Conjoncture
L'Aisne en difficulté financière et à un « moment charnière » selon son président
La situation financière du département se dégrade fortement et l'Aisne n'est pas le seul territoire rural à souffrir. Nicolas Fricoteaux, président du Département, estime que nous nous trouvons à un « moment charnière » et en appelle à un rééquilibrage des compétences, des recettes, et des dépenses pour redonner des moyens d'agir. Le chef de l’État vient justement de confier une mission au député Éric Woerth à propos de la décentralisation, en vue d'une réforme à venir.
Bis repetita. Pour Nicolas Fricoteaux, l'Aisne se retrouve un peu dans la même situation financière qu'en 2018 quand les finances étaient au plus bas et qu'il en appelait à l’État pour venir en aide à son institution. « Nous sommes à un moment charnière pour les départements comme le nôtre, nous sommes à nouveau en grande difficulté financière, la faute à une inadéquation des recettes au regard des compétences exercées, explique Nicolas Fricoteaux. président de l'Aisne. Nous sommes confrontés à un effet ciseaux terrible en 2023 avec une augmentation des charges (inflation, énergies, hausse du point d'indice des fonctionnaires...) et une baisse des ressources notamment des droits de mutation, les taxes que nous percevons lors des ventes de biens immobiliers (-20%) et de la TVA (-7 millions d'euros). Il y a un déficit de 15 millions d'euros en 2023 et cela va se reproduire en 2024 et en 2025, si cela continue, il faudra rendre les clefs au préfet. »
Nicolas Fricoteaux va rencontrer les ministres
Nicolas Fricoteaux plaide pour un « meilleur équilibre financier » entre les départements et veut faire en sorte que les plus riches donnent un peu plus aux plus pauvres. Il ne souhaite pas que les départements deviennent de simples guichets de versement d'aides sociales qui représentent aujourd'hui 70% du budget mais qu'ils puissent continuer à investir. C'est la voix qu'il essaie de faire entendre au sein de l'ADF (Association des Départements de France), interlocuteur de l’État alors qu'Éric Woerth vient de se faire confier une mission sur la décentralisation par Emmanuel Macron.
« Avec une dizaine de départements comme le nôtre, nous voulons peser au sein de l'ADF puisque si tout le monde est d'accord sur le principe d'une réforme, nous ne sommes pas d'accord sur la méthode, précise le président axonais. Il faut prendre en compte les déséquilibres existants. Nous constituerons un groupe pour peser et si l'ADF doit exploser, j'en serai le premier dynamiteur. »
Le contexte économique impacte en effet les finances du département qui n'a justement pas tellement de leviers pour augmenter ses ressources. « Nos ressources ne dépendent pas de nous mais de la conjoncture économique, quand elle était bonne en 2021 2022, nos ressources ont augmenté mais là c'est l'inverse, sans qu'on ne puisse maîtriser les choses, explique Nicolas Fricoteaux. Et puis structurellement, un département comme le nôtre n'encaisse pas du tout le niveau de droits de mutation que d'autres comme les Hauts-de-Seine par exemple, on est sur un volume et des montants de transactions immobilières qui n'ont rien à voir. »
Face à cette impasse financière, Nicolas Fricoteaux compte rencontrer des ministres et le premier ministre auquel il a demandé un rendez-vous et il va rencontrer Éric Woerth le 7 mars. « Il est notamment question de clarifier les compétences du Département, j'y suis favorable, et je vais demander à ce qu'on mette les ressources en face de ces compétences, qu'on prenne en compte la spécificité d'un département comme le nôtre et qu'il y ait un meilleur partage des droits de mutation de l'ensemble des départements, liste Nicolas Fricoteaux. On ne peut pas repartir sur le même modèle et ne pas corriger les déséquilibres existants. »