Entreprises
L'artisanat du bâtiment mosellan dynamique mais interrogatif
Annoncées par le gouvernement depuis plusieurs mois, les Assises du bâtiment et des travaux publics se tiennent ce 22 septembre, à Bercy. Les organisations représentatives du secteur vont poser tous les dossiers problématiques sur la table. Cette rentrée 2022 est l'occasion pour la Capeb de rappeler le contexte économique dans lequel les entreprises artisanales du bâtiment évoluent. Localement, en Moselle, les interrogations et incertitudes épousent celles du contexte national et régional. Elles demandent des mesures fortes de soutien à cette économie de proximité.
Si les disparités peuvent surgir ci-et-là, il n’empêche, force est de constater qu’en Grand Est, comme en Moselle, la croissance de l’activité de l’artisanat du bâtiment se poursuit, en dépit des difficultés. Le baromètre hexagonal indique une progression de 3 % de volume (+ 2,5 % pour la région Grand Est). La hausse des prix des matériaux s’accélère et les trésoreries se tendent, laissant présager une fin d’année 2022 et une année 2023 complexes. Ce 22 septembre ont lieu les Assises du bâtiment et des travaux publics, au ministère de l'Économie. L’artisanat y donnera toute sa voix. Au centre des débats, des sujets clés : difficultés d'approvisionnement, pénuries de matériaux et d'équipements, inflation, crise énergétique, manque de main-d'œuvre, remboursement des PGE (prêts garantis par l'État), solidarité entre acteurs, indexation des prix des marchés, modalités de financement, accompagnement de la trésorerie des entreprises, avances sur marchés, financement de la Réglementation environnementale 2020, indexation des aides (Ma prime rénov', certificats d'économie d'énergie, prêts à taux zéro).
Un panorama très contrasté
Pas un artisan du bâtiment rencontré en Moselle qui n’évoque ces problématiques. La note conjoncturelle de la Capeb permet en cette rentrée de faire un point sur le contexte économique dans lequel les entreprises artisanales évoluent. La croissance de l’activité de l’artisanat du bâtiment confirme sa vigueur, toujours tirée par les travaux en entretien-rénovation, qui enregistrent une nouvelle hausse pour le huitième trimestre consécutif, bénéficiant du dynamisme des travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements. La construction neuve progresse également. Par corps de métiers, la croissance est portée par les travaux d’électricité, l’aménagement-décoration-plâtrerie. Une relative stabilité est observée pour les travaux de couverture-plomberie-chauffage, quand la maçonnerie et la menuiserie-serrurerie apparaissent sur une tendance moins favorable. Depuis le début d’année, la progression de l'activité se confirme pour l’ensemble des entreprises artisanales, quelle que soit leur taille. Quand on s’arrête sur le nombre de permis de construire cumulés de juin 2021 à mai 2022, on note cette donnée en Grand Est : 37 900 en volume, soit + 10 % par rapport à la période de juin 2020 à mai 2021. Le nombre de logements mis en chantier sur la même période s’élève à 26 200. Si le niveau des carnets de commande est bien orienté, représentant 101 jours de travail au 2e trimestre 2022, le point noir majeur reste la tension sur les prix qui s’accroît pour toute la filière (+ 8,3 % en moyenne contre + 6,8 % au dernier trimestre selon l’Insee). Certains matériaux apparaissent plus durement touchés, comme ceux utilisés en menuiserie. Il en va de même dans le domaine de la maçonnerie. Les entreprises artisanales du bâtiment font ainsi face à un contexte qui se dégrade. Un nombre croissant de chefs d’entreprise font état de besoins grandissants en trésorerie, tandis que les marges diminuent, avec un solde d’opinion largement négatif. Le montant moyen des besoins de trésorerie est de 20 000 €, contre 14 000 € un auparavant.
Des entreprises qui veulent embaucher...
En termes d’emploi, le secteur de la construction montre de bons fondamentaux malgré une conjoncture qui se fragilise. On assiste en effet à un accroissement des embauches salariées de près de 2 %. Dans l’artisanat du bâtiment, 25 % des chefs d’entreprise interrogés indiquent qu’ils ont cherché à embaucher durant le deuxième trimestre 2022 (contre 31 % au trimestre précédent), 12 % y sont parvenus (contre 17 % au trimestre précédent). Ce trimestre aura montré, une nouvelle fois, la capacité de l’artisanat du bâtiment à s’adapter à la conjoncture en dépit des perturbations des chaînes d’approvisionnement principalement causées par l’instabilité géopolitique en Ukraine. Des signes de fragilité de plus en plus nombreux font craindre de possibles effets structurels qui pourraient impacter fortement l’activité dans son ensemble, en fin d’année et surtout en 2023. Dans ce contexte, les mesures gouvernementales de lutte contre l’inflation et l’accompagnement à la transition écologique seront très attendues par les entreprises. Invariablement, les conséquences internationales et nationales des crises successives ont un impact sur le local. Des effets systémiques dont on ne mesure pas encore l’impact sur la durée. Une chose est certaine : en Moselle, comme ailleurs, l’artisanat a besoin de mesures fortes de la part des pouvoirs publics pour traverser cette bourrasque socio-économique et accélérer ses transitions. Il y a urgence pour cette économie de proximité contribuant pour une grande part à l’attractivité et à l’emploi sur les territoires.
L'évolution des prix par corps de métiers pour les bâtiments résidentiels et non résidentiels, entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022 :
. Évolution du cours des métaux sur un an (de mai 2021 à mai 2022) :
Aluminium : + 16,1 %
Zinc : + 26,4 %
Cuivre : - 8,1 %
. Prix de vente des matériaux de construction (de mai 2021 à mai 2022) :
Céramique et matériaux de construction : + 14,1 %
Béton prêt à l’emploi : + 6,2 %
Produits sidérurgiques de base et ferroalliages : + 57,2 %
. Évolution des prix des corps de métiers sur un an (premier trimestre 2021 au premier trimestre 2022) :
+ 13,1 % : menuiserie
+ 11,2 % : couverture
+ 11,2 % : plomberie, installation de chauffage et de conditionnement d’air
+ 6,9 % : plâtrerie
+ 6,9 % : installation électrique
+ 5,1 % : revêtement des sols et des murs
+ 3,5 % : peinture et vitrerie