Joël Duquenoy, une vie en héritage au service du territoire
Figure politique incontournable de l’Audomarois, Joël Duquenoy, ancien maire d’Arques et fervent défenseur du développement économique local, s’est éteint à 71 ans, laissant derrière lui un demi-siècle d’engagement public.

À peine septuagénaire, et toujours en fonction, Joël Duquenoy est brutalement décédé la nuit du 1er au 2 avril dernier. Hospitalisé depuis le 20 mars à Helfaut, puis à Dunkerque, le maire d’Arques a tiré sa révérence, surprenant ses proches, ses collaborateurs et le territoire dans lequel il était totalement investi depuis un demi-siècle. Homme de convictions et d’actions, les témoignages de toute la classe politique affluent encore et révèlent un homme apprécié, notamment des milieux économiques.
De Laires à Arques, un itinéraire engagé
Il avait 71 ans. Né dans l’après-guerre, Joël Duquenoy a eu plusieurs vies politiques : rurale, urbaine, partisane et économique. Jeune homme, il s’engage en politique au milieu des années 70. En 1977, il devient maire de Laires (jusqu’en 1995), petit village des contreforts de l’Artois et mitoyen de l’Audomarois, vers lequel il se tourne dans les années 90. C’est l’époque où Michel Lefait, député-maire d’Arques, le fait venir. Il gravit les échelons : conseiller municipal en 1989, adjoint en 1995, Joël Duquenoy effectue ensuite deux mandats en tant que maire d’Arques (2001-2014). Homme de réseaux et de camaraderie, il fut aussi président des maires du Pas-de-Calais et occupait toujours la présidence du centre de gestion du Pas-de-Calais. Président de la CASO et CAPSO de 2008 à 2020, il pilote l’agrandissement de la collectivité en y intégrant trois communautés de communes limitrophes.
Homme de projets, on lui doit la grande salle d’agglomération Sceneo, la maison du marais, l’incinérateur Flamoval qu’il soutient en dépit des oppositions. Il fut aussi le partenaire des entreprises : «Il avait une appétence totale pour l’économie. Il pensait que c’était le réacteur à partir duquel tout autre projet créait de la richesse et de l’emploi. Joël était comme ça : un pied dans l’économie, et l’autre dans les collectivités», raconte Jean Bétremieux, directeur de l’action économique de la CAPSO et ancien cadre consulaire qui l’a pratiqué des décennies.
Homme de caractère et de combat
Pour Philippe Beauchamps, vice-président du Conseil régional chargé des relations avec les entreprises, l’emploi et la formation professionnelle, la disparition de Joël Duquenoy est une perte lourde pour le territoire : «Il faisait partie de ces élus de gauche qui étaient devenus pro-entreprises. C’était un homme du monde économique qui travaillait beaucoup. Il venait à la Région pour nous parler d’Arc International, de son brasseur préféré (les brasseries de Saint-Omer), de RDM. C’était un homme de grande intelligence : la manière dont il a fini par s’entendre avec François Decoster, maire de Saint-Omer, montre la hauteur de vue des deux hommes du territoire».
Joël Duquenoy était aussi un homme de caractère : en désaccord avec le PS en 2011, il n’hésite pas a monter une liste concurrente aux sénatoriales avec Michel Sergent, dont il fut l’attaché parlementaire durant 22 ans. Il sera exclu du PS à cette occasion. Quand il est battu aux municipales à Arques en 2014 par Caroline Saudemont, l’homme encaisse et devient chef d’entreprise en créant une société de Consulting. Les scrutins le rappellent bien vite et il repart en campagne pour reprendre Arques et y faire élire son colistier Benoît Roussel. Lui retourne à l’agglomération.
Après les départs de quatre vice-présidents ces dernières années, Joël Duquenoy avait repris leurs dossiers ; sans coup férir. Depuis sa disparition, quatre autres vice-présidents dirigent l’agglomération. Le budget sera voté le 7 avril et un nouveau président élu le 17 du même mois. Entre-temps, les obsèques de Joël Duquenoy auront lieu le mercredi 9 avril prochain à la cathédrale de Saint-Omer.