JDD version Bolloré : plusieurs lignes au gouvernement

Parler, ou non, au JDD depuis sa reprise en main par le journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune et la fin de la grève historique de la rédaction : face à ce dilemme...

Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, lors d'un déplacement à la Gare du Nord à Paris le 3 août 2023 © STEFANO RELLANDINI
Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, lors d'un déplacement à la Gare du Nord à Paris le 3 août 2023 © STEFANO RELLANDINI

Parler, ou non, au JDD depuis sa reprise en main par le journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune et la fin de la grève historique de la rédaction : face à ce dilemme, des membres du gouvernement tergiversent et divergent.

"Chacun fait ses choix en conscience", a déclaré lundi matin sur RMC le ministre des Transports Clément Beaune, alors que sa collègue Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'Etat chargée de la Ville, a accordé un entretien au JDD ce dimanche, dans le premier numéro sous la houlette de Geoffroy Lejeune.

"On peut parler de tout mais pas avec n'importe qui, ou à n'importe quel moment". Figure de l'aile gauche de l'exécutif, Clément Beaune a clairement pris ses distances avec la démarche de Sabrina Agresti-Roubache. 

De son côté, la secrétaire d'Etat, nommée au gouvernement lors du dernier remaniement, invoque la liberté d'expression et le besoin de pluralisme pour justifier son choix : "Le pluralisme, c'est accepter la confrontation", explique-t-elle au cours de l'interview, invoquant l'esprit de Charlie Hebdo, et se revendiquant "fille de Cabu", du nom du dessinateur assassiné dans l'attentat islamiste du 7 janvier 2015 visant le journal satirique. 

Une position aux antipodes de celles de Clément Beaune qui, toujours sur RMC, "regrette" que le JDD ait perdu "sa ligne historique, ses valeurs, son ADN" depuis l'arrivée de Geoffroy Lejeune et la prise de contrôle du journal par le milliardaire Vincent Bolloré aux idées réputées ultra-conservatrices. 

Le ministre des Transports n'est pas le seul à exprimer des réserves quant au "choix" de Sabrina Agresti-Roubache. 

La secrétaire d’État chargée de l'Europe, Laurence Boone, a expliqué lundi sur LCI que la nouvelle ligne éditoriale du journal, auparavant classé au centre-droit, n'est pas sa "tasse de thé à ce stade". 

Quant à savoir si elle accorderait à l'avenir des interviews au JDD, Laurence Boone s'est montrée plus prudente. "Ça donne pas envie", a-t-elle d'abord répondu, avant de préciser ensuite, dans un messsage publié sur le réseau "X" (anciennement Twitter), qu'elle irait "défendre partout les positions du gouvernement".

Proche d'Emmanuel Macron et de son épouse, Sabrina Agresti-Roubache se rendait régulièrement sur le plateau de la chaîne d'information continue CNEWS lorsqu'elle était encore simple députée des Bouches-du-Rhône. 

La secrétaire d’État à la ville s'était rendue sur la chaîne, également propriété de Vincent Bolloré, pour sa première interview en tant que membre du gouvernement, quelques jours après le remaniement. 

"Matignon n'a pas été prévenu en amont de cet entretien", a assuré à l'AFP une source au sein de l'exécutif, rappelant que "les membres du gouvernement préviennent normalement avant de s'exprimer dans les médias". 

De nombreux responsables de gauche ont déploré la démarche de la secrétaire d’État, accusant la macronie d' "accélérer la banalisation" du journal. 

Plusieurs voix du Rassemblement national se sont en revanche félicitées de cette première parution du JDD nouvelle formule.

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