Isodrone prend son envol

La mode est au drone depuis quelques années et nombreux sont ceux qui s'y essaient. D'autres y parviennent après un parcours réglementaire serré. Rencontre avec Eric N'Guyen, créateur d'Isodrone, sur la Côte d'Opale.

« Eric N'Guyen, dirigeant et fondateur d'Isodrone ».
« Eric N'Guyen, dirigeant et fondateur d'Isodrone ».

 

CAPresse 2016

Eric N'Guyen a crée Isodrone en 2013. Son entreprise affiche une croissance de 30% en 2016.

Entre les dunes et le bitume de la piste de l’aéroport de Marck-en-Calaisis, un terrain plat dédié à l’aéromodélisme. Régulièrement, il accueille des formations sur drone dispensées par Eric N’Guyen. L’homme suit d’abord des études de philosophie (dont il obtient un master) et un DESS qui porte sur la gestion des ressources humaines. S’éloignant d’une carrière «programmée» de professeur, il travaille dans le service RH d’un grand cuisiniste. Prenant un nouveau tournant, il se lance, en Ile-de-France, dans une première création qui n’aboutit pas. «Se tromper, c’est aussi rebondir», explique-t-il sobrement. Après un déménagement sur la Côte d’Opale, il décide de créer une nouvelle entreprise, qui sera axée sur les drones. «C’est un métier réglementé dans un secteur très large.» Juridiquement encadrée depuis un décret en 2012 qui comble un vide réglementaire (les premiers dronistes devaient être pilotes par défaut), l’activité «particulière» ouvre des possibilités nouvelles de vol. Mais «pas autant qu’on le souhaitait, notamment en termes de poids, de temps de vol…» précise l’expert. La formation est conséquente : cours théoriques d’ULM (un QCM de 40 questions avec 10 fautes maximum autorisées), une déclaration d’activité auprès de la Direction générale de l’aviation civile, la tenue à disposition d’un “Manuel d’activité particulière” précis forment le gros de la démarche du professionnel avant de commencer. Bien sûr, les drones doivent être homologués et la réglementation évolue encore.

Couveuse, création et aéroport«Pour un vol en agglomération, il faut un parachute, une alarme, une coupure du moteur automatique en cas de panne. C’est normal, ce peut être dangereux, mais c’est contraignant», explique Eric N’Guyen. Etabli à son domicile depuis sa création en 2013, il a pu compter sur huit mois en couveuse afin de préparer le lancement d’Isodrone. «Ça permet de donner de l ‘épaisseur au projet, de le mûrir et de lisser les démarches administratives dans un métier un peu particulier», explique le quadragénaire. Technique, le métier de droniste consiste essentiellement en la prise de vue (photos, vidéos), mais recouvre aussi d’autres prestations qui nécessitent la maîtrise de techniques plus pointues, comme la photogrammétrie «qui permet de scanner des surfaces et d’en étudier la nature de manière de plus en plus précise». Un agriculteur qui veut traiter les endroits les plus fragiles de ses parcelles optimisera ses achats d’intrants par exemple. Les reliefs intéressent de nombreux secteurs économiques comme l’industrie, les mines, etc. «La 3D fait bouger les lignes et élargit ainsi les possibilités d’application des drones», pointe le dirigeant. De quoi voir l’avenir avec optimisme. Après 30 000 euros de chiffre d’affaires en 2014/2015, Isodrone affiche une croissance de 30%. Entre formations prodiguées et prestations de prises de vue, Eric N’Guyen s’est engagé dans un périmètre régional prometteur. À suivre donc.

Morgan Railane