Jour E de Bpifrance : les Hauts-de-France, exemple sur la décarbonation
Le 2 avril se tenait, au Palais Rameau de Lille, le Jour E, organisé par BPI France. Cet évènement annuel et à portée nationale rassemble chefs d’entreprises et start-up pour accélérer la transition énergétique et la décarbonation de leurs sociétés et présenter des solutions en ce sens.

Le Palais Rameau s’est transformé en véritable fourmilière le 2 avril dernier, dès 9h du matin. Le nouvellement rénové Palais Rameau est devenu, le temps d’une journée, un lieu d’entrepreneuriat où le maître-mot était «décarbonation», pour le Jour E, lancé par Bpifrance, et qui se déroule chaque année dans une ville différente. En 2025, le Jour E a donc posé ses valises à Lille.
Et pour lancer cette journée, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, a souligné l’importance de la région Hauts-de-France sur le sujet de la décarbonation : «La région est emblématique sur ce qu’on espère faire au niveau national sur la décarbonation. Ici, on se concentre sur le futur avec les gigafactories ou encore le recyclage du cuivre avec Nexans.» Un raisonnement suivi par Yannick Da Costa, directeur régional de Bpifrance à Lille, puisque la région a «une identité fortement industrielle, et l’industrie est un gros pan à décarboner.» S’ajoute à cela sa situation géographique, «au cœur de l’Europe, avec beaucoup de trafic et de transport, qui reste une activité qui émet du CO2.» Mais la région est «exemplaire» sur ce point, car «elle est en train de créer le Canal Seine Nord qui, en plus de décarboner, va créer du business avec des hubs logistiques multimodaux tout au long de ce corridor.»
Des
«hussards verts de la décarbonation» pour
soutenir les petites entreprises
Au-delà de la région, Nicolas Dufourcq fait confiance aux «hussards verts de la décarbonation» pour aider les TPE et les PME sur la décarbonation, car le temps presse et les chiffres de l’année 2024 ont été décevants selon le directeur général, avec un ralentissement au niveau de la baisse des gaz à effet de serre. Il y a eu une hausse moyenne de 11%, alors que l’objectif était de -60 %. Pour lui, l’enjeu est de taille puisque le dérèglement climatique n’est plus un futur proche, mais un présent, et toutes les entreprises doivent faire au mieux pour se décarboner le plus rapidement possible «On garde le cap. Ceux qui feront ça plus tard le feront en panique et quand vous faites quelque chose en panique dans une entreprise, vous vous crashez», a-t-il ajouté.

Une réflexion partagée par Florence Chuop, responsable du pôle partenariat et financement de la CCI Hauts-de-France au service rev3. Pour elle, la prise de conscience «des donneurs d’ordres est intégrée», mais le plus compliqué reste la mise en place de la solution. «C’est toujours la même question : ‘on veut s’engager, mais on doit commencer par quoi ?’. C’est peut-être le rôle de l’écosystème de dire ‘il faut aider ces petites entreprises’. On aide les grands et c’est bien, mais il faut peut-être commencer par les TPE et TPI, notamment sur la mise en place d’un bilan carbone simplifié».
Décarboner
grâce au circuit court
Pour aider à la décarbonation des entreprises, plusieurs ateliers et conférences ont eu lieu pendant la journée, sur des sujets variés tels que la priorité stratégique des enjeux énergétiques, la mesure de son empreinte carbone, l’auto-consommation ou encore la supply chain décarbonée. Sur ce point, Florence Chuop explique que la décarbonation «concerne tout type d’émission, et sur la supply chain, de la production à la livraison, il y a une multitude de gaz à effet de serre émis, que ce soit sur l’énergie, la production ou le transport». Pour y faire face, Florence Chuop veut «agir grâce à des actions leviers, car le financement est une action levier pour pouvoir accélérer. Aujourd’hui, il faut agir, que ce soit sur les modes de déplacement personnels ou de consommation».

David Ferron, responsable de projet industries à la CCI Grand Lille, suit la même logique, notamment en ce qui concerne les TPE et les PME, pour qui l’impact du transport est important, et qui se tournent donc vers «des solutions de proximité, des fournisseurs et des marchés locaux, cherchent à travailler avec des fournisseurs et identifient des meilleurs acteurs en proximité». Les petites entreprises ne sont pas les seules à se soucier de l’impact carbone de leurs transports, puisque des groupes comme Toyota ou Renault «manifestent le désir de travailler avec des fournisseurs de proximité, dans un rayon de 200 à 300 km. Cela fait partie de leurs attentes premières et ils sont conscients que ces impacts-là sont énormes dans leurs process», ajoute David Ferron. La décarbonation des entreprises des Hauts-de-France est donc bien lancée.
Une prise de conscience qu’a remarquée Yannick Da Costa, qui indique ne plus rencontrer de dirigeants qui ne se sentent pas concernés par le sujet, «contrairement à il y a 4 ou 5 ans. De toutes façons une entreprise, peu importe sa taille, si elle ne se décarbone pas, dans 5, 7 ou 10 ans, elle n’existera plus. Cela a un coût et c’est un travail de longue haleine, mais si on veut continuer à exister, il faut vraiment se lancer dans ce virage-là.»