L’annonce phare du Premier ministre à Arras
Manuel Valls, Premier ministre, était le 26 septembre à Arras pour un déplacement en trois temps très différents : visite du centre de formation des apprentis des métiers de l’automobile, réunion sur le canal Seine-Nord Europe en préfecture et inauguration de l’exposition 100 chefs-d’œuvre de Versailles au musée des Beaux-Arts. Il était accompagné de François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et d’Alain Vidalies, secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche.
L’apprentissage, «une grande priorité du gouvernement». La première étape de la visite du Premier ministre l’a conduit à l’antenne arrageoise de l’Université régionale des métiers et de l’artisanat (URMA) où il a découvert les installations des filières des métiers de l’automobile et des nouvelles énergies, et rencontré les apprentis, maîtres de stage et développeurs. Une semaine après la tenue de la réunion présidée par le président de la République sur le thème de l’apprentissage, ce sont ainsi les plus hautes autorités de l’Etat qui s’engagent pour la promotion et le soutien de cette voie de formation. Dans son intervention d’accueil, Alain Griset, président de la chambre de métiers et de l’artisanat de région Nord-Pas-de-Calais, a remercié le Premier ministre de sa présence ainsi que celle de ses ministres, qui «constitue un signe positif envers l’apprentissage», et a plaidé pour une réforme de la collecte de la taxe d’apprentissage «dont le fruit doit profiter à l’apprentissage». Alain Griset a positionné le besoin en d’apprentis dans le Nord-Pas-de-Calais : «On est passé de 10 000 à 24 000 apprentis formés, il en faudrait 40 000. Pour rattraper notre retard, il faut faire de l’apprentissage une formation exemplaire.» Le Premier ministre a rappelé que l’apprentissage était une priorité nationale qui devait s’accompagner d’une valorisation du rôle du maître d’apprentissage. Visiblement impressionné par le niveau des installations, celui-ci a souligné «un dispositif qui marche et qui fait ses preuves», pour commenter : «Plus un jeune est qualifié, plus il trouvera facilement un travail. C’est d’autant plus vrai dans des filières porteuses comme celles que nous venons de visiter». Convergence affirmée et grande priorité pour le gouvernement.
Le canal Seine-Nord Europe, c’est (vraiment) parti. C’est au cours de la réunion en préfecture sur le canal Seine-Nord Europe avec les élus territoriaux, puis lors d’une conférence de presse, que le Premier ministre a annoncé la grande nouvelle attendue par toute la région et au-delà : le canal Seine-Nord Europe, «grand projet structurant», se fera. Les premières études sur la faisabilité du canal, permettant de relier le réseau fluvial de l’Europe du Nord à celui de la Seine pour des péniches à grand gabarit, datent de 1993. Le projet est ponctué d’études et d’annonces, dont celle de Nicolas Sarkozy, le 5 avril 2011, avec une première pierre à Nesle dans la Somme.
Le cadre du projet présenté comme «solide et viable» par Manuel Valls est la nomination de Rémi Pauvros, député et ancien maire de Maubeuge, déjà auteur du rapport sur la reconfiguration remis en décembre 2013, pour finaliser le dossier avec toutes les parties prenantes et solliciter de l’Europe la participation de 40% (au lieu des 6% initiaux). Un chantier qui nécessite un budget oscillant entre 4,5 et 4,8 milliards, et surtout un calendrier qui prévoie un début des travaux en 2017 pour une livraison en 2023. Entre 12 000 et 14 000 emplois directs et indirects sont attendus durant la durée du chantier, avec le chiffre de 50 000 à vision 2050, selon le rapport de Rémi Pauvros. D’autres projets d’implantations pourraient se greffer le long du canal dans des activités connexes (logistique, projet de plate-forme multimodale à Marquion, etc.), mais il est trop tôt pour en parler. Il est clair que cette annonce est de nature à débloquer de nombreuses initiatives. Par ailleurs, au-delà de l’engagement attendu de l’Europe, le bouclage du financement prévoit un milliard pour les collectivités territoriales (Régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Ile-de-France, Départements Nord, Pas-de-Calais, Somme et Oise), 700 millions d’emprunts auprès de la Caisse des dépôts et de la Banque européenne d’investissement, et un milliard pour l’Etat… providence pour ce projet.
Réaction du collectif Stéphane Demilly, député-maire d’Albert, François-Xavier Villain, député-maire de Cambrai, et Frédéric Leturque, maire d’Arras.
Les annonces du Premier Ministre sont porteuses d’espoir, elles doivent maintenant très vite être suivies d’une feuille de route précise de réalisation du projet.
«Le Premier Ministre a fait des annonces fortes sur le lancement du canal Seine-Nord Europe : engagement total du gouvernement, nomination de Rémi Pauvros comme coordinateur du projet, lancement du chantier en 2017 en vue d’une mise en eau en 2022-2023. Indéniablement, ces annonces sont positives et porteuses d’espoir. Après avoir longtemps hésité et soufflé le chaud et le froid pendant deux ans et demi, le gouvernement semble avoir enfin avoir entendu raison concernant ce projet attendu depuis vingt ans par les élus, les décideurs économiques et les populations de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais.
Nous nous en réjouissons et saluons l’engagement du Premier ministre. La déjà longue histoire du canal Seine-Nord montre cependant qu’il faut veiller à ce que les paroles soient suivies d’actes concrets, et c’est pourquoi nous resterons vigilants jusqu’au bout et demandons à présent au Premier Ministre une feuille de route précise.»
Communiqué de Philippe Rapeneau, président de la communauté urbaine d’Arras
Philippe Rapeneau estime que «la décision d’enfin faire aboutir le projet de canal Seine-Nord, primordial pour le développement de notre territoire, est une excellente nouvelle. Une grande page de l’histoire du Nord-Pas-de-Calais vient de s’écrire.
Même si ce projet lancé par le précédent président de la République a pris beaucoup de retard du fait des hésitations et revirements du gouvernement actuel, je ne peux que saluer cette décision logique. Je salue également la mobilisation des nombreux acteurs du territoire qui ont, à nos côtés, su argumenter depuis plusieurs années en faveur de ce projet et qui n’ont jamais baissé les bras.
Ce chantier de construction créera des milliers d’emplois directs et indirects. Nos efforts quotidiens en faveur de l’emploi et du développement de notre territoire au sein de la communauté urbaine d’Arras, et plus largement au sein de la Région, trouvent ici une réponse concrète à cette problématique. Plus qu’une bouffée d’oxygène pour notre territoire, c’est véritablement le projet d’ampleur que nous attendions. C’est toute la filière logistique qui se trouvera restructurée, ce sont des secteurs économiques entiers, comme notamment l’agroalimentaire ou l’agriculture, qui bénéficieront de ce projet, c’est l’outil qui ancrera la France dans le réseau européen de transports de marchandises. Ce projet répond également à une logique de développement durable et de nécessaire transition écologique et énergétique qui nous guide au quotidien dans nos actions. L’A1 se trouvera ainsi désengorgée.
Les arguments étaient nombreux, la mobilisation régionale, forte également, il ne manquait plus que la volonté politique du gouvernement, la voici enfin…».