Isabelle Normand : «raccrocher nos étudiants à du concret»

Le 18 avril, Isabelle Normand, chargée de mission pour la réinvention de la relation école/entreprise/territoire à Centrale Lille, avait convié, à la CCI Grand Lille, ses étudiants ITEEM et les 20 PME du territoire ayant participé au programme Booster PME, pour qu’ils présentent les fruits de leur collaboration. À cette occasion, elle a lancé la deuxième édition, ouverte cette fois-ci à 60 entreprises !

Au centre, Isabelle Normand, chargée de mission pour la réinvention de la relation école/entreprise/territoire à Centrale Lille, entourée d’Isabelle Lemire et Fouad Talbi, consultants en organisation, management de projet et innovation.
Au centre, Isabelle Normand, chargée de mission pour la réinvention de la relation école/entreprise/territoire à Centrale Lille, entourée d’Isabelle Lemire et Fouad Talbi, consultants en organisation, management de projet et innovation.

La Gazette : Comment est née cette initiative ?

Isabelle Normand : Elle est née d’une réflexion du hub innovation de Centrale Lille. Nous avons rassemblé les parties prenantes et étudié les enjeux. L’enjeu chez nous est de raccrocher nos étudiants, notamment ceux de troisième année, à du concret, afin de former des ingénieurs responsables. Pour nos partenaires, l’enjeu est de trouver de nouvelles voies d’ouverture pour les PME qu’ils suivent, et pour les acteurs en région, de trouver des dispositifs qui changent la donne. Booster PME est un programme pour réinventer la relation entre l’école, l’entreprise et le territoire, qui donne à nos étudiants la possibilité d’aller sur le terrain. Ce programme a été lancé en septembre 2017 avec le soutien du groupe IRD.

Qu’est-ce que cela apporte aux étudiants ?

C’est très pragmatique ! Ils voient des choses, ils sont dedans, ils deviennent collaborateurs à part entière, car ils sont accueillis de manière bienveillante. Du coup, ils rentrent facilement dans le sujet. Ils mettent en pratique ce qu’ils ont étudié et, surtout, ils testent. Cela permet très vite de voir s’ils se trompent ou pas. Ensuite, il y a le fait d’apporter quelque chose à l’entreprise avec laquelle ils travaillent. Ils sortent du cadre théorique.

Et aux entreprises ?

Pour les entreprises, c’est également très positif. On va se retrouver avec du reverse mentoring, c’est-à-dire que les dirigeants vont apprendre des élèves sur une durée de neuf mois, et eux, en retour, pourront faire part de leur expérience d’entrepreneur. C’est enrichissant. Les chefs d’entreprise et les étudiants auront un partage stratégique. Et puis, pour ces entreprises, nos étudiants sont des renforts qui leur permettent de concrétiser plus rapidement les actions qu’ils souhaitent mettre en place dans le cadre de leurs processus d’innovation. Par rapport à l’an dernier, après le premier Meet-up, nous n’avions enregistré que trois candidatures. À l’issue de ce deuxième Meet-up, treize entreprises sont déjà intéressées. Je rappelle que les PME ont jusqu’au 18 mai pour candidater. Ce programme leur est entièrement dédié.

Ce programme Booster PME offre des opportunités intéressantes aux PME…

Regardez les stratégies d’innovation des grands groupes aujourd’hui : ils font souvent appel à des start-up parce qu’ils ne savent pas innover par eux-mêmes. À l’échelle d’une région, que va faire la petite PME ? Le grand groupe peut se payer tout ce qu’il veut ; la PME, sa stratégie, c’est se mailler avec d’autres, c’est trouver des idées nouvelles… Avec notre programme, nous leur donnons ce temps d’avance. Et nous, ça nous permet de former une cinquantaine d’innovateurs par an.