Entreprises
Jérôme Adrian, directeur M&A In Extenso Finance : «La Moselle est un département riche de belles entreprises»
Dans un contexte à plusieurs entrées, de la hausse des taux d’intérêts aux tensions inflationnistes, aux incertitudes liées au conflit russo-ukrainien, jusqu’au contexte socio-économique hexagonal, le marché des cessions-acquisitions a fait preuve d’un résilience et résistance fortes en 2022. Dans un panorama national où le BTP a montré de la vigueur, la Moselle présente de réels atouts. Pour La Gazette Moselle, Jérôme Adrian, directeur M&A du groupe In Extenso Finance, revient sur les derniers mois et pointe les grandes tendances et évolutions de ce marché où l’affaire conclue est d’abord celle de femmes et d’hommes entrepreneurs. Souvent l’histoire de projets de vie.
En matière de cessions et d'acquisitions d’entreprises, le maître-mot est la discrétion, la confidentialité. Tout simplement parce qu’il s’agit d’affaires très codifiées, menées minutieusement pour voir aboutir un processus. Jérôme Adrian, directeur M&A d’In Extenso Finance, ajoute un facteur déterminant : «Nous accompagnons les projets des entrepreneurs du développement à la transmission de leur société. Ce sont des parcours de vie que nous soutenons. Nos métiers sont guidés par la passion de ceux qui entreprennent.» In Extenso Finance, c’est d’abord un maillage territorial qui se densifie au fil des ans, porté par une équipe de 50 professionnels des fusions-acquisitions. En somme, sur les territoires, des entrepreneurs connaissant les tissus économiques locaux parlant et comprenant les réalités des entrepreneurs ancrés dans nos villes et nos campagnes.
Une année 2022 satisfaisante
Avec 1 080 opérations (1 172 en 2021), l’activité du marché des cessions-acquisitions en France n’a reculé que de 8 % par rapport à 2021, qui s’avérait une année exceptionnelle de rattrapage après 2020, marquée par la pandémie. Jérôme Adrian le confirme : «2022 a été une année de bon niveau, une bonne année post-Covid. Notre marché a fait preuve d’une réelle résistance. De toutes les manières, dès qu’il y a une crise, cela a un effet.» Si l’on scrute de près les données 2022, on ressort plusieurs éléments clés qui permettent de comprendre le paysage de la cession-acquisition à l’échelle régional avec 48 transactions analysées (56 en 2021), soit quelque 7 125 PME de 20 à 249 salariés. Cette diminution de 14,29 % a une incidence sur l’indice de dynamisme de 4 points qui s’établit à 0,57 (0,61 en 2021). Le segment des opérations de 1 à 5 M€ baisse de 25 %, celui de la tranche 15-50 M€ progresse de + 7,69 % - il représente un tiers des opérations analysées -. La région Grand Est est ici dans l'étiage national. Avec une moyenne de 13 M€ par opération, contre 10 M€ en 2021, cette progression s’explique par des opérations significatives dans le secteur de l’agroalimentaire, lequel était absent en 2021.
Cédants cherchent acquéreurs... de proximité
620 M€ : c’est le montant estimé de valorisation sur les transactions analysées. Jérôme Adrian précise : «Le secteur des services aux entreprises et aux particuliers est quasi stable en nombre d’opérations, mais progresse de 2,5 M€ en montant moyen. Le Grand Est est une région riche de belles entreprises avec des structures financières solides. En 2022, on voit que les secteurs du BTP et de l’agroalimentaire se distinguent.» Une analyse corroborée par les chiffres. Sur le segment de valorisation 1 à 50 M€, l’an passé, l’agroalimentaire a validé quatre opérations pour 24,8 M€, les technologies-médias-télécommunications 8 opérations pour 11,6 M€, le bâtiment et les travaux publics 10 opérations pour 6,7 M€ et les services aux entreprises et aux particuliers 11 opérations pour 9,7 M€. La part des opérations en Grand Est par des acquéreurs réalisées par des acquéreurs nationaux demeure prépondérante (79 % des opérations). Jérôme Adrian note un fait, sensible : «Les opérations réalisées par des acquéreurs provenant d’Europe hors zone Euro était de 15 % en 2021. Elle est passée en 2022 à 5 %.» Quant aux opérations en zone Euro, elles pèsent 90 % en 2022 (83 % en 2021). À noter : les cédants du Grand Est vendent à des acquéreurs d’Île-de-France (28 %) et d’Auvergne-Rhône-Alpes (24 %).
Les atouts de la Moselle
Justement, ces cédants et ces acquéreurs, quel est leur profil ? Jérôme Adrian y revient : «Pour les premiers, le poids des actionnaires privés domine largement le marché avec près de trois-quarts des cessions (72 %). Il y a une dynamique des fonds d’investissement qui n’est pas neutre avec plus d’un quart des opérations (26 %). Pour les seconds, ces mêmes fonds d’investissement se démarquent avec 1 opération sur 5 (21%). On retrouve les sociétés non cotées (69 %), les sociétés cotées (8 %) et les actionnaires privés (2 %).» Jérôme Adrian a fait du BTP son domaine d’expertise. C’est donc un œil avisé qui regarde la Moselle : «Le département a de beaux et authentiques atouts, de vraies richesses humaines et de patrimoine entrepreneurial. J’ai pour témoin de belles entreprises, d'opérations concluantes dans les secteurs du textile, de l’industrie, l’agroalimentaire. L’espace mosellan a pour elle une branche du bâtiment dynamique et très active.» Un autre argument mosellan est bien sûr cette particularité transfrontalière, avec le Benelux ou l'Allemagne. Les marges de manœuvre pour réaliser des cessions-acquisitions sont ici renforcées. Dès lors, à l’heure de ce tour d’horizon, on posera la question prospectives à Jérôme Adrian. Quid de 2023 ? «Il est un peu tôt pour dresser un pronostic fiable. Les indices que nous pouvons avoir nous laisse penser que 2023 sera, à quelque chose près, la copie de 2022. Je termine en instant, une nouvelle fois, sur un facteur qui peut avoir des incidences, et que personne ne maîtrise, le déroulé de la guerre en Ukraine. Il y a des impacts et y en aura encore.» Un optimisme raisonné donc. Par les temps présents, en matière d’économie, entre les béats et les apôtres cataclysmiques, c’est sans doute le meilleur chemin. Ne pas réagir à chaud, analyser posément, savoir prendre du recul et de la hauteur, décider en toute connaissance de cause, avec une part de risques mesurée. Finalement, c'est une partie de l'ADN de ces patientes et délicates opérations que sont les cessions et acquisitions. Jérôme Adrian acquiesce. Lui sait que c'est la clé de la réussite dans son créneau d'activité...
Zoom sur In Extenso Finance...
In Extenso Finance est une entité du groupe In Extenso (250 agences en France, 5 800 collaborateurs, 110 000 clients de toute taille et dans tous les secteurs d'activité, 500 M€ de chiffre d'affaires). Pour aller plus loin : https://finance.inextenso.fr/.