Jeune Britannique retrouvé près de Toulouse: "J'ai commencé à halluciner", témoigne l'étudiant qui l'a retrouvé
"J'ai commencé à halluciner": Fabien Accidini, l'étudiant qui a trouvé par hasard, en pleine nuit jeudi, sur une route perdue de l'Aude, Alex Batty, l'adolescent britannique disparu depuis six ans...
"J'ai commencé à halluciner": Fabien Accidini, l'étudiant qui a trouvé par hasard, en pleine nuit jeudi, sur une route perdue de l'Aude, Alex Batty, l'adolescent britannique disparu depuis six ans, raconte à l'AFP cette rencontre "incroyable".
Enlevé à l'âge de 11 ans par sa mère Mélanie Batty, qui n'en avait pas la garde, lors de vacances en Espagne, Alex menait depuis six ans une vie "nomade" au sein d'une "communauté spirituelle", avec sa mère et son grand-père, a indiqué le parquet de Toulouse.
Et c'est à trois heures du matin, jeudi, sur une route audoise, qu'il a refait surface, en croisant celle de Fabien, étudiant en chiropraxie de 26 ans, alors en pleine tournée de livraison pour un petit job d'appoint.
"Je livrais des pharmacies dans l'Aude, entre deux villages, Camon et Chalabre. Des endroits plutôt perdus, au milieu de la campagne, avec des forêts", se remémore Fabien Accidini depuis Gréasque, à une quinzaine de kilomètres d'Aix-en-Provence, où il se ressourçait en famille samedi.
"Et sur une route déserte, je vois un jeune homme qui marche sur le côté gauche de la route, avec une planche de skateboard, un flash à la main et un sac à dos. Il était trois heures du matin, il pleuvait", précise-t-il, assis au bord d'un terrain de boules baigné de soleil d'où on aperçoit la montagne Sainte-Victoire, entre deux parties de pétanque avec un ami d'enfance.
Intrigué par cette vision nocturne, il revient sur sa route, une fois sa livraison effectuée, et retrouve l'adolescent: "Il avait forcément besoin d'aide. Je comprends qu'il est Anglais, il ne parlait pas très bien français." C'est donc en anglais que les deux jeunes hommes échangent, et Fabien convainc rapidement Alex Batty de monter avec lui.
"Il était un peu méfiant au tout départ. Je lui ai montré l'intérieur de mon camion, que je travaillais", explique l'étudiant toulousain, à qui le Britannique a dans un premier temps donné un faux prénom, peut-être inquiet d'être tombé sur une personne de la communauté.
Pas la vraie vie
Au fil de la tournée des pharmacies restantes, Alex Batty raconte peu à peu son histoire. "C'est là où j'ai commencé à halluciner. Ça n'est pas une histoire qui est croyable au premier mot", reconnaît Fabien Accidini, qui réalise peu à peu ce qu'a vécu son passager. "Quand il m'a dit qu'il s'était fait kidnapper, je lui ai fait répéter, c'était fou".
"Il allait bien, il était en bonne forme, mais très fatigué. Il était un peu stressé au premier coup, mais tout le long du trajet, il se sentait soulagé de voir quelqu'un qui l'aidait", se souvient le conducteur.
"Il m'a aidé à travailler, il m'aidait à porter les sacs. C'est pour ça que je ne l'ai pas amené directement à la gendarmerie. Je pense que ça lui a fait du bien aussi, de voir quelqu'un d'autre, de passer un moment à peu près normal", espère-t-il.
Avec le portable de Fabien Accidini, Alex Batty envoie un message à sa grand-mère maternelle, sur Facebook, lui disant qu'il souhaite rentrer en Angleterre où elle vit. Et le chauffeur prévient les gendarmes. En attendant ces dernier, "j'ai tapé son nom et son prénom et j'ai vu sa photo, qui était la même que son visage aujourd'hui à 17 ans".
Fabien Accidini, qui espère recevoir des nouvelles de l'adolescent, une fois qu'il aura retrouvé sa grand-mère, "réalise au fur et à mesure" l'histoire incroyable à laquelle il se trouve aujourd'hui liée, et souhaite à Alex, qui a décollé samedi de Toulouse à 17h04 pour l'Angleterre, via Amsterdam, de retrouver une vie normale.
"Je suis très content d'avoir pu l'aider, et qu'il puisse vivre sa vie de jeune homme, comme moi quand j'avais son âge. J'étais libre, je pouvais m’amuser avec mes copains, j'espère qu’il pourra en faire de même".
"Il m'a dit qu'il voulait reprendre les études, devenir ingénieur", ajoute-t-il. Malgré ses six années passées entre parenthèse, "il avait bien la tête sur les épaules, il savait que là où il était ce n'était pas la vraie vie, qu'il ne voulait pas cette vie-là à l'avenir".
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