Conjoncture

Inflation : les Français ont le moral en berne

L’Insee a constaté une nouvelle baisse de la confiance des ménages, en mars, établie au plus bas. Le moral des Français est particulièrement impacté par l’inflation et les incertitudes face à l’avenir. Pour économiser, ils adoptent de nouvelles habitudes de consommation qui devraient perdurer.

Le moral des Français est resté très dégradé en mars, selon l’Insee. L’indice synthétique qui le mesure recule à nouveau d’un point sur un mois et ressort à 81 en mars, proche du plus bas historique. Les ménages s’inquiètent pour leur niveau de vie : leur opinion sur son évolution passée perd trois points pour retrouver «son point bas historique de juillet 2022.» L'évolution du niveau de vie anticipée pour les 12 mois à venir se replie un peu et se maintient à un niveau très inférieur à la moyenne de longue période. L’opinion des Français sur leur propre situation financière, passée et future reste stable, tout comme celle sur l’opportunité de faire des achats importants. Elle se situe toutefois à des niveaux très faibles. Dans sa note de conjoncture du 15 mars dernier, l’Institut de statistique confirmait que «les ménages sont nombreux à considérer que leur situation financière s’est nettement dégradée en 2022 ou qu’elle serait amenée à se dégrader en 2023.» Cette tendance défavorable est portée par l’inflation, puisqu’une part plus importante de ménages considère que les prix ont fortement augmenté ces 12 derniers mois, atteignant son niveau le plus élevé depuis les années 1970. Selon la dernière estimation de l’Insee, en mars, l’inflation a ralenti avec des prix à la consommation en hausse de 5,6 %, contre + 6,3 % le mois précédent, en raison du ralentissement de ceux de l’énergie. Mais les prix de l’alimentation se sont envolés de 15,8 % sur un an.

Des efforts pour s’adapter à l’inflation

Pour faire face à ce contexte inflationniste, déjà plus de deux ménages sur trois ont été contraints de modifier leurs habitudes de consommation sur l’année 2022. Parmi eux, 46 % déclarent avoir «un peu» changé leurs comportements, tandis que 22 % affirment les avoir «beaucoup» modifiés pour pallier la baisse de pouvoir d’achat, selon les résultats de l’enquête de l’Insee menée fin 2022 et dévoilés dans le cadre de sa dernière enquête de conjoncture. Premières victimes de l’inflation les plus jeunes, les foyers modestes et les familles avec enfants sont les plus concernées par ces nouveaux arbitrages de consommation. Parmi les moins de 35 ans, 77 % ont modifié leurs habitudes de consommation, contre 49 % pour les plus de 70 ans. C’est le cas aussi de 76 % des familles ayant des enfants, contre 62 % pour les ménages sans enfants.

Sur l’énergie et l’alimentation, en priorité

Inquiets quant à l’avenir, et pour maintenir leurs budgets, les ménages ont essentiellement réadapté leurs achats alimentaires et leurs dépenses énergétiques au sein de leur logement. Pour 70 % des Français interrogés, les changements d’habitudes portent sur l’économie d’énergie à domicile, notamment le chauffage et l’électricité. Pour 54 % d’entre eux, les arbitrages concernent l’alimentation, considérée comme le principal moteur de l’inflation, indique l’Insee. Parmi eux, 41 % des ménages ont décidé de réduire les quantités consommées, tandis que 25 % se sont dirigés pour leurs achats vers de nouvelles enseignes ou de nouvelles gammes de produits. D’autres dépenses ont également été réajustées, mais dans une moindre mesure, comme les déplacements (46 %) ou les achats de vêtements (41 %). Pour l’Insee, il est probable que ces évolutions «perdurent au cours des tout prochains mois, dans un contexte d’inflation qui resterait encore élevée, s’agissant notamment des produits alimentaires.» Tendance en revanche plus favorable à la consommation, en mars, les Français se sont montrés moins enclins à remplir leur bas de laine : le solde d’opinion relatif à l’opportunité d’épargner perd 4 points, restant toutefois au-dessus de sa moyenne de longue période, tandis que leur avis sur la capacité d’épargner, actuelle et future, augmente un peu et demeure à un niveau supérieur à la moyenne. Et, autre signe positif, leurs craintes sur l’évolution du chômage s’atténuent (le solde associé perd 7 points).

Aïcha BAGHDAD et B.L