Jusqu'à six ans de prison requis au procès de sept militants de l'ultragauche

Un homme "radicalisé" qui a "agrégé" des camarades autour de son projet "terroriste": des peines allant de deux ans de prison avec sursis à six ans de prison ferme ont été requises mercredi à Paris contre sept sympathisants d'ultragauche soupçonnés d'avoir...

Des peines allant de deux ans de prison avec sursis à six ans de prison ferme requises contre sept sympathisants d'ultragauche © LOIC VENANCE
Des peines allant de deux ans de prison avec sursis à six ans de prison ferme requises contre sept sympathisants d'ultragauche © LOIC VENANCE

Un homme "radicalisé" qui a "agrégé" des camarades autour de son projet "terroriste": des peines allant de deux ans de prison avec sursis à six ans de prison ferme ont été requises mercredi à Paris contre sept sympathisants d'ultragauche soupçonnés d'avoir fomenté une action violente contre les forces de l'ordre.

La peine la plus lourde, de six ans de prison ferme, a été demandée pour Florian D., militant libertaire aujourd'hui âgé de 39 ans, ayant combattu en 2017 auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au Rojava (nord-est de la Syrie) contre le groupe jihadiste Etat islamique.

Contre les six autres prévenus jugés depuis le 3 octobre devant le tribunal correctionnel pour association de malfaiteurs terroriste, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a réclamé de deux ans avec sursis à cinq ans de prison dont quatre assortis du sursis probatoire. 

Une interdiction de détenir une arme pendant dix ans a été également requise à l'encontre de tous les prévenus, et pour certains une amende de 1.500 euros.

Pour le Pnat, "ce dossier est avant tout celui de Florian D.", seul "dénominateur commun" des autres prévenus. En effet, s'il connaissait les cinq autres hommes et la femme du dossier, certains d'entre eux ne s'étaient en revanche jamais vus avant d'avoir été mis en cause judiciairement dans cette affaire. 

"Il s'agit moins d'un groupe que d'un homme radicalisé qui a agrégé ses camarades", a estimé l'un des deux procureurs lors de ces réquisitions à deux voix. 

Pendant près de cinq heures, ils sont revenus sur l'"addition d'éléments matériels probants", qui ne peuvent se lire selon eux que "comme un tout".

Lutte armée

Les agissements de Florian D. "s'inscrivent dans une continuité et dans une logique: il se prépare à la lutte armée, à la préparation d'action violente contre les forces de l'ordre", a asséné l'autre représentante du ministère public, insistant sur le fait que c'était lui qui "portait" le projet de nature terroriste, auquel s'étaient ensuite ralliés les autres.

Les deux procureurs ont observé que son séjour au Rojava ne faisait pas l'objet de poursuites, mais que c'était la "réexploitation" en France des compétences qu'il avait acquises lors de cette "expérience hors norme" qui intéressait les enquêteurs.

"Ses conseils ont évoqué l'engagement héroïque" de leur client, a souligné l'un d'eux. Mais "est-ce que cet engagement doit l'absoudre de toute responsabilité pour ses actes postérieurs?", a-t-il demandé.

A l'origine de l'affaire, un rapport du renseignement intérieur sur un projet d'action violente fomenté par des militants d'ultragauche, et notamment par Florian D., rentré de la zone irako-syrienne en janvier 2018.

Après plusieurs mois de surveillance et d'écoutes, les suspects sont interpellés le 8 décembre 2020, en divers endroits de France puis mis en examen. Lors des perquisitions, les forces de l'ordre retrouvent notamment des produits servant à fabriquer des explosifs et des armes.

Pour l'accusation, les prévenus se sont livrés à des "entraînements de progression tactique et de tir" et ont fabriqué et testé des explosifs en vue de s'en prendre à des policiers ou des militaires.

Dans leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, les juges antiterroristes avaient toutefois souligné qu'aucun passage à l'acte imminent n'avait été envisagé.

Lors des débats, les prévenus ont contesté ces accusations. Reconnaissant avoir fait des essais d'explosifs et quelques parties d'airsoft, les prévenus ont raconté des séances "ludiques" menées notamment pendant le confinement, sans aucune intention malveillante derrière.

"Qu'y a-t-il de ludique dans la fabrication de substances pénalement réprimées par la loi pénale?", s'est interrogée la procureure antiterroriste. "Vous n'avez pas affaire à de jeunes adolescents en quête de frissons, mais à des trentenaires" qui se livraient notamment à des essais d'explosifs "de haute puissance", a-t-elle lancé.

Les réquisitions ont aussi donné l'occasion aux représentants du ministère public de répondre aux multiples critiques de la défense sur les méthodes de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans cette enquête, fustigeant les nombreux "fantasmes et contre-vérités proférées à l'égard de cette institution".

Les avocats de la défense doivent plaider jeudi et vendredi.

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