Rencontre CCI Oise/ préfecture de l'Oise

L'audace de l'entrepreneuriat au féminin

Être femme et chef d'entreprise, des termes pendant longtemps non compatibles... et aujourd'hui, encore, les femmes doivent être fortes et audacieuses pour prouver que l'entrepreneuriat s'accorde aussi au féminin. Si le chemin est encore long, des femmes se démarquent et le monde économique les aide davantage à trouver leur place. C'est le cas de la Chambre d'industrie et de commerce de l'Oise et de la préfecture de l'Oise, travaillant ensemble, avec de nombreux autres acteurs. À travers une journée économique dédiée aux femmes, des dirigeantes ont présenté leur parcours audacieux.

De nombreuses femmes et acteurs économiques et politiques ont participé à la rencontre dédiée aux femmes cheffes d'entreprises, à la préfecture de Beuvais. © V.K
De nombreuses femmes et acteurs économiques et politiques ont participé à la rencontre dédiée aux femmes cheffes d'entreprises, à la préfecture de Beuvais. © V.K

Elles sont dirigeantes d'une entreprise, d'un commerce ou d'un bar, par passion, par reconversion professionnelle, par choix, par rêve, par transmission... et c'est avec conviction et la tête haute qu'elles parlent de leur projet de vie. Être femme et cheffe d'entreprise, c'était le thème d'une rencontre économique, co-organisée par la préfecture de l'Oise et la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise, en présence de nombreux partenaires, comme la BGE Picardie ou encore la chambre des Métiers et de l'Artisanat. Cette rencontre est le symbole, d'une part du travail commun entre l’État et les acteurs économiques locaux, et d'autre part de la place de la femme dans le monde entrepreneurial. «Cette rencontre permet de créer une synergie entre les femmes dirigeantes pour qu'elles échangent sur leur parcours, explique Jean-Marie Caillaud, préfet de l'Oise depuis fin 2024. Mais c'est aussi l'occasion pour nous de les rencontrer, d'écouter leurs difficultés pour les aider et les conseiller».

Un sujet sociétal ardent puisque seules 33% des entreprises françaises sont dirigées par des femmes. Est-ce par freins psychologiques ? Est-ce par freins dictés par la société ? La société est-elle même prête à accepter des femmes diriger ? «L'objectif est, à travers des parcours, réfléchir à la place de la femme au sein de l'entreprise, de les accompagner dans leurs projets et de mettre en lumière des femmes dirigeantes qui ont réussi ou des femmes qui ont choisi un parcours fermé pendant longtemps aux femmes», précise Christelle Bronchart, déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité à la préfecture de l'Oise. «Le réseau et le partage, c'est la clé de la réussite et nous avons une volonté d'accompagnement, c'est pour cela que nous somme là», note le préfet de l'Oise.

Des femmes inspirantes

Durant le déjeuné d'honneur des femmes dirigeantes, la force, l'indépendance, l'audace et l'humain ont émergé de leur parcours. Dirigeante depuis 2005 du laboratoire R&D français de formulations cosmétiques sur mesure et indépendant Labosphère, Corine Rodriguez a réussi à hisser son entreprise parmi les 100 entreprises les plus innovantes des Hauts-de-France. Ingénieure de formation, cette dirigeante au caractère franc et fonceur ne s'interdit rien. Alors qu'elle a évolué dans un monde masculin, elle a réussi à s'imposer, même si cela a été, et reste encore aujourd'hui, un combat pour s'imposer parmi les hommes. «Bien sûr, par moment, je me suis sentie seule mais je fais du business et je garde ça en tête. (…) Être homme ou femme n'est pour moi pas le sujet. J'ai envie de porter les valeurs de la France», a-t-elle témoigné, suivi d'applaudissements.

«Une entreprise est un collectif d'hommes et de femmes, il n'y a ni femme ni homme, il a des chefs d'entreprise», défend Philippe Bernard, président de la CCI de l'Oise. À travers son témoignage, Corinne Rodriguez met l'accent sur un débat qui est intiment lié à celui du féminisme. Ces femmes dirigeantes ne revendiquent pas, elles se lancent dans une aventure entrepreneuriale et souhaitent simplement évoluer sans que leur condition de femme soit un frein. Et finalement peu importe pour elles, elles fondent leur projet. À l'instar d'Aurélie Ladam, qui conjugue passion et audace. À 33 ans, elle a ouvert son propre centre de contrôle technique du Pays de Thelle en février 2024, à Mortefontaine-en-Thelle. Celle qui réalise elle-même les contrôles techniques, s'est prise de passion pour l'automobile à 14 ans... jusqu'à devenir Meilleur Ouvrier de France dans son domaine. «Même si les gens sont étonnés de voir une femme réaliser le contrôle technique, en général tout se passe bien même si le monde de l'automobile est encore masculin, exprime-t-elle. J'ai un conseil à donner quand on se lance : avoir confiance en soi».

Aurélie Ladam (à g.) qu a ouvert son propre contrôle technique et Léa Jacquemont, qui fait des études de mécaniques industrielles. (c)Préfecture de l'Oise.

Et puis il y a Élise Dreux, qui repris le bar/tabac du petit village d'Ully Saint-Georges. Elle travaillait pourtant à Paris la Défense, après de hautes études dans le domaine du développement durable. Elle a cependant décidé de reprendre ce bar «pour redonner vie au seul commerce du village», explique-t-elle. Elle qui a changé de vie pour l’épanouissement personnel, elle conseille aux futures cheffes d'entreprise «d'être combatives».

Ces témoignages de parcours au sein de la préfecture, entourés de nombreux acteurs économiques et publiques, mettent inévitablement en lumière un problème sociétal. La formation des jeunes filles marque ce phénomène : seules 12% des filles se tournent vers des études de mathématiques ou de sciences de l'ingénieur. Mais surtout, ces témoignages durant cette rencontre démontrent la force des femmes, du réseau et la volonté d'accompagner les femmes vers les plus hauts sommets.