Energie

Intuis, le fabricant emblématique des pompes à chaleur

Double visite ministérielle pour l’emblématique fabricant de pompes à chaleur du Vimeu, installée à Feuquières-en-Vimeu. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique en a profité pour détailler comment l’État veut parvenir à atteindre son ambition de fabriquer d’ici 2027 un million de pompes à chaleur par an. La France bénéficie déjà d’une position de leadership sur cette production.

Les explications de Lionel Palandre, directeur du site, en présence de Roland Lescure et Bruno Le Maire.
Les explications de Lionel Palandre, directeur du site, en présence de Roland Lescure et Bruno Le Maire.

« Pour mes 55 ans, vous m’avez fait le plus beau des cadeaux. » En visite chez Intuis à Feuquières-en-Vimeu en ce jour particulier pour lui, Bruno le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, n’a pas boudé son plaisir de découvrir une usine innovante dans laquelle les « salariés ont le sourire ». C’est chez le spécialiste de la pompe à chaleur française qu’il est venu annoncer un plan d’action pour produire un million d’unités dans notre pays d’ici 2027 pour décarboner les bâtiments, soit un doublement de la capacité. Pour le moment, Intuis est la seule entreprise hexagonale à pouvoir s’enorgueillir de voir ses produits, pompes à chaleur comme chauffe-eaux thermodynamiques, être estampillés Origine France Garantie.

D’ailleurs, en parallèle de la visite ministérielle de Bruno Le Maire, accompagné de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Gilles Attaf, président d’Origine France Garantie, a remis deux nouvelles certifications à Intuis. L’une pour sa pompe à chaleur HRC 40 dédiée au collectif et l’autre pour son tout nouveau Ze7. Ce chauffe-eau thermodynamique peut assurer chauffage, eau chaude sanitaire et rafraichissement, ce qui est une première. Intéressés par la technologie de l’entreprise, les deux représentants du gouvernement sont restés de longues minutes à discuter à plusieurs postes de travail sur les lignes de fabrication, notamment à l’étape du brasage, soudures essentielles pour l’assemblage des pompes à chaleur. « On est plus près de l’artisanat que de l’industrie de masse », a pointé Bruno Le Maire.

Roland Lescure, Bruno Le Maire et le député Emmanuel Maquet.

Une visite ministérielle qui procure un sentiment de reconnaissance aux 300 salariés. Alors qu'elle a été doublée en trois ans, l’activité - tirée par la crise dans le bâtiment et l’entrée de produits concurrents inondant le marché - connaît depuis le début de l’année un ralentissement. « Et encore on a de la chance. Dans d’autres entreprises, ils ne travaillent que deux jours par semaine », témoigne l’un d’entre eux. « Ce déplacement est une reconnaissance pour la valeur du travail des salariés, commente Lionel Palandre, le directeur du site. Bruno le Maire a passé du temps à discuter avec des salariés. Cette visite montre à travers la présence des médias que les métiers de l’industrie sont ouverts aux hommes et aux femmes, qu’ils peuvent y trouver un accomplissement de soi. »

45 000 nouveaux emplois visés

Bruno le Maire a choisi Intuis pour rappeler que le 25 septembre dernier, à l’occasion du conseil de planification écologique, Emmanuel Macron, Président de la République, a annoncé l’objectif que la France dispose d’une capacité de production d’un million de pompes à chaleur sur le territoire d’ici 2027. Celle d’Intuis est de 100 000 chauffe-eaux thermodynamiques et de 30 000 pompes à chaleur par an. Elle devrait monter à 200 000 unités tout confondu en 2027. « Vous fabriquez les meilleures pompes à chaleur de la planète », s’est enthousiasmé Bruno Le Maire. Quelques minutes plus tôt, les deux ministres avaient été épatés d’avoir entendu Lionel Palandre évoquer des machines fonctionnant encore par moins 15 degrés en Pologne. Il a rappelé qu’il était essentiel que la France réduise sa dépendance au gaz et au pétrole. « La chaleur représente 45% de la consommation d’énergie et seulement 27% de cette chaleur provient de sources renouvelables en 2022, a t-il regretté. La pompe à chaleur, c’est l’avenir. Produire en France, cela va nous faire gagner deux milliards d’euros de balance commerciale par an. C’est un facteur de prospérité et d’emplois. »

On est plus près de l’artisanat que de l’industrie de masse


Il a évoqué quatre nouveaux projets de construction d’usines de pompes à chaleur dans un secteur qui compte déjà 27 sites et 8 000 salariés. 250 millions de crédit d’impôt vert y seront consacrés. 45 000 nouveaux emplois dont 30 000 d’installateurs devraient voir le jour. Afin de faire émerger de nouveaux projets en prenant en charge une part importante des couts d’investissements et en les accompagnant dans leurs démarches de recherches de terrain ou d’autorisation, un soutien à l’investissement production grâce au crédit d’impôt Investissement Industrie Verte (C3IV) est entré en vigueur et un appel à manifestation d’intérêt pour l’accélération des investissements dans des usines de production de pompes à chaleur est lancé.

Un appel à projet R&D

Pour stimuler l’innovation et développer en France des pompes à chaleur aux plus hauts standards écologiques de demain, un autre appel à projet concerne le « Soutien à la R&D ». Le gouvernement entend développer leur utilisation dans l’industrie afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la chaleur basse-température. Dès 2025, les aides publiques de MaPrimeRénov ne seront attribuées qu’aux pompes à chaleur fabriquées en France ou en Europe .« Vous utilisez un gaz respectueux de l’environnement, c’est normal que nous réservions ces aides à des produits comme les vôtres. C’est une protection. La ré-industrialisation est la mère de toutes les batailles. Le choix que nous faisons est de faire de la transition énergétique le levier pour re-industrialiser. On est dans la bonne direction », a t-il indiqué. Ainsi, pour une installation de 14 700 euros, le reste à charge pour les ménages modestes sera de 5 700 euros.

De même, la commande publique sera réorientée vers ces produits. Pour développer les installations en toiture, comme pour les bâtiments collectifs, il a annoncé une simplification des normes. Pour lutter contre les malfaçons, présentes dans un chantier sur dix, un plan de protection des consommateurs prévoit un contrôle sur deux. « On appellera pour savoir si c’est de l’eau chaude ou de l’eau tiède qui coule. Pour monter en compétences avec la filière, nous allons créer un centre d’expertise », a prévenu le ministre.

Former les installateurs, Intuis le fait déjà : « Nos produits sont faciles mais il faut que le projet soit bien dimensionné, installé et que l’entretien soit correctement réalisé par la suite », a complété Lionel Palandre, soulagé du soutien apporté par l’État à la filière. « Réduction de CO2, emploi, balance commerciale… On est triplement gagnants », a conclut Roland Lescure.

Intuis a reçu des nouvelles certifications OFG, en présence de Lionel Palandre (à g.), le directeur du site, Philippe Dénécé (au milieu) DG de Intuis et Gilles Attaf, président d’Origine France Garantie.