Infrastructure
L’actualité de la centrale nucléaire de Cattenom
Implantée dans le paysage mosellan depuis quelque quatre décennies, la centrale de production électrique de Cattenom vient de tirer le bilan de son activité. L’occasion de faire un zoom historique sur l’infrastructure, son présent et son devenir. Une modification notable est intervenue récemment dans son mode de gouvernance.
La centrale nucléaire de Cattenom semble ancrée dans le décorum mosellan depuis des lustres. Sa décision d’implantation date de 1978. Le chantier des réacteurs a débuté en 1979 pour se conclure en 1991. En 2021, elle se compose de quatre réacteurs nucléaires à eau pressurisée d'une puissance de 1 300 mégawatts électriques chacun. Il s'agit là du quatrième établissement industriel de Moselle et le dixième du Grand Est. Cattenom est la septième centrale au monde en puissance installée, et la deuxième centrale de France pour sa production d'électricité (derrière celle de Gravelines, dans les Hauts-de-France, avec en moyenne 30 TWh produits, soit 8 % de la production nationale d'EDF) Cela correspond à 69 % des besoins de la consommation du Grand Est. Elle emploie plus de 1 300 salariés EDF et 700 prestataires permanents travaillant quotidiennement à la centrale. La centrale de Cattenom a été la première à avoir publié un rapport de développement durable et à avoir édifié un bâtiment tertiaire BBC 100 % électrique en France : c'était en 2010. Elle est par ailleurs multi-certifiée.
Modification de gouvernance
Présidée par Patrick Weiten, président du Conseil Départemental de la Moselle, la Commission Locale d’Information (CLI) auprès de la centrale nucléaire de Cattenom, transfrontalière, est l’organe local de concertation démocratique entre les acteurs du nucléaire (représentants de l’exploitant de la centrale de Cattenom et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire - ASN) et la société civile (élus, associations de protection de l’environnement, syndicats, personnalités qualifiées). La CLI est chargée d’une triple mission de suivi, d’information et de concertation en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et d’impact des activités nucléaires sur les personnes et l’environnement pour ce qui concerne les installations du site de Cattenom. Ce 18 mai s'est tenue, en visioconférence, la réunion de la nouvelle CLI nouvellement constituée. Suite au décret du 14 mars 2019, la CLI intègre désormais en effet les EPCI du périmètre entre 10 et 20 km autour de la centrale nucléaire. Également, les membres de la Grande Région n’ont plus seulement un statut d’observateur, comme c’est le cas depuis 2012, mais possèdent désormais une voix délibérative et forment un 5e collège, lequel compte aussi des représentants d’associations depuis le renouvellement.
Travaux post-Fukushima et transition énergétique
Au cours de la réunion par visioconférence du 18 mai, à l’occasion de laquelle Patrick Weiten était représenté par la vice-présidente de la CLI, Rachel Zirovnik, le CNPE de Cattenom a présenté, en lien avec l’Autorité de sûreté nucléaire, deux événements de niveau 1 liés au dépassement du délai de réparation suite à un essai périodique réalisé sur l’unité de production n°3 et à la détection tardive d’un écart dans la configuration du système de ventilation du bâtiment réacteur de l’unité de production n°3. Ils ont ensuite détaillé les améliorations de sûreté réalisées dans le cadre des travaux post-Fukushima. L’Autorité de sûreté nucléaire a dressé un bilan de la sûreté sur le site du CNPE de Cattenom en 2020. Le CNPE de Cattenom a listé les actualités du site nucléaire : gestion de la crise COVID, détection de présence de tritium au sein d’une rétention de la station de traitement des eaux usées de l’unité 2, programme de maintenance pour 2021, troisième visite décennale du réacteur n°3. La préfecture de la Moselle a évoqué ses réflexions autour du plan d’évacuation des populations riveraines du CNPE de Cattenom et l’avancée de la campagne de distribution des comprimés d’iode dans le nouveau périmètre du Plan Particulier d’Intervention (10-20 km autour de la centrale). Enfin, le livre blanc réalisé par l’Association Nationale des CLI (ANCCLI) sur la gestion des situations post-accidentelles dans des bassins de vie transfrontaliers et les treize recommandations formulées ont été débattues. Les membres de la CLI de Cattenom ont par ailleurs approuvé le programme d’activité et le budget pour l’année 2021. À l'heure du questionnement sur sa durée de vie et sa mutation dans le cycle de la transition énergétique, la centrale nucléaire de Cattenom demeure une pierre angulaire majeure industrielle et socio-économique lorraine.
«La centrale nucléaire de Cattenom génère en moyenne 1 610 emplois directs, 920 emplois indirects et 1 220 emplois induits, soit un total de 3 750 emplois impactant près de 10 500 personnes.»