Immobilier : la rénovation énergétique à la traîne
Face au choc de la hausse des prix de l'énergie, Les Français sont nombreux à avoir adopté des gestes du quotidien pour limiter leur consommation. Mais la rénovation des habitats, trop complexe, est à la traîne, montre une étude de l'Observatoire Cetelem.
Le dossier fera-t-il partie des priorités du nouveau gouvernement ? Le 17 septembre, à Paris, l’Observatoire Cetelem présentait son étude sur la « rénovation énergétique de l’habitat », réalisée en mars dernier par Harris Interactive. Et ses résultats sont alarmants, vu l'ampleur de l'enjeu social, économique et écologique du sujet. En toile de fond, rappelle l'Observatoire Cetelem, une tendance majeure : entre 2010 et 2022, le prix du Mwh d'électricité a augmenté de 96% et celui du gaz de 166%, d'après l'Insee. « Ce choc énergétique d'une violence inouïe n'a pas frappé tous les ménages de la même manière. Il a touché de plein fouet les ménages les plus modestes », précise Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem. En effet, si le logement – énergie comprise - représente le premier poste de dépenses des Français, il est proportionnellement plus important pour les ménages défavorisés. Et 3,8 millions d’entre eux ont des difficultés à payer leur facture de chauffage, d'après le ministère de la Transition énergétique (janvier 2024). L'étude Cetelem va dans le même sens : 36% des ménages français sont confrontés à des difficultés liées aux dépenses de leur logement, selon ce sondage. Et un sur deux considère sa facture énergétique excessive.
Pourtant, les Français sont déjà nombreux à avoir adopté des gestes du quotidien pour tenter de réduire ces dépenses. Près de 8 sur dix éteignent les lumières en quittant une pièce ; 63% ferment fenêtres et volets pour se préserver du froid et du chaud et 57% se sont équipés d'ampoules basse consommation. « Certains gestes sont plus difficiles à adopter, comme celui de baisser la température du chauffage. 43% seulement des ménages s'y sont mis. En revanche, certains de ceux qui sont en difficulté financière le font de manière drastique, quitte à avoir froid chez eux », explique Flavien Neuvy. Selon un rapport de l'Ademe (2023), 26% des Français souffrent du froid en hiver et 42% d'entre eux, pour des raisons financières. Dans leur ensemble, s'ils font des efforts, 45% des Français estiment que ces actions sont insuffisantes pour réaliser de significatives économies d'énergie. Pour eux, ce budget pourrait être davantage optimisé.
Priorité aux fenêtres, grand flou sur les aides financières
De fait, une partie non négligeable de propriétaires ont opté pour les travaux :
45% d'entre eux en ont réalisé durant les trois dernières années et 26% planifient de les mener dans les trois ans à venir. Leurs motivations sont d'abord financières (38%), d'amélioration du confort (31%) et écologiques(16%). Parmi les travaux privilégiés, ceux concernant les fenêtres figurent en tête (41%), qui visent performance énergétique et meilleure insonorisation. Suivent les travaux d'isolation (33%), l'installation de panneaux photovoltaïques (23%), de pompes à chaleur (22%) et de remplacement de chaudière ( 20%).
Mais au delà de ce panorama, l'étude Cetelem dévoile un grand flou et une méconnaissance généralisée qui semble concerner un grand nombre de sujets. Les propriétaires connaissent-ils réellement les performances énergétiques de leur logement ? 67% d'entre eux déclarent connaître leur niveau de DPE, diagnostic de performance énergétique, ce qui laisse les sondeurs septiques. Quant aux aides financières publiques liées à la rénovation, les trois- quarts des propriétaires indiquent les connaître, mais 21% seulement savent précisément de quoi il s'agit… Le même flou règne sur les économies d'énergie attendues de ces travaux.
Au delà des propriétaires, une moitié seulement des Français se sentent bien informés sur les différentes étapes de la rénovation énergétique : 52% estiment connaître les économies potentielles que l'on peut en attendre, 46% les montants à investir, 47% les agences à contacter et 45%, les aides publiques disponibles... Ce résultat n'a rien d'étonnant au vu de la complexité et des revirements du dispositif MaPrimRenov, pièce centrale de la politique publique en la matière. En 2023, le dispositif s'était vu attribuer une enveloppe de 3,5 milliards d'euros pour financer 720 000 projets. Mais 569 000 d'entre eux seulement ont été réalisés pour 2,7 milliards d'euros dans l'année prévue. En 2024, le dispositif a été encore moins performant : 20 463 projets ont été financés. A l'origine de cette chute, une éligibilité des aides restreintes aux seuls projets de rénovation d'ampleur. Mi-mai 2024, ce critère a été abandonné, les rénovations « mono gestes » redevenant éligibles à un financement. En France, 5 millions de logements sont mal isolés, soit 17% du parc immobilier, d'après le ministère de la Transition écologique (2022).