sur les conditions de la reprise.

 

Valenciennois. Pour les ruches situées dans l’orbite de Valenciennes Métropole, à Famars (près du site universitaire du Mont-Houy) et Anzin (parc des Rives-Créatives-de-l’Escaut), le scénario ne devrait pas poser trop de problèmes étant donné l’engagement de la Communauté d’agglomération, déjà propriétaire des locaux.

 

Cambrésis. À Beauvois-en-Cambrésis (11 entreprises représentant 50 personnes), la solution viendrait non pas de la communauté de communes du Caudrésis et du Catésis (4 C) mais de l’agence associative Cambrésis développement économique, basée à Cambrai et chargée, notamment, de l’accompagnement des entreprises souhaitant s’implanter sur l’ensemble du territoire du Cambrésis. Notons que les trois intercommunalités issues des fusions (4 C, communauté d’agglomération de Cambrai et CC du Pays Solesmois) cotisent à cette agence CDE dont l’avenir est apparu cependant incertain cette année…

En juillet, Charles Blangis, chef d’entreprise et président de Cambrésis développement économique, expliquait que le Département, tout en restant propriétaire, devait louer la ruche à l’agence. Cette ruche deviendrait alors un hôtel d’entreprises où les «entrepreneurs locataires» conserveraient un toit mais ne bénéficieraient plus de la prestation d’accompagnement telle qu’ils l’ont connue. L’agence viendrait s’y installer. Cette situation pourra-t-elle durer dans le temps ? Que vont faire les intercommunalités du Cambrésis ? Des créateurs n’auraient pas attendu la réponse à ces questions pour chercher par eux-mêmes une solution.

 

Amandinois. Le cas sans solution, pour l’instant, c’est celui de la ruche de Denain. Elle est située sur le territoire de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut. Cette dernière, en juillet, continuait d’observer le silence sur ses intentions. Dans un communiqué daté du 31 juillet, le Département regrettait cette attitude et expliquait travailler afin que «les entreprises puissent toujours être hébergées au sein de cet immobilier, mais sous l’égide de la Ville de Denain, à défaut d’un accord entre le Département et la CAPH». Le Département indiquait aussi qu’il avait décidé d’assurer en direct, à compter de la fin de l’activité de la SPL, soit le 1er septembre, une gestion transitoire de la ruche jusqu’au 31 octobre. Et après ?

A propos de cette ruche, signalons que son taux de remplissage est de 95 % (soit une trentaine de locataires et environ 70 salariés) et qu’il serait dommage qu’un tel outil au service de la création d’entreprise disparaisse dans une commune qui souffre notoirement de grandes difficultés économiques et sociales. La réponse de la CAPH est attendue.

 

ENCADRE

Du flottement dans l’information des hébergés

Cette évolution institutionnelle, bien que prévue, n’a pas forcément été bien anticipée partout. Au début de l’été, certains créateurs et créatrices, se trouvant dans le flou, s’indignaient de ce manque d’information sur leur avenir et l’avenir du service rendu par les ruches. Ils ont jugé certains élus locaux bien silencieux sur le sort de structures dont ils savaient vanter les mérites auparavant. Le changement de président à la tête du réseau des ruches n’a sûrement pas arrangé les choses. En mars, Guy Bricout, vice-président départemental, avait cédé la présidence à Christian Poiret (vice-président également et président de la communauté d’agglomération du Douaisis). Élu député en juin, Guy Bricout a, en outre, dû renoncer à ses mandats de président de la 4 C (dont dépend Beauvois-en-Cambrésis) et de maire de Caudry, ce qui n’a pu qu’accentuer les flottements dans le dossier. Une ruche, ce n’est pas que des murs…