L'Adie, l'association qui finance et accompagne des entrepreneurs

30 ans après sa création, l'Adie continue de se développer sur le territoire national mais aussi régional. L'association qui finance et accompagne les créateurs d'entreprises a ouvert deux agences à Calais et Roubaix en 2022. Rencontre avec Jean-Philippe Belland, nouveau directeur régional Hauts-de-France de l'Adie, le 2 février dernier à Roubaix.

49% des créateurs d'entreprises liés à l'Adie sont bénéficiaires des minima sociaux.
49% des créateurs d'entreprises liés à l'Adie sont bénéficiaires des minima sociaux.

21 ans, c’est le nombre d’années durant lesquelles Jean-Philippe Belland a travaillé pour l’Adie en Bretagne, en Normandie... avant d’arriver dans les Hauts-de-France. En novembre 2022, il devient le nouveau directeur régional Hauts-de-France de l’Adie. Mais l’Adie, qu’est-ce que c’est concrètement ? Imaginez une structure hybride entre une banque et une association. L’Adie permet à des personnes défavorisées de lancer leurs entreprises en leur fournissant des crédits. Des crédits qui sont distribués à l'Adie par des banques partenaires. «Les bénéficiaires de ces aides sont des profils refusés par les banques traditionnelles. Leurs situations sont souvent décrites comme instables, précaires, défavorables pour obtenir la confiance des banques» indique Jean-Philippe Belland.

Les candidats passent un entretien avec le personnel de l’Adie afin de discuter de leur projet professionnel. Si et seulement si le projet professionnel est mûrement réfléchi et cohérent, alors un prêt est accordé. En moyenne, c’est 5 000€ qui sont transmis aux futurs chefs d’entreprises, cela peut atteindre 12 000€. Les créateurs d'entreprises devront rembourser leur crédit auprès de l’Adie. 96% des prêts de 2022 pour 1069 projets épaulés par l’Adie ont été remboursés. Un tiers des personnes sont financées une deuxième fois. «L’Adie est un outil simple qui permet de modifier des trajectoires personnelles» explique Jean-Philippe Belland.

Si le candidat doit se former à une activité particulière avant de pouvoir lancer son entreprise, il peut être redirigé vers des partenaires de l’Adie comme Pôle Emploi, le Greta ou l’Afpa. L’association propose aussi un accompagnement post création. Cette étape permet d’apprendre aux nouveaux patrons des notions de développement commerciale mais également les joies de l’administratif. Pour assurer toutes ces actions, l’Adie compte sur un système de financement hybride. L’Europe, l’Etat et la Région participent au projet avec des subventions. L’autre partie des fonds provient du soutien de fondations ou d’entreprises privées à travers le mécénat.

Des parcours semés d'embûches

25 000 petites entreprises sont aujourd’hui soutenues par l’Adie Hauts-de-France et ses 27 salariés et 25 bénévoles répartis dans les 8 agences régionales. 39% de ces entreprises sont gérées par des femmes. C’est le cas de Bernadette Constance Ngo Mandeng et Assia Gillio qui ont créé chacune leurs entreprises. Après 8 refus de la part des banques, Bernadette reçoit 2000 € après avoir contacté l’Adie. Elle investit dans du matériel professionnel pour lancer son activité de traiteur. Son entreprise, Les Saveurs de Constance, concocte des plats d’origine africaine adaptés à tous. Au total, Bernadette a reçu 7 000€ pour le développement de son activité. «Ils sont à l’écoute, le contact est facile, ça donne de l’énergie positive, ça a été mon carburant pour aller mieux» raconte Bernadette.

Pour Assia, c’est la pâtisserie qui rythme sa vie. Arrivée en France il y a 14 ans, sa licence de traduction n’est pas reconnue, elle va donc travailler dans les grandes surfaces. Elle souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle est d'abord accompagnée par la chambre des métiers pour passer un CAP pâtisserie mais elle a trouvé des fonds auprès de l’Adie. Aujourd’hui, Koom, son entreprise, vend ses pâtisseries dans les marchés de la MEL. «Une mère célibataire avec deux enfants, presque au RSA, ce n’est pas un profil qui fait rêver, donc c’était le parcours du combattant» expose Assia.

Ecologie, communication et ruralité, les grands enjeux de 2023

Pour 2023, l’Adie dégage trois grands enjeux. Elle veut obtenir une meilleure visibilité en s’associant à des associations culturelles et sportives pour attirer plus d’entrepreneurs qui ont déjà commencé leur activité sans aide. «Nous voulons montrer que l’Adie existe à ceux qui ont commencé seuls. 80% des entrepreneurs français ne sont pas accompagnés dans leurs démarches» estime Jean-Philippe Belland.

L’association reçoit dans les prochaines semaines une “agence mobile”. Ce camion aménagé comme un bureau, se déplacera dans l’Aisne pour rencontrer les entrepreneurs les plus isolés. “J’entreprends avec l’Adie”, une formation de deux jours et demi pour accompagner les entrepreneurs à Roubaix, se tiendra une fois tous les mois à partir de mai. L’Adie compte également aider les entrepreneurs à investir dans des véhicules “plus propres”, des véhicules électriques avant la réglementation de 2025 sur les Zones à Faibles Emissions (ZFE) pour les agglomérations de plus de 150 000 habitants. Au total, en 2022 ce sont 1326 clients qui ont été accompagnés par l'Adie Hauts-de-France.