Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Nancy

Immobilier : le marché demeure atone

Dans le cadre de l’opération nationale «Les 4 jours du logement» organisée par les Notaires de France mi-décembre, la Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Nancy a fait un point sur le marché de l’immobilier de son territoire (Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges). Si un certain réajustement apparaît s’opérer avec un amorçage de la baisse des prix, le retour à une certaine normalité ne semble pas être encore d’actualité.

«Le marché demeure atone même si une baisse des prix apparaît amorcée», assurent Maîtres Damien Gegout, Dominique Bravetti et Ricardo Pacheco de l’Observatoire régional de l’immobilier de la Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Nancy
«Le marché demeure atone même si une baisse des prix apparaît amorcée», assurent Maîtres Damien Gegout, Dominique Bravetti et Ricardo Pacheco de l’Observatoire régional de l’immobilier de la Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Nancy

3620 dites Notaires ! Mi-décembre, c’était consultations gratuites en ligne pour Notaires de France à l’occasion de l’opération «Les 4 jours du logement», l’occasion pour la Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Nancy de réaliser un focus sur le marché de l’immobilier en Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges. En octobre dernier, l’Observatoire régional de l’immobilier de cette même instance confirmait une crise bien ancrée dans le neuf mais pas encore réellement dans l’ancien. Deux mois après, la situation ne semble pas avoir réellement évolué. Dans l’ensemble, les incertitudes demeurent pour l’année à venir.

Seule différence notable, «la baisse des prix en Lorraine est amorcée et elle s’accentue. C’est un réajustement mais non une dégringolade», assure Maître Dominique Bravetti, notaire à Vandœuvre-lès-Nancy et membre de l’Observatoire régional de l’immobilier lors de ce point marché le 14 décembre réalisé avec ses confrères Damien Gegout, notaire à Nancy et Ricardo Pacheco, notaire à Villerupt. Pour les appartements anciens c’est plutôt une stagnation avec un indice de prix en évolution de + 0,4 % sur un an et une légère baisse de - 1,1 % pour les maisons anciennes. 

Cette baisse des prix amorcée ne semble pas encore changer la donne. La dynamique réelle du marché est jugée tout simplement comme atone. Sur un an (entre le 1er septembre 2022 et les 31 août 2023), le volume général des ventes, tous biens confondus a baissé de 13 % (- 14 % en Meurthe-et-Moselle, - 13 % en Meuse et - 12 % dans les Vosges). Les appartements anciens voient leurs volumes de vente baisser de - 9,3 % et les maisons anciennes de - 13 %.


Chute du pouvoir d’achat immobilier

Un marché littéralement atone et dont les perspectives d’évolution demeurent encore floues. Du côté des terrains à bâtir, la baisse est toujours présente avec une chute annuelle de 34 %. En d’autres termes, la construction de maisons neuves semble plus que grippée. Une évolution qui confirme les grandes préoccupations du secteur du bâtiment au sujet de l’activité dans le neuf. 

Un frein certain à la reprise réelle du marché même si tout est fait pour pousser à la rénovation énergétique des logements. «Le seul secteur aujourd’hui où des marges de négociation sont possibles en matière de prix, ce sont les biens mal classés en matière de performance énergétique. Il va falloir voir comment va évoluer ce marché», constate Maître Dominique Bravetti. La raison principale de cette atonie générale du marché de la pierre demeure l’obstacle lié aux taux d’emprunt bancaire atteignant, pour certains, les 4,5 % et des demandes d’apport personnel par les banques de plus en plus important. 

Conséquence directe : «aujourd’hui, il y a très peu de primo-accédants qui achètent et de l’autre côté, les propriétaires préfèrent garder leurs biens et ne vendent pas.» En l’espace de dix ans, entre 2013 et 2023, le pouvoir d’achat immobilier en Meurthe-et-Moselle a chuté de 15,3 % pour les appartements anciens et de 19,1 % pour les maisons anciennes. 

Dans les Vosges, la baisse est de - 12,3 % pour les appartements anciens et de - 11,9 % pour les maisons anciennes. Seul le département de la Meuse affiche une certaine stabilité du pourvoir d’achat immobilier avec une baisse de - 2,9% pour les maisons anciennes et une hausse de + 1,2 % pour les appartements anciens. Au final, le retour à une certaine normalité devrait prendre encore quelques temps et 2024 s’annonce déjà comme une année charnière où l’évolution du marché sera à suivre de près.

Gérardmer : le Monaco lorrain...

Hausse de 75 % sur un an des prix sur le secteur de Gérardmer-La Bresse avec un m² affichant les 2 700 € en moyenne pour les appartements anciens. «La Bresse, c’est un peu notre Monaco lorrain», comme le qualifient les représentants de l’Observatoire régional de l’immobilier. «Cela s’explique par l’attrait de la destination, c’est l’achat plaisir de la part de ménages et investisseurs hors de la région provoquant des tensions avec les locaux», analyse Maître Dominique Bravetti. Même flambée des prix dans le bassin de Longwy (+ 6,3 %) mais pour d’autres raisons. «Les prix en Moselle Nord deviennent inabordables pour bon nombre de frontaliers et vous avez bon nombre de retraités luxembourgeois qui reviennent dans le Pays-Haut.»