Jenlain, à la reconquête de ses marchés

Nouvelle stratégie marketing, innovation gustative, arrivée de la cinquième génération à la présidence… la Brasserie Duyck à Jenlain, près de Valenciennes, connaît un nouvel élan, tout en s’appuyant sur la tradition des grands maîtres brasseurs du Nord.

Mathieu et Raymond Duyck
Mathieu et Raymond Duyck
 

 

Brasserie Duyck

Mathieu et Raymond Duyck.

Dans son village, tout le monde le connaît. C’est Mathieu Duyck, le directeur général  de la Brasserie Duyck à Jenlain. Ce jeune homme de 36 ans sait qu’il va reprendre d’ici peu l’entreprise familiale, à lui tout seul. Il incarne cette cinquième génération qui va devoir continuer à développer cette brasserie toujours indépendante et bientôt centenaire, entre les géants comme Heineken et le millier de micro-brasseries en France. Depuis quelques années, cet ancien de KPMG et d’Alice Délice est aux commandes aux côtés de son père, Raymond Duyck. La passation définitive est prévue pour janvier 2018. 

Leader des micro-brasseries. Distribuée en France et à l’étranger, la notoriété de la marque Jenlain est bien supérieure à la taille réelle de la société. Or, avec ses 47 salariés, on est loin de l’ambiance d’une multinationale. Toujours installée dans la ferme brassicole du village, la PME a généré 15 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2016. C’est le 8e intervenant français alors que la brasserie ne pèse que 2,5% de parts de marché. Avec ses 100 000 hectolitres produits, elle se présente comme le leader sur le marché des micro-brasseries, une catégorie d’acteurs aux productions inférieures à 200 000 hectolitres/an. La Jenlain Ambrée, dont la recette n’a pas bougé depuis 1922, représente 60% des volumes. Une partie du CA est également générée par la mise en conditionnement en canettes de la bière1 venant d’autres brasseurs. Les produits sont distribués à 70% dans la grande distribution. L’actionnariat est toujours 100% familial, avec notamment les frère et soeur de Mathieu Duyck au capital.

Modernisation de la gamme. Mais 2016 a été un exercice particulier, comme l’explique Henri-Alexis Desombre, directeur commercial : «C’est l’année de la recovery. Nous avons décidé de moderniser les conditionnements, les étiquettes, le packaging… Nous avons dû mettre en rupture de stock nos distributeurs pendant trois mois. En 2017, nous sommes à la reconquête de nos distributeurs et clients.» La Brasserie Duyck compte alors profiter de la croissance de son marché de la bière dite de spécialité en croissance (15%), face au marché de la bière dite de luxe (33 Export, Kronenbourg…), plutôt en berne. Surtout, il s’agit de regarder au-delà du marché français qui n’est que le 26e pays en Europe en termes de consommation de bière par habitant (1re République tchèque, 2e Irlande, 3e Allemagne).

Anne Henry-Castelbou
Henri-Alexis Desombre, directeur commercial dans la salle d’embouteillage.
JO 2020

Des projets sont donc dans les tiroirs de Mathieu Duyck : «développer l’export qui ne représente que 3% du CA, diversifier la distribution vers d’autres marchés comme les cafés-hôtels-restaurants ou cavistes, continuer à investir un million d’euros dans l’outil de production et innover. Avec nos deux maîtres brasseurs, nous proposons depuis l’année dernière des recettes éphémères en édition limitée, appelées ‘L’Humeur du Brasseur’, en plus de la traditionnelle bière de Noël». La dernière date du 15 mai 2017. Puis, en 2018, il est prévu de célébrer les 50 ans de la marque Jenlain. A terme, peut-être retrouvera-t-on la Jenlain dans le village olympique des JO de Tokyo en 2020 ; la sélection est en cours…

1. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

Anne Henry-Castelbou
Mathieu Duyck présente “L’Humeur du Brasseur” 2017.
Anne Henry-Castelbou

La ferme brassicole de la Brasserie Duyck.

 

Anne Henry-Castelbou

Jenlain.