Jazz sans frontières

Du 14 au 21 octobre, le Tourcoing Jazz Festival propose une édition 2017 déclinant, avec passion et générosité, le jazz sur tous les rythmes et sonorités. Le festival accueillera ainsi la fine fleur du jazz et des musiques du monde afin d’ensoleiller notre automne musical. Focus sur les têtes d’affiche et révélations d’un foisonnant programme.

Jean-Luc Ponty, Biréli Lagrène et Kyle Eastwood © Ducasse.promo
Jean-Luc Ponty, Biréli Lagrène et Kyle Eastwood © Ducasse.promo

L’événement jazz de cette rentrée musicale aura une belle consonance féminine avec, en tête d’affiche, Youn Sun Nah qui explore depuis une vingtaine d’années les arcanes d’un swing insolite. Pour son nouvel album sorti en mai dernier, She Moves On (Act/Pias), la chanteuse coréenne est allée enregistrer à New York avec une formation entièrement nouvelle. Une véritable aventure qui s’est écrite avec le concours de musiciens aussi singuliers que talentueux dont le pianiste et claviériste Jamie Saft, connu pour son étroite collaboration avec John Zorn. Sur cet opus envoûtant, Youn Sun Nah explore un répertoire varié qui emprunte aussi bien au rock qu’au folk, aux rythmes qu’aux textes, à travers des reprises de Joni Mitchell, Paul Simon ou Lou Reed. Trois compositions originales complètent cet album résolument inspiré par la musique américaine et qu’il nous tarde d’entendre sur scène (18 octobre à 20h).

Youn Sun Nah © Sung Yull Nah

Chanteuse-compositeur-guitariste américaine aux multiples facettes, Becca Stevens a été découverte grâce à ses projets et ses nombreuses collaborations avec des artistes de divers horizons tels Esperanza Spalding, Brad Mehldau ou Jose James. Avec ses compositions et son timbre de voix si particulier, Becca Stevens est souvent comparée à des artistes comme Beth Orton, Joni Mitchell ou Tori Amos. Après Perfect Animal (2015), celle que Kurt Elling considère comme la plus belle voix du jazz actuel revient avec Regina. Dans cet album riche et complexe auquel participe le légendaire David Crosby, elle entremêle des sonorités folk, pop et jazz qui devraient envoûter le public (20 octobre à 18h30).

Pianiste de formation classique, Macha Gharibian amorce son virage musical en quittant Paris pour New York. Là-bas, elle rencontre le jazz, commence à écrire et créer son univers, une musique construite par ses voyages, ses racines et ses trois cultures : arménienne de ses ancêtres, parisienne de cœur et new yorkaise de formation. Découverte en 2013 avec Mars, brillant opus inaugural, elle a publié récemment un nouvel album, Trans extended, qui navigue entre jazz oriental, néoclasssique et pop aventureuse autour de pièces intenses et envoutantes. Une artiste prometteuse à découvrir (21 octobre à 17h).

Yilian Cañizares © Franck Socha

D’origine cubaine, Yilian Cañizares a une voix puissante et cristalline, mais c’est au violon qu’elle excelle et se révèle, entre impros, jazz et musique cubaine. Son premier album, Invocación, exprime la diversité de son univers musical, un opus passionné à l’image de cette musicienne virtuose qui aime puiser dans ses racines cubaines mais qui refuse de s’enfermer dans des clichés. Entre tradition et modernité, lyrisme et rythmes ensorcelants, nous voilà plongés au cœur d’une musique éclectique et hybride, entre jazz et musique afro-cubaine (14 octobre à 20h).

 

Des artistes de haut vol

 

Le même soir, ce fécond métissage sera au cœur du concert de Richard Bona & Mandekan Cubano dont la musique évoque l’histoire des esclaves de langue mandekan d’Afrique de l’Ouest débarqués à Cuba. Des déracinés ayant apporté avec eux leur musique et leurs traditions que célèbrent aujourd’hui le bassiste camerounais et ses impressionnants virtuoses de La Havane. Un héritage afro-cubain mêlant musiques traditionnelles et jazz afro-cubain. Le groove peut être torride, les ballades empreintes de mélancolie, mais c’est surtout la subtilité de leur interprétation qui impressionne. Le piano d’Osmany Paredes, les percussions des cousins Quintero, Luisito et Roberto, la batterie de Ludwig Afonso, le trombone de Rey Alejandre et la trompette de Dennis Hernandez enlacent avec précision la voix de Richard Bona, un chant bien ancré sur son continent natal et qui fait toute l’originalité d’un projet prenant sur scène une ampleur décuplée.

Tony Allen © DR

Nous resterons sur le continent africain avec le légendaire gourou de l’afrobeat, Tony Allen, l’ancien batteur de Fela Kuti a tenu les baguettes pour un nombre impressionnant d’artistes. Et de Ray Lema à Archie Shepp en passant par Susheela Raman, Sébastien Tellier, Damon Albarn, Charlotte Gainsbourg, Air, Manu Dibango, Zap Mama ou bien encore Flavia Coelho, on ne compte plus celles et ceux tombés sous le charme de son groove hypnotique, tournoyant et lancinant. Avec ce jeu polyrythmique totalement élastique et si personnel, le sorcier de Lagos désormais âgé de soixante-dix-sept ans brasse avec toujours la même énergie le jazz, l’afrobeat, la soul, le blues et la pop psychédélique. Et lorsque Tony Allen s’empare du micro, son chant caverneux et traînant ajoute une dimension supplémentaire à l’effet d’envoûtement. Un concert incontournable (20 octobre à 20h).

Le même soir, les afficionados célèbreront le grand chancelier du saxophone, Archie Shepp, qui vient de fêter ses 80 printemps ! Compositeur, pianiste, chanteur, dramaturge et poète engagé, militant pour la défense des droits civiques des Noirs, Archie Shepp a grandi à Philadelphie, où le saxophoniste Jimmy Heath l’a initié à cet instrument. Mais c’est surtout le jeu de John Coltrane qui l’a le plus fasciné et qu’il a le plus écouté au cours de sa vie. A New York, il devient l’un des leaders et fondateurs du free jazz avec Ornette Coleman, Sun Ra et Cecil Taylor. «Je suis jazz, c’est ma vie», confie cette légende vivante du jazz qu’il nous tarde de revoir sur scène.

Jean-Luc Ponty, Kyle Eastwood et Biréli Lagrène © Ducasse.promo

La réunion de Jean-Luc Ponty, Biréli Lagrène et Kyle Eastwood est le fruit d’une volonté exprimée par ces musiciens exceptionnels de se confronter à un répertoire de standards et de compositions personnelles qui deviennent, par la magie de leurs sonorités et de leurs styles propres, une nouvelle source de plaisir. Conjuguant les couleurs propres au violon, à la guitare et à la contrebasse, ces trois musiciens de haut vol ont laissé momentanément de côté leurs projets individuels pour vivre cette nouvelle aventure avec un sens de l’écoute partagée rare. Un trio franco-américain inédit qui rassemble trois grands improvisateurs, trois générations du jazz d’aujourd’hui (21 octobre à 20h).

 

Renseignements et réservations au 03 59 63 43 63. Programme complet sur www.tourcoing-jazz-festival.com